Tous les opérateurs de téléphonie mobile implémentent de la mobilité via Gtp
(3Gpp oblige), d'où les S et Ggsn.

Des études pour implémenter mobile ip ont été faites il y à quelques années
chez nous, avec comme conclusion qu'on ne déploierait pas mais j'ai pas le
détail du pourquoi la, si ce n'est que Gtp étant le standard de facto pour
les telcos (3gpp), être le premier (voire le seul) à partir sur mobile ip
doit poser des problèmes sur la gestion du roaming.

Sur un réseau "fixe" (adsl, ftth) la question ne s'est jamais posée à ma
connaissance (je parle bien de mobilité pas d'ip fixe).
Le 10 juil. 2011 22:43, "Stephane Bortzmeyer" <bortzme...@nic.fr> a écrit :
> Quelqu'un ici a-t-il une offre Mobile IP à son catalogue ? Je suis
> presque sûr que non. Pourquoi, se demande ce RFC.
>
> http://www.bortzmeyer.org/6301.html
>
> ----------------------------
>
> Auteur(s) du RFC: Z. Zhu (UCLA), R. Wakikawa (TOYOTA ITC), L. Zhang (UCLA)
>
> ----------------------------
>
>
> Dans le monde des réseaux informatiques, on distingue en général le
> *nomadisme* (pouvoir changer d'endroit et avoir à peu près les mêmes
> services) et la *mobilité* (pouvoir changer d'endroit en maintenant les
> sessions existantes, comme si on n'avait pas bougé). Aujourd'hui, où
> beaucoup d'équipements sont mobiles ("smartphone", tablette, ...), la
> mobilité suscite beaucoup d'intérêt. D'où ce RFC qui évalue l'état
> actuel du déploiement des techniques de mobilité sur l'Internet.
> (Disons-le tout de suite, il est très faible.)
>
> Je vais me permettre de commencer par une polémique et des opinions
> personnelles : dans la famille de protocoles TCP/IP, la mobilité, c'est
> comme le "multicast". Beaucoup de RFC, très peu de paquets. Le sujet
> passionne les experts, pose plein de problèmes techniques amusants,
> permet d'écrire des algorithmes rigolos... mais touche très peu les
> utilisateurs. Comment cela, les utilisateurs ne veulent pas se
> connecter à l'Internet depuis leur maison, puis continuer au bureau ?
> Si, ils le veulent, mais il n'est pas du tout évident que la mobilité
> au niveau IP soit nécessaire pour cela. Aujourd'hui, la technique de
> mobilité la plus courante est DHCP... La machine reçoit une nouvelle
> adresse IP et ce sont les applications qui gèrent les
> déconnexions/reconnexions. Prenons l'exemple du client de messagerie
> instantanée Pidgin et supposons que je me promène avec mon ordinateur
> portable, connecté via clé USB 3G dans le train, via le Wifi au
> Starbucks, puis via un câble Ethernet au bureau. J'aurai une adresse IP
> différente à chaque fois et les sessions IRC ou XMPP seront donc
> coupées lors des changements. Est-ce grave ? Pas tellement. Pidgin se
> reconnectera automatiquement à chaque fois et la seule conséquence
> pratique sera les messages de déconnexion et de reconnexion que verront
> les abonnés de chaque canal IRC / pièce XMPP. On a là un bon exemple du
> fait qu'une gestion de la mobilité par l'application cliente (section
> 5.5 de notre RFC) est suffisante et qu'il n'y a pas besoin d'un service
> réseau (compliqué et amenant des problèmes de sécurité) pour cela. Même
> chose avec une application Web : chaque requête HTTP peut utiliser une
> adresse source différente, l'utilisateur ne s'en rendra pas compte (à
> part éventuellement une obligation de se réauthentifier si le "cookie"
> est lié à l'adresse IP, ce qui se fait parfois pour limiter la
> réutilisation d'un "cookie" volé). Les applications qui reposent sur
> HTTP (les clients Twitter, par exemple) arrivent également à maintenir
> une « session » lors de changements d'adresse IP.
