Bien dit,mais tu sais très bien que l'auteur de ce mail est incapable de comprendre ces vérités.Il ne peut pas comprendre les dessous politiques ni même les enjeux pédagogiques. Nous le regrettons avec toi. LLC
----- Message transféré ---- De : amadou alpha ba <[EMAIL PROTECTED]> À : [EMAIL PROTECTED] Envoyé le : Mercredi, 5 Septembre 2007, 22h44mn 58s Objet : [flamnet] Arrêtez ces bobards! Arrêtez ces bobards ! Depuis les élections présidentielles et législatives passées, il y a comme un complot qui se joue contre les langues négro-africaines de Mauritanie. Aucun des grands candidats arabes (Sidi et Ahmed Daddah) arrivés au deuxième tour de la présidentielle na voulu prendre une position claire par rapport aux langues pulaar, wolof, sooninke et bamanan. Durant le débat radiotélévisé du second tour, Sidi, lactuel président, nous promettait un débat autour de la question sil était élu. Il nen est encore rien. Ahmed Daddah, quant à lui, tout en promettant de réintroduire les langues dans le système éducatif (accord de soutien avec Ibrahima Moktar Sarr oblige), parlait de « résultats mitigés » de lInstitut des Langues Nationales et refusait doffrir à ces langues le même statut officiel que larabe. Depuis lors, une certaine presse semploie à remettre en cause les acquis de lILN. Pourtant, ceux qui avaient créé et dirigé lInstitut sont encore parmi nous. Hasni Ould Didi (je souhaite quil soit encore en vie), le ministre de léducation de lépoque, peut témoigner des acquis obtenus. Souleymane Kane, lex directeur est encore là. Ly Djibril Hamet, Amadou Oumar DIA, qui ont dirigé les départements de la formation et de la recherche sont encore vivants. Ceux, comme moi, qui avaient eu la chance de participer à cette belle aventure en formant des enfants, en formant des enseignants, en produisant du matériel didactique, en traduisant les programmes scolaires, en concevant des guides pédagogiques innovateurs, sont encore là ! Les élèves de nos classes expérimentales ont grandi, ils sont aujourdhui des ingénieurs, des professeurs, mais aussi des chômeurs comme toute notre populace. Pourquoi alors ces TABANE ne veulent pas aller chercher linformation là où il faut la chercher, parler à ceux qui avaient en charge ce programme, parler à ceux qui ont vécu ce programme et à ceux qui lont subi ? Pourquoi un journal comme la Tribune avec dadmirables journalistes comme Ould Oumère publie-t-il des produits « sans mère ni père » ? LInstitut des Langues Nationales a été la plus belle des aventures que notre pays ait jamais connues. Nous avons pu démontrer à la face du monde que les africains comme le reste du monde pouvaient avoir un système éducatif en cohérence avec leurs valeurs et que nos langues étaient les meilleurs véhicules du savoir pour nos enfants qui les parlaient. LUNESCO avait fait son évaluation, le document est toujours disponible. Il ne manquait que la volonté politique. Mais lInstitut, avant les milliers de négro-africains de Mauritanie, a été la première victime de ce quon appelle aujourdhui le passif humanitaire de TAYA et ses baathistes. Il a subi la mort la plus atroce de la part du despote, il a été sevré et on lui a coupé les vivres au moment où il en avait le plus besoin. Il a résisté à la soif et à la famine quon lui imposait pendant des années, parce que tout simplement il avait la volonté de vivre. Mais un bébé na aucune arme contre une mère qui ne veut pas de lui. Le bébé a été assassiné sans que nul ne sen émeuve. On la noyé dans les eaux boueuses du racisme et de la haine. Ceux qui étaient sensés lui porter secours étaient eux aussi entre la vie et la mort au bagne de Oualata. Les autres sétaient exilés et pensaient dabord à sauver leur propre peau. TABANE lui-même navait pas droit à la parole. Seul Moawiya parlait, seul Moawiya avait le droit de respirer à pleins poumons, seul lui pensait et réfléchissait, seul lui disait ce quil fallait faire et ce quil ne fallait pas