*Cycle Méthodes (AMU, Iméra, EHESS)*

dirigé par Jean Boutier (EHESS), Pierre Livet(AMU),Alain Trannoy (EHESS, 
AMSE)

1^ère séance de l'année universitaire 2018-2019

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*"Modéliser l'hétérogénéité"*

*Mardi 15 octobre*, *Iméra, Maison des Astronomes* *(2, Place Leverrier 
- Marseille), 9h -12h30, 14h-17h*

La richesse et la complexité des phénomènes, en particulier des 
phénomènes sociaux, amènent à diversifier les modèles, voire à les 
mélanger, au lieu de les décliner à partir d'un modèle général. 
S'agit-ilde variations réglées, de combinaisons exploratrices,de 
confrontations d'orientations conceptuelles différentes, dedifférences 
defonctionnements cognitifs similaires mais qui s'inscrivent dans 
différents contextes? Valider ces modèles exige-t-il de systématiser 
leurs relations? Ou doivent-ils différer selon les objets et les 
contextes ?

*9h Raouf Boucekkine*, Directeur de l'Iméra, AMSE.

"De l'hétérogénéité des agents et des biens"

L'hypothèse d'agent représentatif a été et est toujours intensivement 
utilisée en théorie économique, notamment en macroéconomie. Depuis le 
milieu des années 90, il y a néanmoins une littérature qui non seulement 
s'en écarte mais recommande de s'en écarter. Il est utile de revenir sur 
quelques raisons puissantes qui ont conduit à la prise en compte (certes 
tardive) de l'hétérogénéité dans la théorie macroéconomique, que ce soit 
l'hétérogénéité des biens  ou celle des agents économiques. Pour 
illustrer la discussion,  on se basera sur l'histoire cahotante de la 
modélisation de l'accumulation du capital dans la théorie de la 
croissance économique.

*Jean-Michel Salanskis*,Pr. de Philosophie, Université Paris-Ouest.

"Sémantique plurielle"

Du point de vue de la mathématique, la notion de « modèle hétérogène » 
peut s’entendre de trois manières :

1) Ou bien on prend au sérieux le concept de modèle hérité de Tarski, et 
les « modèles hétérogènes » sont les illustrations diverses d’un schème 
théorique, éventuellement inattendues, éventuellement fortement 
différentes les unes des autres. Ici le mot « modèle » n’est pas loin de 
signifier l’inverse de ce qu’il signifie pour la démarche scientifique 
et le sens commun.

2) Ou bien on envisage les manières dont les recherches contemporaines 
ont pluralisé l’idée sémantique elle-même, proposant des versions 
hétérogènes de l’illustration (versions constructives et catégoriques 
notamment).

3) Ou bien on montre comment le sens ordinaire de la « modélisation » 
  se laisse retrouver dans la mathématique : à certains égards des 
contenus qui restent identiques y sont visés à travers plusieurs 
dispositifs, et l’on peut voir dans ce situations un moteur et une 
motivation pour le Geist mathématicien.

J'explorerai brièvement chacun de ces trois axes, et tirerait un 
enseignement concernant la fonction représentative en général de leur 
hétérogénéité « de second ordre ».

*Franck Varenne*Maître de Conférences HDR de Philosophie, Université de 
Rouen

"Avatars de la parcimonie en modélisation des systèmes multi-mécanismes 
et multi-formalismes"

Le développement de simulations fondées sur des langages informatiques 
de haut niveau, notamment orientés objets, a techniquement permis la 
combinaison de modèles construits sur des axiomatiques hétérogènes. 
Cette combinaison présente plusieurs avantages mais elle n'est pas a 
priori à l'abri de l'objection classique de la stérilité du 
sur-ajustement du modèle (overfitting) en matière de connaissance 
scientifique. Partant de l'exemple de ces modèles de simulation en 
géographie qui sont fondés sur des calculs massifs et qui recourent en 
particulier à la plate-forme de calcul en grille OpenMOLE,on montrera 
dans quelle mesure ce domaine de recherche contemporain continue à avoir 
conscience de la nécessité de maintenir la valeur épistémique de la 
parcimonie dans ce contexte de complexification paradoxale des modèles. 
Or cette parcimonie remplit, dans ce contexte enrichi, non plus une 
seule mais plusieurs fonctions normatives, elles-mêmes successives, 
graduées ou combinées au cours de la constitution de modèles de 
simulation géographique multi-mécanimes et multi-formalismes.

*
*

*14h *

*Thibault Gajdos*, Directeur de recherches CNRS, LPC., Directeur de 
programme à l'Iméra,

"Tous les mêmes, mais chacun unique: hétérogénéité et modèles de  décision"

La théorie de la décision est confrontée à une situation paradoxale. 
Elle doit à la fois rendre compte des différences de comportements entre 
les individus (faute de quoi elle perdrait toute pertinence empirique), 
et proposer un modèle universel (au moins dans un périmètre donné) de la 
décision, faute de quoi elle perdrait toute pertinence théorique. 
L’histoire de la théorie de la décision peut en partie être lue à la 
lumière de la tension entre l’hétérogénéité avérée des comportements et 
l’homogénéité nécessaire des modèles. Les développements récents en 
science cognitive, et particulièrement les modèles mobilisant 
simultanément des données comportementales et neurophysiologiques, 
suggèrent une possible résolution cette tension: l’hétérogénéité des 
décisions serait l’expression de processus cognitifs semblables, mais 
soumis à des contraintes et conditions différents.

*Juliette Rouchier,*Directrice de Recherches au CNRS, Lamsade, Paris

"Innover en combinant les modèles, redéfinir leur ontologie, mais 
comparer avec les modèles classiques"

A travers deux exemples de travaux dans lesquels je me suis intéressée à 
mélanger des modèles classiques (apprentissage et imitation ; influence 
sociale et délibération) je montrerai qu'il est nécessaire d’inventer 
des ontologies nouvelles, qui reposent donc sur des choix parfois 
arbitraires et surtout non partagés socialement. Ceci rend plus 
difficile la démonstration que cet enrichissement est intéressant et 
pertinent. Il faut donc dès le départ se contraindre à penser la 
comparaison aux formes plus classiques.

*Léna Sanders*, Directrice de Recherche au CNRS, Equipe Géocités, Paris.

"Choisir /ou/ combiner des modèles de nature différente. Réflexion à 
partir de questions portant sur la dynamique des villes et des territoires"

Face à un questionnement empirique portant sur la dynamique de l’espace 
géographique, une diversité de modèles peut être développée. Il s’agit 
de choisir le niveau de généralité du phénomène que l’on cherche à 
expliquer, le degré de parcimonie /vs /réalisme du modèle, peser les 
intérêts respectifs de rechercher des corrélations statistiques ou 
d’identifier, par simulations, les mécanismes et les processus en 
jeu. La démarche choisie dépend non seulement de l’objectif mais aussi 
des habitudes et savoir-faire disciplinaires du chercheur. Ses choix ne 
sont pas toujours faits de manière linéaire et reposent souvent sur des 
prises de position implicites. Il y a ainsi tout un ensemble de nœuds à 
l’intérieur d’un large réseau d’approches, de méthodes et de modèles que 
les chercheurs s’intéressant à la dynamique des villes et des 
territoires parcourent. Il s’agirait de discuter ces différents choix et 
de réfléchir aux possibilités de combinaison de modèles différents.

*
*

*17h*fin du séminaire


Informations :
https://imera.univ-amu.fr/fr/seminaire-methodes-modeliser-lheterogeneite



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