Bonjour à toutes et à tous,

nous avons le plaisir de vous annoncer la tenue d'un nouveau séminaire
interdisciplinaire à partir du mois d'octobre, *"Capacité(s) et
vulnérabilité(s) du sujet de droit". *

Sous l'impulsion de la critique émise par la Convention internationale des
droits des personnes handicapées à l'encontre des dispositifs de
protection, notre objectif est de réfléchir à l'historicité et à
l'arrière-plan normatif de la notion moderne du sujet de droit, en
interrogeant notamment l'idée de capacité juridique qui lui est
associée. Veuillez
en trouver le programme et l'argumentaire ci-dessous (ainsi qu'en pièce
jointe).

En vous souhaitant une excellente rentrée,
Très cordialement,

-- 
Clotilde NOUËT
Assistant Professor en philosophie sociale et politique à l'Université
Mohammed VI (Rabat)


*« Capacité(s) et vulnérabilité(s) du sujet de droit »*





*Séminaire organisé par **Benoît Eyraud (Université Lyon 2),
Fabrice Gzil (Espace éthique - CESP/Inserm/Paris Saclay)
et Clotilde Nouët (Université Mohammed VI, Rabat)*



*Co-animé par : Arnaud Béal (École des psychologues praticiens),
Jean-Philippe Cobbaut (Université Catholique de Lille / UCLouvain / Paris
Saclay), Paul Véron (Université de Nantes) et Paul-Loup Weil-Dubuc **(Espace
éthique - CESP/Inserm/Paris Saclay)*


Les séances auront lieu à l’Espace éthique Île-de-France (Hôpital
Saint-Louis, Porte 9, 1 avenue Claude Vellefaux, 75010 Paris, cf. plan en
pièce jointe) ou à défaut en visio-conférence.

www.espace-ethique.org/actualites/seminaire-capacites-et-vulnerabilites-du-sujet-de-droit



*Merci de vous inscrire aux séances qui vous intéressent pour recevoir les
documents préparatoires.*



*Programme des premières séances :*



*9 octobre 2020* (10h-12h)

Benoît Eyraud, Fabrice Gzil et Clotilde Nouët

*Introduction du séminaire et problématisation des enjeux*

Inscription : https://site.evenium.net/4b3gb8g4



*9 novembre 2020* (10h-12h)

Gilles Raoul-Cormeil, Professeur de droit privé à l’Université de Bretagne
Occidentale

*« La convention internationale des Nations Unies sur les personnes
handicapées : texte et contexte, réception et sanctions. Variations sur
l'influence du droit international des majeurs vulnérables sur notre droit
interne »*

Inscription : https://site.evenium.net/0gx3b8g6



*11 décembre 2020* (10h-12h)

Julien Rabachou, Membre associé à Sciences Normes, Décision, Sorbonne/CNRS

*« La constitution pénale de la personne »*

Inscription : https://site.evenium.net/ukhcb8g7



*22 janvier 2021* (10h-12h)

Marlène Jouan, Maîtresse de conférences en philosophie à l’Université de
Grenoble

*« Modèle relationnel *versus* modèle individualiste de l'autonomie : un
examen critique du modèle social du handicap »*

Inscription : https://site.evenium.net/tx1pb8g8



*5 février 2021* (10h-12h)

Laurent Jaffro, Professeur de philosophie à l’Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne

*« Quelle éthique pour des personnes faiblement autonomes ? »*

Inscription : https://site.evenium.net/a8hhb8g9



*Argument*

L’article 12 de la CIDPH (Convention internationale de l’ONU relative aux
droits des personnes handicapées) a suscité, depuis 2006, une controverse
internationale. Dans son commentaire de l’article, le comité des droits
chargé du suivi de la Convention, en enjoignant les États à supprimer les
dispositifs de protection fondés sur la restriction de la capacité
juridique et de la liberté de décision, appelle en effet à remplacer les
mesures légales de prise de décision substitutive par des dispositifs
d’accompagnement ou d’assistance à la prise de décision et à l’exercice des
droits. Il justifie alors ce changement de paradigme en invoquant un
principe posé comme étant un noyau des droits humains : l’égale
reconnaissance, pour tous les sujets humains, de leur capacité juridique.
Or, si les exceptions permettant de défaire la présomption de capacité
portent atteinte aux libertés fondamentales d’un sujet, ce sont aussi elles
qui permettent sa protection par le droit. Toute la difficulté est de
déterminer comment protéger l’individu sans céder au paternalisme.