>
> Bien sûr, une telle gestion par l'application ne couvre pas tous les
> cas. Un gros transfert de fichiers avec curl ou wget ne peut pas
> fonctionner ainsi, puisque ce transfert utilise une seule connexion
> TCP, donc dépend de l'adresse IP source utilisée au départ (cf. section
> 6.2). (Avec rsync, et un script qui le relance jusqu'à complétion, ça
> marcherait.) Et, évidemment, les sessions SSH ne peuvent pas être
> maintenues lorsqu'on change d'adresse. Mais il reste quand même
> énormément de cas où il n'y a *pas* de vrai problème lié à la mobilité
> et cela explique largement, à mon avis, pourquoi les techniques de
> mobilité IP sont si peu déployées. J'arrête là les opinions
> personnelles et je reviens au RFC.
>
> La section 1 explique que ce RFC est motivé par le fait que la mobilité
> est depuis longtemps un sujet de recherche actif à l'IETF et que,
> depuis quelques années, le déploiement des engins mobiles a explosé
> ("smartphones", tablettes, etc). Le besoin est donc nettement plus
> marqué maintenant que dix ans auparavant, lorsqu'un ordinateur portable
> était un machin encombrant et lent. Pourtant, les solutions normalisées
> par l'IETF ont été peu déployées.
>
> Ces solutions utilisent un vocabulaire rappelé en section 2 et dans le
> RFC 3753. Notons notamment les termes d'*identificateur* ("identifier")
> qui indique une valeur qui ne change pas lors des déplacements, de
> *localisateur* ("locator"), qui, lui, change lorsqu'on se déplace (en
> IP classique, c'est le cas de l'adresse IP), de *correspondance*
> ("mapping"), la fonction qui permet de trouver un localisateur en
> connaissant l'identificateur, de *correspondant* (CN pour
> "Correspondent Node", la machine avec laquelle l'engin mobile
> communique), etc.
>
> La section 3 expose les principes de base de la gestion de la mobilité.
> Le CN doit pouvoir, dans l'Internet actuel :
> * trouver l'adresse IP actuelle du mobile (solutions dites de type 1),
> * ou bien connaître un identificateur du mobile et pouvoir lui envoyer
> des données en utilisant cet identificateur (solutions de type 2),
> nettement plus fréquentes.
> Un exemple de solution de type 1 est d'utiliser le DNS. Si le mobile
> met à jour (par exemple par mise à jour dynamique, cf. RFC 2136) le DNS
> lorsqu'il se déplace, on utilise le nom de domaine comme
> identificateur, l'adresse IP comme localisateur et le DNS comme
> correspondance. Le CN peut donc toujours trouver l'adresse IP actuelle
> par un simple getaddrinfo(). La plupart des techniques normalisées par
> l'IETF sont, elles, de type 2. Dans celles-ci, l'adresse IP sert
> d'identificateur (permettant de maintenir les sessions TCP, par exemple
> dans le cas de SSH). Les paquets envoyés par le CN sont alors transmis
> à cette adresse IP stable, où un équipement doit ensuite les renvoyer
> au mobile, alors que les paquets émis par le mobile vers le CN voyagent
> directement. On parle de routage en triangle. Peu satisfaisant du point
> de vue des performances, il est en revanche excellent pour la
> protection de la vie privée : le CN, la machine avec laquelle
> correspond le mobile, ne sait pas où on est et ne sait pas si on bouge.
> (Notons que le RFC, et c'est plutôt choquant, ne mentionne pas une
> seule fois ces questions de protection de la vie privée, même pas dans
> la section 7 sur la sécurité.)
>
> La section 4 présente ensuite les protocoles de mobilité existants. Je
> ne vais pas les reprendre tous ici (la liste en compte vingt-deux !)
> mais simplement en choisir arbitrairement quelques uns. On trouve dans
> cette liste des ancêtres comme le protocole Columbia de 1991, ou des
> protocoles plus récents comme le Mobile IP de 1996. Certains des
> protocoles étudiés n'ont pas été conçus uniquement pour la mobilité,
> mais la facilitent. C'est le cas de HIP
> <http://www.bortzmeyer.org/hip-resume.html> (2003), ILNP (2005) ou LISP
> (2009).
