Les mots de la faim C'est avec une déception, certes attendue, mais toujours renouvelée que l'indigence des autorités mauritaniennes à résoudre les difficultés des étudiants de l'université de Nouakchott transparaît encore avec acuité.
Que dans notre pays nos étudiants se mettent en grève pour revendiquer leurs droits les plus élémentaires sans être entendus et qu'ils soient amenés à faire une grève de la faim pour se faire entendre, ce sont là sans aucun doute les signes avant-coureurs d'une démocratie qui va vers la faillite. La grève de la faim est l'ultime recours de celui que l'on ne veut écouter, que l'on ignore ou que l'on avilit. L'étudiant mauritanien est dans ce cas. La faim est alors sa façon à lui de s'exprimer et paradoxalement d'affirmer son existence en défiant la mort. Mourir de faim, c'est affirmer par ce geste une forme de résistance comme si dans l'adversité se retourner contre soi, c'est sanctionner les autres à travers soi. La faim est alors une forme de résistance qui met la société au banc des accusés et indexe le pouvoir qui l'immobilise. Massa Makan Diabaté , ce fameux auteur malien, n'écrivait-il pas que « défier le pouvoir, c'est braver la faim et la soif » ? C'est une forme douloureuse mais silencieuse de la protestation. Elle s'exprime en des mots qui sonnent avec douleur. * Pourquoi l'étudiant mauritanien vit des conditions matérielles et morales si précaires dans un pays si riche ? * Pourquoi son université est exsangue et n'arrive point à lui offrir le savoir et la formation qu'il attend ? * Pourquoi la corruption sévit dans un milieu universitaire en lui enlevant sa raison et sa finalité ? * Pourquoi le système éducatif mauritanien est l'un des plus contre-performants du monde ? * Pourquoi le népotisme et la mauvaise gestion gangrènent les structures universitaires ? * Pourquoi la politique de l'enseignement, qui a fait faillite depuis de longues années, n'a pas trouvé moyen de se renouveler ? * Pourquoi l'étudiant, objectif et finalité du service universitaire, n'est-il pas au centre des préoccupations de l'éducation et de la stratégie éducative nationale ? * Pourquoi l'université mauritanienne n'arrive pas à se hisser au rang des universités de la sous région ? Autant de mots que cette faim exprime mais qui tous peuvent se résumer en une phrase : « tant que l'on ne respectera pas la savoir et son vecteur, l'université, tant qu'on ne lui accordera pas la place qui lui revient dans le développement de la nation, l'on ne créera jamais une société digne de ce nom. » Il est vrai que dans une société où l'étudiant, essence humaine et première du savoir , se meurt de faim, par dénuement et par protestation, la seule université qui existe est celle du désarroi. Et le désarroi, pour demain, est une mauvaise école. Pr ELY Mustapha Note: Info source : Pr. ELY Mustapha via www.cridem.org <http://www.cridem.org/> [Les parties de ce message comportant autre chose que du texte seul ont été supprimées]
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