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Une pensée pour nos frères déportés
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« Ma visite à Tintane m'a permis de constater ce que je ne pouvais connaître si 
j'étais resté à Nouakchott ». Telle sophistique présidentielle appelle les 
honneurs exégétiques au titre de sacro-sainte parole d’omniprésidence 
providentielle. Vivement le baptême d’un parti présidentiel pour rendre au 
verbe étatique ses rondeurs et son sens politiques. Pour que le peuple n’aille 
pas imaginer que son président élu est vraiment à l’ouest de tout ce qui se 
passe… à l’est de son palais.  Y compris dans les gazras si proches où ses 
services pyromanes expérimentent les autodafés publics. Commettant au passage 
le premier crime de l’état démocratique : en immolant un enfant dans son abri 
de mauvaise fortune (1). Qui doit répondre d’un tel crime ? Le président élu? 
Son gouvernement trié sur le volet? Leur armée kamikaze? Leur police brutale? 
Leur administration impitoyable? A suivre…ici-bas et au-delà ! 

Dictionnaire philosophique
Toujours est-il qu’après un discours télégraphique sur les déportés et 
l’esclavage, et une interview verte et décalée, cette déclaration 
présidentielle de Tintane trahit les limites du changement démocratique. Sorti 
d’une transition militaire dont les putschistes l’accablent encore de leurs 
soins intensifs, il s’avère purement formel. Plutôt folklorique que réel. Ses 
manques et approximations sont de plus en plus parlants. 
A commencer par le discours présidentiel qui fit événement. Tout en accaparant 
l’agenda du gouvernement, il mobilise exclusivement un sur-ministre secrétaire 
général de la présidence (du gouvernement ?) et son inséparable ministre de 
l’intérieur. Le zèle de ce dernier l’empêche même de précéder son président 
«fétiche» au chevet des sinistrés de Tintane. Son action étant dédiée à 
l’assommante paraphrase de ce discours auprès des locomotives serviles de 
l’opinion étatique.
Pourtant de l’aveu même de son auteur, cette allocution ne fut qu’un appel 
préliminaire à l’unité nationale. On est bien loin des lumières occultes d’un 
dictionnaire philosophique. Pour ne pas dire que la rhétorique chétive du 
propos en piège les idéaux déclarés. Tant le locuteur présidentiel limite la 
portée de son message : en amnistiant l’état pour ses exactions avérées. De 
même, il ajourne les conditions d’une justice réparatrice et réconciliatrice: 
en dissociant les déportations massives du passif humanitaire du régime déchu. 
Quand il ne prend pas le risque de parasiter les canaux d’information et de 
sensibilisation populaires : en associant dans son discours le drame des 
déportés et l’ancestral crime d’esclavage. Quant à son interview cathodique et 
sa déclaration de Tintane, elles en signent les aveux officiels d’impuissance.  
 

Dictature parlementaire
Quand une démocratie se limite à un tel discours, c’est qu’elle n’a rien à dire 
et s’enferme dans les demi-mesures bricolées par le système militaire qui la 
parraine et harcèle impunément. Elle en reconduit les pontes pour mieux en 
servir les intérêts. Elle en fonctionnarise les suppôts impénitents pour 
couvrir les complicités diverses qui minent son apparente retraite.
L’opinion marocaine n’en revient pas qui voit débarquer la sûreté de l’état 
pour exfiltrer les aveux du rejeton d’un ex-président écroué dans son royaume. 
Là où la mission d’un simple juge est plus habituelle. La presse n’hésite pas à 
citer le nom de l’ancien chef de l’état et du CMJD parmi les clients éventuels 
d’une enquête policière sur le réseau impliquant déjà le fils de l’un de ses 
prédécesseurs (2). Lequel est aussi signalé en villégiature judiciaire dans ce 
pays. Et jusque-là, aucun démenti ou relais n’est venu relativiser de si graves 
accusations. A croire que des palais de Nouakchott, la vue n’est pas meilleure 
sur ce qui se passe aux frontières du pays. 
Pour autant, cette démocratie quasi- mort-née doit être éprouvée et secourue de 
toute urgence. Par l’opposition politique et la société civile, entre autres. 
Avant que la tyrannie ne recharge ses armes de destruction massive pour toute 
opinion publique. Calibrées à l’instar du futur et déjà ultra propagandiste 
parti du président. Cette créature idéologique qui, au mieux, sonne le retour 
de la dictature parlementaire. Le pluralisme pervers qui prétexte le « 
renforcement de la vie parlementaire » pour enrichir et asseoir ses élites 
mercenaires. Par le détournement légal des fonds dédiés à la promotion de la 
société civile. Au profit des seuls « indépendants dépendants » qui doivent 
leur légitimité électorale à un diktat militaire et putschiste.  D’ici-là, à 
tout bon entendeur, un salut démocratique !

Cheikh Touré 

Notes
1- Le Calame, 8 août 2007
2- Maroc Hebdo International N° 754 du 20 au 26 Juillet 2007 
Article paru dans La Tribune du 14 août 2007. http://contre-x.blogspot.com/



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