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Appel à publications Theme: Cheikh Anta Diop, militant politique sénégalais Subtitle: 1923-1986 Publication: Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique (RHCA) Date: No 5 (2023) Deadline: 1.12.2021 __________________________________________________ Le cinquième numéro de la Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique (RHCA), à paraître dans le courant de l'année 2023, sera consacré au thème « Cheikh Anta Diop, militant politique sénégalais, 1923-1986 », sous la direction d’Amzat Boukari-Yabara (Ecole politique africaine, EPA) et Martin Mourre (Institut des mondes africains, IMAf). L’année 2023 marquera le centenaire de la naissance de Cheikh Anta Diop. Plus de trente-cinq ans après sa mort, en 1986, l’héritage de celui que l’on surnomme le Pharaon du Cayor – en raison de ses travaux sur l’Egypte antique d’une part et de sa région de naissance dans le bassin arachidier sénégalais d’autre part – continue d’être l’objet de vifs débats, au Sénégal, sur le continent africain et dans les communautés afro-diasporiques un peu partout sur le globe. La littérature sur Cheikh Anta Diop, sur sa vie, son œuvre scientifique, notamment son rapport à l’histoire, ou sa pensée politique, est plus qu’abondante, ces différentes dimensions se confondant d’ailleurs largement. Diop est ainsi un savant engagé qui a rompu dès ses premiers travaux avec l’axiome wébérien de la neutralité scientifique – ce qui est d’ailleurs le reproche principal qui lui a été adressé. Mais Diop est aussi un militant politique qui s’est investi dans plusieurs organisations, dont trois partis politiques qu’il a fondés au Sénégal. Pourtant, alors que son action politique sur plus de quatre décennies est importante, elle n’a pas fait l’objet de la même attention. C’est à une redécouverte critique de cette trajectoire qu’invite le présent numéro de Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique (RHCA). En s’inscrivant dans un renouveau de la biographie politique sur le continent, ce numéro de RHCA entend ainsi contribuer à de nouvelles manières de comprendre les luttes politiques africaines, entre expériences personnelles et aspirations collectives. Trois axes principaux sont proposés, bien que d’autres contributions répondant à la thématique générale du numéro pourront être soumises. Plus qu’une relecture de ses ouvrages et écrits (hormis l’axe 1 qui s’y prête), il s’agit de proposer des articles s’appuyant sur des sources originales : archives administratives coloniales et postcoloniales – notamment celles de surveillance politique –, archives privées, témoignages, sources éditées mais méconnues, etc. Axe 1. La bibliothèque politique de Cheikh Anta Diop S’il existe un vaste corpus sur les généalogies intellectuelles qui ont construit un imaginaire de l’Afrique, on s’est jusqu’à récemment peu intéressé à une histoire des idées politiques sur le continent. Ainsi, la pensée de Cheikh Anta Diop, radicalement originale, offre une voie pour contribuer à une meilleure compréhension des influences, philosophiques, économiques, historiographiques, qui ont contribué à la formation de doctrines politiques. Les réflexions de Diop se lisent à la fois dans son œuvre scientifique mais aussi dans ses contributions plus politiques – que l’on trouve dans les différents journaux où il eut à écrire. Pourtant cette seconde dimension n’a pas fait l’objet de la même attention. Deux sources principales semblent être à l’origine de ses conceptions politiques : le marxisme et le panafricanisme. Si tout au long de son œuvre Diop parle de la constitution d’un Etat socialiste fédéral en Afrique, il ne cesse pourtant de batailler contre le marxisme, la pensée dominante de son époque, en réfléchissant avec et contre elle. Ainsi, la question de la lutte des classes, celle de la collectivisation des moyens de production ou encore de la prise du pouvoir restent des éléments relativement absents des écrits politiques de Diop, et sur lesquels on pourra s’interroger. Par ailleurs Diop est très tôt influencé par les penseurs panafricains, qu’il s’agisse de W.E.B Du Bois, George Padmore ou encore Marcus Garvey. Il s’agit donc ici de mieux saisir les références bibliographiques et les liens qu’eut Diop avec d’autres penseurs politiques, en Afrique et au-delà, et comment ces contacts influencèrent sa réflexion. Axe 2. Histoire sociale du militantisme Le parcours militant de Diop durant près de 40 ans est