faire. Taya pensait, le Baath sexécutait. Taya ordonnait, le Baath appliquait. LILN a été victime de son succès. Les enfants haalpulaar wolofs et soninkés ont été sacrifiés parce que tout simplement, comme tout esclave (ce nest pas une exagération, cest ainsi que le baathisme les considère) on avait pas le droit dêtre plus beau que le maître, on avait pas le droit de manger mieux que le maître, de shabiller mieux que le maître, on avait pas le droit dêtre savant à la place du maître. Or il était prouvé par les évaluations de lépoque que les enfants haalpulaaren, wolofs ou soninkés qui étaient dans les classes expérimentales avaient un niveau scolaire beaucoup plus élevé que leurs condisciples arabisants. Les enfants de CE2 des classes pulaar avaient très souvent un niveau supérieur aux CM2 arabisants ou francisants. Pour Taya, cela ne sappelle pas un succès national, un exemple à méditer, mais une faveur non méritée au profit des noirs méprisés. Pour ne pas répéter lhistoire, pour éviter que lon ne revienne à la situation de lavant et de laprès indépendance quand les cadres étaient majoritairement noirs, la logique baathiste voulut quon stoppa cette expérimentation. Il fallait tuer le poussin dans luf. Lexpérimentation des langues nationales dans le système éducatif était née dans la douleur. Entre 1979 et 1981, contre la circulaire 02 qui renforçait larabe dans notre système éducatif, les élèves et étudiants noirs, soutenus par les mouvements politiques noirs, on voulu montrer que contrairement à ce que croit une certaine pensée, la solution à la crise culturelle et éducative ne réside dans une homogénéisation du système par la langue française, mais bien dans la reconnaissance, la valorisation et le développement par la formation et léducation dans nos propres langues maternelles. Il sagira tout simplement pour nous de sortir de cette aberration pédagogique qui veut quon apprenne ce quon ne connaît pas dans une langue quon ne connaît pas. La science que nous recherchons pour nos enfants nest quun contenu, le contenant ne peut être que ce véhicule quon a appris tout petit à parler et à maîtriser dans ses nuances et ses subtilités les plus profondes. Loin de toute revendication identitaire, qui pourtant se justifie dans le processus actuel de consolidation de notre unité nationale, la question centrale, celle qui est la seule légitime dans le débat actuel dune crise sans précédant de notre système éducatif, est quand et comment les langues nationales voleront au secours de nos enfants sacrifiés par lincohérence dun système qui pense avant tout politique au lieu de résonner pédagogique. Des pays africains - comme le Burkina Faso ou le Mali - commencent à le comprendre et initient chacun à sa façon des modèles dintroduction denseignement dans les langues (et non des langues) dans leurs systèmes éducatifs pour parer aux lacunes et inconvénients de lapprentissage dans une langue étrangère considérée à tord comme langue douverture (je reviendrai la prochaine fois sur cette question). Mais Taya, en 1980, chef détat major de la gendarmerie et membre du comité militaire qui avait la charge de négocier avec les leaders politiques noirs après les crises scolaires dont nous avons parlé plus haut, navait accepté la création de lInstitut des Langues Nationales que parce quil pensait quil fallait tout faire pour calmer la situation politique du pays, et que de toutes façons, comme ne cessait de le répéter ses penseurs baathistes, lILN ne pourrait pas faire mieux que lexemple guinéen de Sékou Touré qui a lamentablement échoué face aux langues nationales. Alors, seulement, larabisation obligée du système se justifierait. Mais lhistoire ne lui donna pas raison. Il fallut passer par la force. Il fallut cruellement assassiner le beau bébé. Amadou Alpha BA MSN Messenger : appels gratuits de PC à PC partout dans le monde ! Découvrez le blog Yahoo! 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