Dans ce débat, la portée de la « présomption légale de capacité » s’avère
centrale. Au sens le plus général du terme, la capacité à faire quelque
chose est synonyme d’aptitude ou d’habileté : elle désigne une propriété
propre au sujet, que l’on oppose, en tant qu’elle est une faculté interne,
à la série des obstacles extérieurs susceptibles d’en entraver la
réalisation. La capacité renvoie ainsi à la sphère d’une puissance de
fonctionner individuelle, et c’est sous cet aspect qu’elle est pensée comme
un attribut du sujet autonome, à savoir l’individu capable de penser par
lui-même, de délibérer, et de décider en son nom propre. On peut se
demander si ce modèle individualiste de la capacité est satisfaisant pour
penser le passage d’un système de protection fondé sur la délégation ou la
représentation de l’individu incapable, à un dispositif fondé sur
l’assistance et l’accompagnement.

Ce séminaire transdisciplinaire se propose d’envisager cette difficulté en
croisant les perspectives du droit, de la philosophie, et des sciences
sociales, à partir des trois axes suivants :

1)     Le premier axe est à l’articulation de l’histoire et la philosophie
du droit et porte sur la genèse de la présomption légale et générale de
capacité : comment cette présomption s’est-elle historiquement constituée ?
Quel rôle a joué la constitution d’un principe général de « majorité civile
» ? Comment les exceptions (enfance, handicaps, statut marital,
nationalité, statut pénal…) ont-elles été justifiées ? On s’intéressera
particulièrement aux liens entre la présomption de capacité d’une part, et
d’autre part, les dispositions juridiques relatives aux engagements et à la
responsabilité ainsi qu’à l’imputabilité.

2)     Le second axe est à l’articulation de la philosophie morale,
politique, et du droit : sur quelle anthropologie de la personne les
figures du sujet de droit s’appuient-elles ? La notion juridique de «
capacité » renvoie simultanément à une construction juridique et à un
ensemble d’aptitudes réelles. Si le sujet de droit est déterminé à partir
de son aptitude à faire valoir lui-même ses droits, les compétences qui
sont présumées être les siennes, notamment la mise en œuvre de facultés
mentales « non altérées », sont-elles normativement déterminées ? Comment
comprendre l’articulation de la fiction juridique qu’est la personne à ces
déterminations concrètes ?

3)     Le troisième axe est plus prospectif : comment la mise en tension
radicale proposée par la Convention entre, d’une part, un modèle
individualiste de l’autonomie se fondant sur le consentement, l’expression
de préférences et la prise de décision, et d’autre part, un modèle
relationnel prenant en compte les conditions sociales de l’autonomie,
peut-elle se traduire au niveau institutionnel ? Autrement dit, comment une
vision de l’exercice des droits « en première personne » s’articule-t-elle
avec une vision « relationnelle » de ce même exercice ?

Alors que le droit fait de plus en plus référence à l’idée normative
d’autonomie, on constate paradoxalement que les pratiques sociales de
recours aux mesures de contraintes légales s’intensifient. Les tensions
entre le principe moral d’autonomie et la prise en charge des handicaps et
des vulnérabilités invitent à interroger notre conception du sujet de droit
moderne.


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-- Type: application/pdf
-- File: 
=?UTF-8?Q?S=C3=A9minaire_Capacit=C3=A9s_et_vuln=C3=A9rabilit=C3=A9s_du_sujet_de_droi?=


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https://www.vidal-rosset.net/mailing_list_educasupphilo.html
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        

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