>
> Columbia, par exemple, le premier conçu, ne fournissait la mobilité
> qu'à l'intérieur du campus. Dans chaque cellule radio, un routeur
> spécial, le MSS ("Mobile Support Station"), assurait le routage des
> paquets dont l'adresse IP source appartenait au préfixe spécial
> « mobilité ». Le mobile gardait donc son adresse et les MSS
> s'arrangeaient entre eux pour acheminer le paquet.
>
> Le principal protocole standard de mobilité est aujourd'hui Mobile IP,
> normalisé dans les RFC 3344, RFC 6275 et RFC 5454. Il fonctionne en
> IPv4 ou en IPv6, sur la base des mêmes principes. Chaque mobile a un
> "Home Agent", qui ne bouge pas, et qui fournit au mobile une adresse
> stable ("Home Address"). Le mobile a aussi une adresse IP liée à son
> point d'attache actuelle, l'adresse CoA ("Care-of Address"). Le mobile
> prévient le "Home Agent" de tout changement de CoA. Le correspondant,
> le CN, écrit toujours à l'adresses "Home Address", charge au "Home
> Agent" de faire suivre. Mobile IP est donc de type 2 et, par défaut,
> fait du routage en triangle (une optimisation permet de le supprimer
> dans certains cas). Il existe aujourd'hui de nombreuses mises en
&#339;uvre
> de Mobile IP, aussi bien pour les mobiles que pour les "Home Agents"
> mais très peu de déploiements.
>
> Un exemple de protocole de type 1 est E2E. Dans ce cas,
> l'identificateur stable du mobile est un nom de domaine, et c'est une
> simple requête DNS qui indique au correspondant quelle adresse IP
> utiliser. Le mobile, lorsqu'il change d'adresse IP, utilise les mises à
> jour dynamiques du DNS pour modifier cette information.
>
> HIP n'était pas conçu uniquement pour la mobilité. Toutefois, en
> séparant identificateur et localisateur
> <http://www.bortzmeyer.org/separation-identificateur-localisateur.html>,
> il facilite celle-ci (RFC 5206). Pour trouver une adresse IP à partir
> d'un HI ("Host Identifier", les identificateurs stables des n&#339;uds
HIP),
> on peut utiliser le DNS mais aussi des « serveurs de rendez-vous »
> spécifiques à HIP (RFC 5204). La mobilité avec HIP nécessite que le CN
> soit un n&#339;ud HIP également. Lorsqu'un mobile HIP se déplace, il doit
> prévenir à la fois les CN et le serveur de rendez-vous (message HIP
> UPDATE, section 5.3.5 du RFC 5201).
>
> Autre protocole de séparation de l'identificateur et du localisateur
> qui facilite la mobilité, LISP. Bien plus récent, il est encore peu
> déployé, et ses extensions de mobilité sont seulement sous forme d'un
> projet de RFC, draft-meyer-lisp-mn.
>
> Armé de ces descriptions, le RFC, dans se section 5, explique les
> différents choix qui ont été faits pour chaque protocole. C'est la
> section la plus intéressante du RFC. (La section 6.3 examine plus en
> détail les avantages et inconvénients de chaque approche.) Par exemple,
> une approche était de réutiliser le routage, en gardant l'adresse IP
> fixe pour le mobile, et en comptant sur des protocoles proches de ceux
> de routage pour assurer l'acheminement du paquet jusqu'au bonne
> endroit. Le protocole Columbia fonctionnait ainsi. Mais de telles
> solutions ne marchent bien qu'en réseau local : pas question de changer
> les routes de l'Internet chaque fois qu'un mobile se déplace.
>
> Deuxième approche : une fonction de correspondance entre un
> identificateur stable et l'adresse IP actuelle. Au lieu de prévenir le
> monde entier lorsque son adresse change, le mobile n'aurait plus à
> prévenir qu'un seul point (le serveur DNS, ou le serveur de
> rendez-vous, pour les solutions de type 1 ou bien le "Home Agent", pour
> celles de type 2.) Si le CN n'est pas prévenu du changement (cas de
> Mobile IP, par défaut), on perd en performances (routage en triangle)
> mais on gagne en intimité et surtout on n'a pas besoin que le CN
> comprenne le protocole de mobilité (avec Mobile IP, le mobile peut
> parler à des machines IP normales, qui ignorent tout de ce protocole).
