Le 27/08/2022 à 18:07, Nicolas Vuillermet a écrit :
Hello,
2. L’électricité, à l’heure actuelle, s'échange au coût dit « marginal
». Autrement dit on n’achète pas le kilowatt-heure au prix réel de
production, mais à un prix qui serait le sien s’il fallait augmenter
la production (par exemple en démarrant une centrale jusqu’ici
arrêtée) pour produire ce kWh. Or, comme la plupart des centrales «
d’appoint » fonctionnent soit au fuel, soit au gaz…
Fondamentalement c'est assez malin, ça permet d'amortir ta base quand tu
vas taper dans les derniers moyens de production disponibles, l'effet
pervers c'est que ça peut pousser à dimensionner un réseau en
entièrement renouvelable et considérer le backup thermique comme dernier
moyen de production disponible, alors qu'il se retrouvera assez souvent
utilisé, tout en étant pris pour base dans le coût du kwh. Donc ceux qui
nous sortent qu'un le renouvelable coûte pas cher, oui les électrons qui
en sortent au pied de l'éolienne par intermittence sont pas chers... à
l'aval du compteur par contre c'est autre chose... (:trollon: certains
ont déjà compris qu'à la maison il suffisait donc de se brancher en
amont :trolloff:)
Le plus déplorable, c'est que lorsque le nucléaire fonctionnait, car en
route depuis une politique correcte d'il y a 50 ans, on pouvait taper
dessus sans impact car ça juste marchait. Et donc pas la peine
d'investir, pas besoin de faire de politique énergétique car c'est déjà
là, pouvoir taunt le nuke et faire plaisir aux écolos avec de belles
paroles.
Si t'as une voiture que t'entretiens pas, t'as beau mettre de l'essence
dedans, à un moment tu vas t'arrêter tout seul mon copain (ou finir ta
course dans la glissière)
Maintenant, après facilement 30 ans de laisser-aller, faut commencer à
réparer et remettre en conformité, sans compter une politique de faire
moins mais des plus gros réacteurs (nos nouveaux EPR...)... Du coup on
tape sur le nucléaire parce que c'est pas fiable, un comble pour 30 ans
où aucune vraie politique de maintenance et fiabilité était en place...
EDF seul se démerdait avec ses moyens...
Je trouve qu'EDF ressemble à Orange sur certains points (sur les 20
dernières années), transformation d'une administration à une société
privée, achats douteux dans les années 2000 au prix fort de concurrents,
devient un champion mondial mais exsangue, puis mis en difficulté et qui
cherche du cash partout pour ne pas être dépecé.
Bref pour finir, évidemment, et c'est là qu'avoir ouvert le marché pour
l'électricité c'était débile, qu'il existe des fournisseurs d'énergie
alternatif qui produisent, c'est un grand oui, qui achètent à des prix
régulés pour qu'ils puissent faire leur gras sans que derrière les
engagements soient respectés (pour rappel, au début l'ARENH devait être
un tremplin dans le but de pousser des privés à investir dans la
production électrique)...
Je me suis intéressé il y a quelques années à savoir comment une bourse
de l'électricité pouvait exister, comment on pouvait spéculer sur
quelque chose qui n'est pas stockable et sur un marché fermé (1 énorme
producteur EDF, 1 énorme distributeur ENEDIS, une poignée de petits
producteurs, une poignée de petits distributeur, 1 seul transporteur),
j'ai acheté ce bouquin qui explique tout ça:
https://www.pressesdesmines.com/produit/la-dereglementation-des-marches-de-l-electricite-et-du-ga/
(très bon, édité en 2012)
TL;DR de ce que je m'en souviens, le prix de l'électricité est calculé
non pas en tant que coût de revient: parmi tous les moyens de production
d'EDF, combien ça coûte à EDF de produire un kWh moyen injecté sur le
réseau à tout moment de l'année.
Les politiques voulaient faire de l'EnR, donc ils ont faussé le marché
par la règle (qu'à introduit le législateur européen) que les énergies
renouvelables sont prioritaires sur le réseau et quelles ne peuvent pas
pas être déconnectées du réseau, ces énergies sont appelées "fatales".
En conséquence:
* les marges de production (pour absorber les pics de consommation) ont
baissées;
* fragilisation du réseau de transport par le développement et
l'obligation de connecter ces EnR;
* fragilisation d'EDF qui doit subventionner ces propres concurrents
(prédateurs);
* baisse des marges des entreprises française. C'est grâce à une énergie
abondante et peu chère que l'on peut transformer des matières premières
en biens ou en service.
Le seul avantage de cette bourse de l'électricité a été le développement
des interconnexions des pays européens, avant ce n'était pas le cas.
Maintenant le réseau électrique est beaucoup plus résiliant.
Les politiques sont fourbes et sont de très mauvais gestionnaires, deux
exemples: pour fermer fessenheim et ne pas payer d'indemnité à EDF
(retrait de l'autorisation d'exploiter une centrale nucléaire), les
politiques ont crée la limitation de la puissance nucléaire:
https://cpdp.debatpublic.fr/cpdp-ppe/limitation-puissance-nucleaire-installee.html
Et pour finir les études qui ont été faites pour sortir les 3 scénarios
de production électriques ces prochaines années. Les études sont
tronquées dès le départ, le politique a demandé de fabriquer des
scénario pas cher (c'est bien français ça), donc très simple: la
consommation électrique de demain sera la même que celle d'aujourd'hui !
A partir de ce postulat les scénarios sont assez simples.
Qui peut croire ça ?? La démographie est nulle ? Le PIB n'augmentera plus ?
Tous les autres pays européen parient sur une augmentation de l'énergie
nécessaire sauf nous. Soit on est les seuls à voir la lumière, soit on
fait fausse route.
Ca fait bien longtemps que nos politiques n'ont plus la lumière à tous
les étages !
Finalement on deviendra un pays touristique, 0 industrie, 0 tertiaire,
on attendra les touristes et on fera visiter nos monuments, c'est tout
ce qui nous restera.
--
Jérôme Marteaux
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