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Une pensée pour nos frères  déportés  
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«Ce sont là ces quelques idées que je voulais lancer pour contribuer à 
l'éclaircissement de certains problèmes du pays. Mes chers compatriotes, si 
cela vous semble utile pour ouvrir un débat constructif pour l'avenir du pays, 
je peux continuer… ». C’est ainsi que se conclut la récente contribution 
publique d’un homme qui dirigea la Mauritanie d’une main de fer en 1980-84. « 
Continuez, monsieur le président » se doit-on de répondre à la supplique d’un 
père intimement touché par un Etat des choses qui ne fait plus d’exception dans 
le pays. Les plus chauvins d’entre nous diraient même plus: « chiche, monsieur 
le président, dites-nous tout… ! ». 

Etat narcotrafiquant 
Tant le trafic de drogue en Mauritanie surprend par une démesure qui n’a 
d’égales que l’implication suspecte de l’état et l’impunité dont cette 
criminalité a pu bénéficier. Aussi l’expression d’un ancien président est-elle 
en soi une inestimable plus value pour la parole publique. Un renfort de poids 
dans la quête de vérité en ces temps de liberté surveillée pour la presse et 
les journalistes. Son expérience au sommet de l’état et sa proximité paternelle 
avec l’enquête- son fils étant donné pour l’accusé central dans ce trafic- ne 
peuvent qu’accréditer la gravité de son propos:« le trafic de drogue a commencé 
dans notre pays depuis les années 90. Beaucoup d'observateurs pensent que le 
pouvoir d'alors avait décidé de fermer les yeux sur ce trafic en s'appuyant sur 
la philosophie que la drogue n'est pas consommée dans notre pays et que nous ne 
constituons qu'une zone de passage ». 
Certes, il faut assortir de réserves le jugement d’un ex--président sur la 
politique du régime qui l’a déchu. Tout comme il faut se méfier de la 
subjectivité d’un père éprouvé. Mais quel mauritanien intègre peut le 
contredire quand il dit : « Nous avons vu des marchands ambulants, des hauts 
fonctionnaires de l'Etat, des officiers supérieurs, des hauts cadres des forces 
de sécurité et de la douane devenir des richards. Certains même ont dépassé de 
très loin les fortunes traditionnelles connues dans le pays » ? Même 
l’observateur le moins averti pourrait contresigner cet éloquent constat : « 
cette prospérité qui ne touche qu'une minorité de la population ne pouvait en 
aucun cas provenir des circuits de l'économie nationale ».  

« Mano pulite »  
De leur côté, les autorités « dirigeantes » n’ont pas perdu de temps lors de 
l’arrestation du premier suspect au maroc. En missionnant dans ce royaume les 
plus «hauts fonctionnaires » et « officiers supérieurs » d’hier et 
d’aujourd’hui. Histoire de se prémunir contre les suites d’une enquête 
souveraine et en prévenir les dégâts sur l’establishment national, selon Maroc 
hebdo international (N° 754 du 20 au 26 juillet 2007) : «les autorités 
mauritaniennes ont vite fait de dépêcher des officiels à Rabat…  Il s'agit du 
directeur de la sécurité de l'Etat et du directeur de la sûreté national. 
Arrivés mardi 17 juillet, les autorités mauritaniennes veulent limiter les 
dégâts, sachant que des militaires et responsables de ce pays encore en 
service, voire même l'ancien chef d'Eta t[…] seraient impliqués dans un vaste 
réseau de trafic de drogue et d'armes ». Sûr et jaloux de la qualité de son 
information, l’hebdomadaire indépendant n’hésite pas à citer nommément 
l’ex-chef de l’état et président du CMJD parmi les éventuelles cibles de 
l’enquête. 
Jusque-là, aucun démenti public ni droit de réponse n’est venu relativiser ces 
informations accablantes. Et les principaux concernés semblent opter pour une 
politique de l’autruche qui n’est pas sans alourdir les charges contre une 
génération d’officiers putschistes et de prédateurs publics rattrapés par leurs 
crimes publics. 
C’est dire que les autorités publiques (???), les partis politiques (???) et la 
société civile (???) seraient bien inspirés de répondre à la question que leur 
pose leur ex-président éprouvé: « pourquoi les mutations survenues ces 
dernières années dans le pays n'ont pas attiré l'attention des dirigeants [ 
?]». Autrement dit : pas moins qu’une opération « mano pulite » de grande 
envergure pour désintoxiquer l’administration paramilitaire du pays. A moins de 
concevoir pour la Mauritanie un avenir noir d’état narcotrafiquant ... A 
l’heure où le système mafieux des années 90 tente de se reconstruire dans 
l’urgence… A travers la résurrection d’un parti musée, PPM ou PRDS-bis, où se 
retrouveront tous les symboles des périodes honteuses de notre courte histoire. 
Sous le haut patronage d’un « insaisissable » ministre secrétaire général de la 
présidence (du parti ?) de la république !!! Rien que pour cela, la patrie 
reconnaissante aura besoin de la parole franche et directe d’un président… !

Cheikh Touré
http://contre-x.blogspot.com/
Article paru dans La Tribune du 28 août 2007    



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