>
> Ce dernier point, couvert en détail dans la section 5.2, est crucial :
> qui doit être mis au courant de la mobilité ? Il y a quatre parties
> concernées : le mobile, son correspondant (CN), le réseau (les
> routeurs) et le composant qui donne un coup de main ("Home Agent",
> serveur DNS, etc). Si le CN doit être mis au courant (cas de HIP, par
> exemple), il faut mettre à jour toutes les machines avec qui le mobile
> est susceptible de communiquer, ce qui ne semble pas très réaliste. La
> plupart des approches, à commencer par Mobile IP, gardent donc une
> adresse IP stable et le CN est une machine ordinaire, qui ne sait même
> pas qu'elle parle à un mobile. Il existe aussi quelques protocoles où
> ni le CN, ni le mobile, ne sont au courant et où le réseau fait tout.
> Dans le futur, toutefois, de plus en plus de machines seront mobiles et
> il est possible que le premier choix (rendre le CN conscient que son
> partenaire se déplace) redevienne attirant.
>
> Autre choix à faire, la mobilité doit-elle être contrôlée par le réseau
> ou par l'utilisateur (section 5.3) ? Dans les réseaux de téléphonie
> mobile, le terminal ne gère pas la mobilité, le réseau fait tout pour
> lui, et ça marche. Mais cela prive l'utilisateur de tout contrôle sur
> la façon dont est gérée la mobilité. (Songez aux scandaleux tarifs
> d'itinérance, rendus possibles par le fait que l'utilisateur ne peut
> pas empêcher que tout passe par son opérateur habituel.)
>
> Les différences entre les protocoles de mobilité s'expliquent aussi par
> le fait que certains visent une solution mondiale, qui doit marcher
> pour des centaines de millions de mobiles se déplaçant partout dans le
> monde (ce qui soulève de sérieux problèmes de "scalability") alors que
> d'autres (comme Columbia, cité plus haut), ne cherchent qu'une mobilité
> locale, problème bien plus facile (section 5.4).
>
> Enfin, les vingt-deux protocoles examinés dans ce RFC ne couvrent pas
> tout. Il existe aussi des approches radicalement différentes (section
> 5.5) comme GTP ou comme des solutions fondées sur les applications,
> comme je l'ai prôné au début de cet article. Par exemple, SIP dispose
> d'une extension pour gérer la mobilité (cf. Schulzrinne, H. et E.
> Wedlund, « "Application-Layer Mobility Using SIP
> <http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.95.3546&rep=re
> p1&type=pdf>" », dans "Mobile Computing and Communications Review",
> 2010) où un nouveau message INVITE est envoyé lorsque le mobile change
> d'adresse IP pendant une communication.
>
> Je l'ai dit, les protocoles spécifiques de mobilité sont pour l'instant
> un échec complet. Mais que prévoient les auteurs du RFC pour le futur ?
> La section 6 analyse d'abord cet échec (section 6.1). Peu ou pas de
> déploiement en production, donc. Mais pourquoi ? Le RFC estime que
> c'est en partie le résultat du fait que les machines mobiles ne sont
> devenues banales que depuis très peu de temps. Mais il reconnait aussi
> que les protocoles de mobilité sont des usines à gaz complexes et
> lentes. Certains suggèrent même de simplifier le problème en ignorant
> les questions de performance et de sécurité (cf. section 7 sur les
> problèmes de sécurité spécifiques à la mobilité) dans un premier temps
> (ce conseil vient directement de l'excellente section 3 du RFC 5218).
>
> Puis la section 6 explore les pistes à suivre. Une très bonne lecture
> pour les concepteurs de protocoles et les étudiants en réseaux
> informatiques.
>
> ---------------------------
> Liste de diffusion du FRnOG
> http://www.frnog.org/
>

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