relativement bien documenté mais certaines de ses singularités restent à éclairer. À partir de la trajectoire du militant Cheikh Anta Diop, cet axe appelle des contributions sur les organisations politiques, syndicales et sur les mouvements culturels qui accompagnent sa biographie politique. Il s’agit de proposer des contributions autour de ces différentes formes d’engagement, notamment quand l’action politique s’exerça dans la clandestinité. Des travaux sur ceux que l’on pourrait nommer les compagnons de Diop permettront de contribuer à une histoire plurielle de ces acteurs. Ainsi, des portraits d’étudiants, de travailleurs, de femmes militantes, ayant contribué à ces luttes des années 1940 aux années 1990, seraient les bienvenus. On pourra s’interroger, parmi ces trajectoires biographiques, sur certaines lignes sociologiques de rupture, entre milieux ruraux et urbains, entre travail intellectuel et militantisme clandestin, etc. Sont attendues des contributions sur le travail politique au Sénégal pendant et hors campagnes électorales – comment édite-on des tracts et les diffuse-t-on, où et qui tient les réunions, en quelle langue se déroulent-elles, sur quelles résolutions débouchent-elles, comment ces organisations sont-elles financées, etc. Des contributions sur l’histoire des journaux d’opposition, certains diffusés clandestinement dans le Sénégal des années 1960 et 1970, seraient appréciées. Qui y écrit, comment sont-ils imprimés ou encore quel est en le lectorat ? Axe 3. Cheikh Anta Diop et les lieux internationalistes de l’action politique S’interroger sur Diop, c’est ouvrir toute une série de questions sur l’histoire politique du continent, notamment quant au périmètre géographique de cette histoire. Si, étudiant et militant à l’AERDA, il eut au début des années 1950 des liens avec la West African Student Union (WASU) – dans laquelle évolue notamment Kwame Nkrumah – on sait peu de choses sur ses contacts avec les milieux anglophones. À partir d’une perspective transnationale, ce troisième axe appelle des contributions sur les formes de luttes dans les Afriques coloniales et postcoloniales en identifiant des circulations et des connexions entre acteurs et organisations. À titre d’exemple, si le parcours parisien de Diop à la fin des années 1940 est connu, plusieurs archives de la sûreté coloniale, à Dakar, montrent que celle-ci le surveille quand il séjourne au Sénégal dès cette époque. Il a en effet sur place des contacts avec des militants de l’Union Démocratique Sénégalaise (la branche locale du Rassemblement Démocratique Africain). Des contributions sont aussi attendues sur les lieux du militantisme de Cheikh Anta Diop après les indépendances. Bien qu’il s’inscrive dans une perspective résolument panafricaniste, on sait peu de chose sur son action politique, et celles du BMS, du FNS et du RND, à une échelle régionale ouest-africaine. On pourra s’interroger sur les perspectives théoriques et pratiques que développent ces trois partis face à d’autres luttes en Afrique (lutte contre l’apartheid, guerres de libération dans les Afrique lusophones) et dans le monde (notamment dans le bloc soviétique comme en Amérique latine). On pourra également proposer, dans une perspective d’histoire sociale des organisations militantes africaines, des contributions sur les rencontres militantes et les liens effectifs qu’elles ont permis de tisser à différentes occasions. Calendrier La sortie du numéro est prévue pour le début de l’année 2023. Le calendrier est le suivant : - Envoi des propositions : 01 décembre 2021 Merci d’adresser un résumé 500 mots maximum accompagné d’une biographie d’environ 100 mots aux adresses suivantes : amboya2...@yahoo.fr et martinmou...@hotmail.com - Notifications aux auteur.e.s : 15 décembre 2021 - Envoi de la première version de l’article : 15 mars 2022 Les articles, entre 35 000 et 55 000 signes, espaces et notes de bas de pages comprises, sans bibliographie finale, doivent être inédits. Les consignes aux auteur·e·s sont disponibles ici : https://oap.unige.ch/journals/rhca/consignes Lire plus : https://oap.unige.ch/journals/rhca/announcement/view/14 Contact: Martin Mourre Institut historique allemand Paris, France Email: martinmou...@hotmail.com __________________________________________________ InterPhil List Administration: https://interphil.polylog.org InterPhil List Archive: https://www.mail-archive.com/interphil@list.polylog.org/ __________________________________________________