Entre vase et sable mouvant
  Choix des leaders vs celui des citoyens
   
   
  Abderrahmane N’GAIDE (Bassel)
   
   
  « … aucun mélange ne peut se faire, si les éléments sont en proportion égale. 
Il faut que l’un d’eux soit supérieur aux autres, pour que le mélange se fasse 
», Ibn Khaldûn, Discours sur l’Histoire universelle. Al-Muqaddima [Traduction 
de Vincent Monteil], Paris,SINDBAD, p. 255. [Là il expliquait le fonctionnement 
de la assabiya, « l’esprit de corps »].
   
   
  MOB plonge dans la vase de SIDIOCA pendant que IMS patauge dans le sable 
mouvant de AOD, plusieurs sont ceux qui le pensent. Pendant que MOB joue à la 
tactique, IMS rejoint sa famille politique. Quoiqu’on puisse dire tous les deux 
font et connaissent la politique et les hommes avec lesquels ils ont fait 
alliance. Nous pouvons être contre leurs choix, ébahis devant leur logique, 
tentés même de rompre avec eux, mais rien y fait la politique marche avec ses 
béquilles et titube sous le poids de son corps. Admettons une chose : la 
transition tire vers sa fin. Chacun pleurera ses larmes, mais elle doit finir 
sa marche et advienne que pourra.
  Ce scrutin constitue, pour moi, une leçon importante et incontournable dans 
l’exercice du politique en Mauritanie. Il est convenu d’analyser ce premier 
tour à l’aune des résultats et les alliances à celle du devenir politique de 
chacun. Les mutations sont en cours. Elles sont incontestables, malgré les 
inquiétudes des uns et le manque de vision des autres. Le peuple s’est exprimé 
; et largement exprimé mettant en compétition deux hommes. Les « faiseurs de 
rois » ont choisi chacun son camp, l’essentiel étant que la transparence du 
deuxième tour puisse nous garantir le satisfecit nécessaire pour que la 
quiétude peuple nos nuits et agrémente nos jours. Voilà l’une des questions les 
plus lancinantes auxquelles nous sommes confrontés. Rien n’est encore perdu, 
car celui qui arrivera au pouvoir se verra obligé de prendre en compte la 
réalité électorale du 11 mars dernier. Je suis presque convaincu de cette donne.
  La politique ne s’exprime que quand elle se libère de ses lourdeurs, 
l’essentiel étant aujourd’hui de porter haut la main les voix de sa base et de 
négocier le virage de demain. Mais celui qui gagnera au second tour doit se 
rendre compte que ceux qui l’ont porté au pouvoir ne sont pas forcément 
amoureux de lui et ceux qui ont exprimé un autre choix ne sont pas ses 
ennemies. Il ne sera pas le président de 50 ou 51 % des suffrages exprimés, 
mais le chef suprême de l’ensemble des citoyens mauritaniens ; et même des 
déportés et exilés. C’est cela le défi qui attend le candidat le plus chanceux.
  Ensuite, le second tour s’annonce serré au point que le candidat gagnant 
doit, obligatoirement, appeler son second afin qu’ils conjuguent leurs forces 
pour le renforcement de la démocratie et œuvrer pour la Mauritanie tout 
entière. Toute autre action conduirait le pays dans une instabilité 
institutionnelle fâcheuse. Je m’explique, si jamais, les accords scellés sont 
trahis de part et d’autre attendons nous à un gouvernement d’entrées et 
sorties, de démissions et de grèves ; en un mot à un pourrissement certain de 
la vie politique mauritanienne dans les cinq années à venir. Que Dieu nous en 
préserve.
  Aussi beaucoup de leaders de la classe politique sont en train de vieillir. 
Une nécessité s’impose ; car l’avenir immédiat de la Mauritanie en dépend. 
Comment créer une nouvelle élite inspirée et qui se donnera comme tâche 
essentielle l’analyse approfondie des réalités électorales mauritaniennes. Une 
large concertation devra sortir du second tour afin de mettre en place une 
nouvelle dynamique d’alliances ; soucieuse de donner à la Mauritanie le visage 
qu’elle mérite et rendre au peuple son droit le plus essentiel : son choix. Les 
raisons visiblement/invisibles [excusez ce jeu de mots] qui guident les choix 
ne doivent jamais constituer des obstacles insurmontables, mais devenir le 
terreau sur lequel se fonderont les lignes politiques de demain. Il est plus 
qu’urgent d’entamer, dès la proclamation des résultats du second tour, une 
analyse impartiale des cheminements, des discours afin de réorienter la 
trajectoire politique de la Mauritanie. Beaucoup sont ceux qui aspirent à
 la politique, il est donc temps qu’ils conjuguent leurs efforts car cinq ans 
c’est vite fait. Tournons les yeux vers l’avenir et expliquons nous les choses 
tel que nous ne l’avions jamais fait sinon nous courrons le risque de rester 
dans les lamentations et les supputations qui ne nous avancent en rien. Le 
surplace tue les ambitions, alimente les sillons des divergences devenues 
ataviques et coagule nos esprits toujours pris dans les pièges des frissons de 
la peur.
  Les suffrages sont loin d’être acquis. Ils restent encore pendant et nous 
pouvons assister à tout. Que ce soit MOB ou IMS [comme nous nous focalisons sur 
ces deux ; légitime !], personne d’entre eux n’est assuré de pouvoir faire 
basculer leur électorat vers la personne de leur choix. Ceci est plus 
qu’évident. Le vote ethnique va fondre dans l’anonymat des alliances scellées. 
Il deviendra l’expression d’une citoyenneté assumée. C’est pourquoi, le boycott 
serait un véritable échec et d’où qu’il vienne. Cela me semble inconséquent 
malgré les sérieuses inquiétudes qui fusent de partout. Maintenant, l’électeur 
est laissé à son seul choix quand il sera dans l’isoloir. Les leaders ont 
négocié leur devenir et aux citoyens d’exercer leur droit. Voilà ce qui me 
semble être logique si jamais nous pensons être sur le champ du politique.
   
Dakar, le 20/03/2007
                
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