Bonjour à tous,
 
Des étudiants en sciences de l'éduc de Montpellier ont récemment planché sur un texte de Bernard tiré du bouquin sur (contre ?) le taylorisme scolaire.
 
Pour donner une idée de ce que certains ont pu en dire, voici l'écrit de l'une d'entre elles.
 
Coopérativement
Sylvain
 
Sylvain CONNAC
Ecole coopérative Antoine BALARD
123, rue de Salamanque
34 080 MONTPELLIER
sylvain.connac(antispam)laposte.net
 
 
 

Lorsqu’une société, suffisamment développée, ressent le besoin de transmettre aux futures générations son histoire, ainsi que de faire perdurer ses avancées en terme de techniques, de réflexions, ou de sciences, l’école apparaît. Cependant, bien que cette même société en France ait radicalement changé, l’école, elle, ne semble pas s’être profondément modifiée. C’est également ce que souligne B. Collot dans le texte « les incompatibilités du système éducatif. » Il souligne aussi l’existence de réflexions théoriques sur les processus d’apprentissage, pour nous révéler enfin l’existence de pratiques plus praxéalologiques, que constituent les nouvelles pédagogiques. Mais quels en sont les apports réels ?

B. Collot nous explique d’abord le fonctionnement ainsi que les bases sur lesquelles se sont fondées les écoles dites traditionnelles. Il fait le parallèle entre le fonctionnement des enseignements donnés par les Jésuites au XVIème siècle et l’école traditionnelle existant en France depuis près d’un siècle. En utilisant le terme d’homogénéité, il semble donc souligner que dans ces deux types d’écoles, les élèves doivent progresser au même rythme, suivant un contenu (pour les Jésuites) ou des programmes (pour l’école traditionnelle), décidés en amont, et sans tenir compte des différents rythmes des enfants. Cependant, ces différents rythmes sont un fait et les élèves ne pouvant suivre cette progression sont alors sortis du système, afin de préserver cette homogénéité de la classe.

L’auteur fait ensuite référence à certains penseurs-philosophes ayant critiqué cette homogénéité utopique pour certains, et s’étant interrogés sur les finalités de l’école pour la plupart. Or, d’après ces philosophes ou écrivains, il n’est pas de contenus figés pouvant servir à l’épanouissement de l’enfant. Cependant, B. Collot reproche à ces théoriciens de ne donner aucune méthode pratique pouvant servir à l’éducateur. Ces théories restent alors seulement méditatives et ne semblent aucunement applicables dans la réalité.

C’est alors que l’auteur fait référence aux différentes approches des nouvelles pédagogies. En citant P. Robin, S. Faure ou encore Montessori, il s’appuie sur l’ouverture d’écoles qui, depuis près d’un siècle innovent en créant de nouvelles approches de l’éducation et se différenciant radicalement du système scolaire traditionnel. Ces écoles dites expérimentales semblent alors donner des mains aux théories, constituant des références possibles, et basés sur la réalité. Les observations des chercheurs tel que Montessori, Piaget, Vygosky ou Decroly … ont également enrichi notre vision du système éducatif et du fonctionnement de l’apprentissage chez l’enfant. C’est alors que nous avons été en mesure de comprendre la multitude des facteurs favorisant l’apprentissage ou aliénant l’enfant. Toutes ces méthodes pratiques comme l’apport par exemple de l’approche de Freinet, constituent donc de nos jours des repères essentiels et réels pour mener au mieux notre mission d’éducateur.

En effet, il paraît impossible de ne pas tenir compte de l’apport des pédagogies nouvelles dans la mesure où certaines de ces mises en situation ont prouvé leur efficacité. Par exemple, la mise en place du conseil de coopérative par Célestin Freinet nous a permis de constater que la participation de l’élève dans le fonctionnement de la classe l’amenait à s’impliquer avec beaucoup plus d’enthousiasme dans son travail. De plus, bien plus qu’une théorie, Freinet apporte des outils favorisant l’épanouissement de l’enfant (l’imprimerie, le journal scolaire, la sortie-enquête ou encore la correspondance).

D’autres partisans des pédagogies nouvelles nous ont également amenés à repenser le phénomène d’apprentissage chez l’enfant. Par ses réflexions sur la métacognition, Vygostky  a par exemple démontré que c’est en mesurant ses propres limites que l’enfant peut progresser. Par ses réflexions sur la psychologie de l’enfant, Piaget nous donne également une toute autre vision de l’élève apprenant.

L’homogénéité du groupe classe, existant dans l’enseignement des Jésuites, et voulant devenir une réalité dans l’école traditionnelle semble alors bien plus fictive que réelle. La mise en place du collège unique par la réforme Haby en 1975 n’a alors fait que nous conforter dans cette vision. En effet, l’échec scolaire devenant un phénomène grandissant, il devenait alors impossible de considérer les élèves comme un groupe homogène et de ne pas considérer les théories du handicap socioculturel, des avancées de type biologique sur le fonctionnement du cerveau, et bien d’autres.

La mise en corrélation des théories et des pratiques pédagogiques semble donc essentielle. On ne peut en effet nier les apports des Platon, Rousseau, Montaigne, Alain ou Kant. Mais les pratiques pédagogiques semblent également essentielles pour affirmer ou infirmer ces théories. C’est par exemple en voulant donner des mains à la théorie de JJ Rousseau que Pestalozzi a créé l’école de Neuhof qui fut un véritable échec. Mais c’est également en vue de cet échec qu’il a créé bien plus tard l’école d’Yverdon qui, non plus basée sur une utopie, mais sur une ancienne expérience, a fonctionné. D’après cet exemple, nous pourrions alors penser que la théorie présente un support indispensable à toute pratique mais également que la pratique devient essentielle pour faire entrer la théorie dans un espace réel et non-seulement utopique. Les pédagogies nouvelles pourraient donc se situer en amont de la théorie.

Nous pouvons dire que l’école traditionnelle, dans son mode de fonctionnement transmissif, de rapport frontal, avec des élèves plutôt passifs, fonctionne bien pour des élèves qui ont envie d’apprendre, qui sont motivés à la base. C’est une instruction sélective qui fonctionne sur un mode de compétition. C’est en ce sens que l’école républicaine s’appuie sur ce que B. Collot nomme le taylorisme scolaire : on y écoute beaucoup, selon un enchaînement prédéfini. L’école passe son temps à répondre à des questions que l’enfant ne se pose pas, à partir de savoirs trop adressés à des adultes en devenir. Mais cela oublie de tenir compte de la singularité de chaque enfant, de leurs rythmes, qui sont pressés en « années scolaires ». L’école semble trop fonctionner sur le leitmotiv de l’égalité, de l’universalité, d’un même système central pour tous. Ainsi, avec le prétexte de l’égalité pour tous, on légitime les inégalités à l’arrivée, inégalités qui peuvent trouver leurs origines dans le manque d’équité, de prise en compte des spécificités de l’individu.

Toutefois, nous devons nous garder de faire une apologie béate des pédagogies nouvelles. Il peut y avoir des effets pervers non désirables. Si les ruses pédagogiques peuvent solutionner quelques-uns des obstacles entre l’élève et son apprentissage, elle peut aussi tromper l’enseignant en lui faisant croire que c’est grâce aux seules stratégies qu’il a mis en place que l’élève apprend. Or, la décision d’apprendre revient toujours en dernier lieu à l’élève.

 

Nadège L.  



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