Drôle de coïncidence! Je comprends de plus en plus
ou de mieux en mieux que l'imaginaire n'a pas la place qu'il devrait avoir...
Plus , il y a dans la classe et dans l'école de moments ou de lieux où on
peut l'exercer et plus les gosses apprennent (même les conjugaisons, les tables
de multi, etc..)... Comment dire? C'est comme si les connaissances se
libéraient, se fixaient, se baladaient quand on libère l'imaginaire... C'est
comme si l'imaginaire en attiraient d'autres, en découvraient d'autres, en
fabriquaient d'autres... Pour parler sans nuance, on apprend mieux si on peut
délirer. Dans le même temps, j'observe que les enfants que j'ai aujourd'hui, ont
ce sens bien bridé... C'est donc en ce moment, une vraie interrogation pour moi
et pour notre école: comment faire et ne pas faire? Qu'est-ce qui empêche ça
dans la classe, dans l'école? De retour du salon de l'éducation (lieu d'ailleurs
sans intérêt), j'ai ramené des bouquins qui devraient donner des pistes pour
débloquer cette capacité à l'imagination avant de pouvoir la laisser courir
toute seule... Il ne s'agit pas d'ouvrages qui proposent des pistes
d'organisation de classe ou de relations, il s'agit d'ouvrages proposant des
trucs pour libérer, disons dans la même veine que l'écriture automatique,
ou que la pratique de jeux dramatiques . Voici leurs références: Grammaire
de l'imagination (Gianni Rodari Rue du Monde) et Le grand livre des petits
spectacles (Casterman).
Dans le dernier Sciences Humaines, il y avait un
article qui voulait démontrer la dépendance extrème entre connaissances et
imaginaire... Là encore en raccourci, on y disait qu'on ne pouvait développer
l'un sans l'autre; une liste d'exemples d'artistes et de scientifiques
suivaient.
Pendant que j'y suis, j'ai aussi trouvé un bouquin
qui s'appelle "les philofables" (Albin-Michel).
Frédéric GAUTREAU 7 place de la mairie 86260 LA PUYE [EMAIL PROTECTED]tél/fax/répondeur:
05 49 46 35 89 portable: 06 26 90 97 82
----- Original Message -----
Sent: Saturday, November 26, 2005 9:32
PM
Subject: [3type] délire
mathématique
Samdedi soir. On rentre de l'AG des collectifs
enfants, parents professionnels du Berry. Super réunion. On est un peu
euphorique. On arrose ça en en discutant, la maman de Martin et moi... bref,
on est un peu bourré ! un peu, juste, mais tu abordes alors plus facilement la
3ème dimension. Celle que Martin du haut de ces 5 ans et 4 mois vit, lui, très
facilement. Et je ne sais pas pouqruoi, il s'est pointé sur mes genoux avec
une feuille de papier et un feutre, rouge ! Et je ne sais pas pourquoi, le
sujet en est venu sur sa dent qui venait de tomber. Et comme dans une autre
vie j'ai été particulièrement interpellé par les dents qui tombent, je suis
rentré sans complexes dans son jeu (était-ce seulement parce que j'étais
un peu bourré ?). Et sur son papier sont apparus des tas de signes,
d'équations, d'histogrammes incroyables, de flèches indiquant simultanément 3
directions différentes, ou opposées, ou parallèles... bref, un délire. Et même
la conclusion imparable : "d'accord il y a des dents et des dents qui tombent
et qui n'y sont plus mais il y a aussi les dents qui bougent, alors les dents
qui bougent, moi je veux qu'elles comptent ! tiens, je fais un signe pour les
dents qui bougent et qu'on va bientôt enlever". Lorsque je serai un peu plus
lucide... et moins mathématicien, je me dirais que Martin avait bien raison,
dans le monde mathématique on ne compte que ce qui n'est ou qui n'est pas dans
l'instant T, mais jamais ce qui pourrait être, ne pourrait plus être ou ce qui
bientôt ne va plus être ! Finalement ce n'est pas grand chose de bien plus
difficile que d'inventer des signes et des opérations... magiques ! Si tu dis
qu'un mathématicien ce n'est qu'un magicien, tu ouvres tout garnd les portes à
tous les mômes ! bon d'accord, dans la physique quantique par exemple c'est le
même délire. Autrement dit, les génies mathématiciens ou scientifiques ne
seraient que des mômes qui se laissent aller à un âge un peu plus avancé
!
Bien sûr ma mémoire m'a ramené à Moussac. Et je
me suis aperçu que ce que je n'avais jamais bien perçu, c'est que toutes nous
grandes aventures, qu'elles soient mathématiques ou littéraires ou
scientifiques ou autres, avaient toutes débuté par un délire !
La clef, la porte d'entrée dans tous les
langages, c'est, avant le texte libre, texte libre mathématique,
scientifique... c'est le délire. Ce sont les techniques du
délire (autres qu'un ricard ou un pétard !) qu'il faut inventer ou répertorier
! Et je crois bien que c'était ce en quoi j'ai été le plus fort... sans le
savoir mais surtout sans oser l'admettre ou le dire !
(Eh, dites pas que c'était une illumination
éthylique ! j'aurais l'air de quoi ?! surtout face aux Boutonnets et consorts
!)
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