Les indépendants «dépendants » vont bientôt, dit-on, annoncer 
officiellement, leur soutien au candidat indépendant «dépendant » … 
M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Avant eux, une initiative anonyme, 
surgie des turpitudes du lèche-bottisme avait balisé le terrain. Et 
comme par un pur hasard, le jour même ou Zeine Ould Zeidane avait 
choisi d'annoncer sa candidature. 
Une fois les indépendants décidés, ce sera l'acte II d'un scénario 
que les Mauritaniens ont trop vite compris. L'astuce des 
indépendants ressortie de nulle part et savamment exécutée par les 
agents de certaines officines tribalo-adminstratives de l'Etat, est 
en train de se dévoiler. En attendant l'acte III. Celui-ci sera 
encore plus clair, plus pertinent, surtout plus déterminant et aura 
l'avantage de mettre tout le monde, la CENI, les observateurs 
étrangers et la CFCD devant un fait accompli parfait. Alors, il ne 
servira à rien de tirer les sonnettes d'alarme. L'incendie aura déjà 
consumé l'essentiel.
En effet, les leaders politiques de tous bords, au lieu de veiller à 
exercer des pressions intelligentes et soutenues pour imposer le 
respect strict de la neutralité se sont empressés de montrer aux 
militaires que chacun d'entre eux était disposé à jouer le rôle que 
ceux-ci voudraient bien lui confier. Chacun voulait les mettre en 
confiance, conquérir leurs rigueux cœurs, arracher de leurs visages 
figés un sourire qu'il interprétera aux yeux d'une opinion « 
moutonisée » que lui seul avait la bénédiction du fer et du feu. Que 
lui seul allait sortir vainqueur de la grande bataille de l'histoire.
Faisant miroiter à tous les « lionceaux en carton » une certaine 
sympathie, les militaires ont réussi à avoir toutes les cartes entre 
leurs mains. Les putschistes qui craignaient la réprobation du monde 
ont, à la fin d'une déclaration de moins de 145 mots, réussi à « 
acheter » tout le monde. Nos politiciens en premier. L'adhésion au 
projet putschiste commença alors. Sans heurts, ni accrocs. Les héros 
étaient même à deux doigts de devenir des locataires vivants du 
Panthéon de notre peuple. Personne ne voulait voir l'autre face qui 
ne sied pas aux héros : celle de stratèges rodés, formés à 
l'académie d'un régime déchu et sachant bien se comporter notamment 
en face d'une opposition sclérosée et d'une classe politique 
opportuniste et affamée!
A chaque étape du processus qu'ils ont voulu démocratique, basée de 
surcroît sur une concertation qu'ils ont contrôlé de bout en bout, 
ils ont imposé leur vision. Les sujets qui fâchent ont été étouffés. 
Des subterfuges tirés par la queue ont été mis en avant pour qu'un 
déballage salutaire, serein et inéluctable ne puisse jamais avoir 
lieu. Bref, le changement qui leur sied, sera imposé au grand dam 
des Mauritaniens qui n'aspirent pourtant qu'à un changement profond 
et  radical qui mette fin à tant d'années d'errances et de dérives.
Une fois leur démocratie acceptée, les militaires prêtent le flanc 
aux sirènes du conservatisme, aux mafieux de la politique, aux 
roublards tribalistes qui les ont mis en garde contre les dangers 
supposés d'une démocratie réelle, propre et véritablement 
transparente. Tous les « épouvantails » sont agités, remis au goût 
du jour pour les convaincre que même une démocratie mérite d'être 
contrôlée, orientée et même guidée comme un chameau aveugle. Ayant 
pris goût au maroquin, certains membres de la junte adhèrent. Sans 
se poser de questions. Et les mêmes officines font la « stratégie » 
du terrain. Cette stratégie sera celle que nous avons vu à l'œuvre, 
donnant naissance aux indépendants. Elle sera aussi à l'origine de 
la retenue de proximité en vertu de laquelle on intervient dans le 
soutien actif à un candidat sans en donner l'impression. Les hommes 
de paille travaillent dans l'arrière pays pour imposer la victoire 
d'un candidat et les troubadours de second rôle nient, démentent. Le 
pari est de faire un lit parlementaire confortable pour le Cheval 
blanc, harnaché, décoré, encensé, lavé à l'eau de roses et  lancé en 
course depuis de longs mois déjà.  Et les militaires se taisent. Ils 
sont si grands qu'ils ne peuvent pas répondre à chaque accusation. 
Quant ils se fâchent, le « débat doit être clos ». A défaut, ils 
invitent qui veut contester au pugilat. Au mieux, ils 
apprivoisent. « Neutralité n'est pas indifférence ». La formue est 
belle, mais elle en dit long sur la résolution de ne pas être 
indifférent par rapport aux candidatures qui s'annoncent. Et le 
candidat qu'auront soutenu les indépendants sera forcément celui qui 
n'aura pas à pâtir de l'indifférence.
Soyons donc clairs. Le cheval de bataille des militaires passera à 
la vitesse supérieure quant les indépendants auront bien embrayé. 
L'épée, elle, est depuis longtemps trempée à l'encre indélébile. Ils 
vaincront pour que la révolution n'ait jamais lieu. La révolution, 
comme l'a dit un confrère pourra toujours attendre. Demain, quand le 
CMD aura imposé son candidat au terme d'une bataille dont le bilan 
est connu d'avance, nous passerons à la comptabilité des dommages 
collatéraux et de victimes égarées des feux amis. Et la Mauritanie 
saura de combien d'années lumières elle est loin de la démocratie. 
La vraie. Celle que nous méritons.
Amar Ould Béja (L'Authentique)
 


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