Chères et chers collègues,

je vous transmets ci-dessous un appel à la réouverture progressive des 
universités (BU, soutenances, rendez-vous) selon des normes de prudence 
sanitaire, assorti d’une demande de recrutement massif d’ATER pour assurer une 
rentrée réelle, dans le respect des gestes barrières.
Vous pouvez signer la pétition en ligne : 
https://hebdo.framapad.org/p/9gwc-28c8nrhw0x?lang=fr 
<https://hebdo.framapad.org/p/9gwc-28c8nrhw0x?lang=fr>

En vous espérant au mieux,
avec mes très cordiales salutations,

Sophie Audidière

Pour une université réouverte à tou·te·s et vivante
 
Depuis la mi-mai 2020, un déconfinement a lieu progressivement dans nombre de 
lieux publics en France (écoles maternelles et élémentaires à partir du 18 mai, 
lieux de culte à partir du 24 mai, collèges et lycées dans les zones vertes à 
partir du 4 juin ). Partout, on se réhabitue progressivement à vivre, à 
travailler et à reprendre des échanges sociaux, en tenant compte de la présence 
persistante du virus. 
En contraste avec ce tableau, l’Université sera-t-elle la seule des structures 
publiques en France à rester fermée aux étudiant.e.s et enseignant.e.s 
(certains personnels de l’administration et BIATSS ayant peu à peu repris sur 
place et s’apprêtant à le faire davantage à partir du 2 juin) ? Sera-ce donc le 
seul lieu qui soit désormais considéré comme pouvant être mis en sommeil 
jusqu’en septembre, sans que cela choque la société ni la nation ?
Au rebours de ce choix, nous proposons de rouvrir progressivement l’université 
et de lui insuffler de la vie à nouveau, dans le respect des règles sanitaires 
conjuguées aux divers lieux.
Nos préoccupations sont doubles : elles concernent la période actuelle où tout 
ne peut être mis en veille pendant trois mois ; elles concernent aussi le temps 
de la rentrée. Or, ces deux moments sont liés : car comment aborder la rentrée, 
sans avoir expérimenté, progressivement, la vie de l’université, via un 
déconfinement, comme cela se fait par exemple à d’autre niveaux d’enseignement, 
et y compris en maternelle ?
 
Pour la période actuelle
 
Ce serait faire fi des besoins criants des étudiant·e·s et des chercheur·se·s 
que de maintenir tout fermé. Permettre aux étudiant·e·s isolé·e·s par deux mois 
de confinement de retrouver de espaces propices au travail et aux sociabilités 
est un enjeu majeur. Autoriser les contacts entre les étudiant·e·s et les 
enseignant·e·s qui les suivent pour leurs travaux de recherche, c’est permettre 
de rouvrir certains bureaux, c’est aussi promouvoir des lieux de discussion 
pour des échanges en petits groupes, en respectant les gestes barrières. 
Autoriser les étudiant·e·s àretrouver les bibliothèques universitaires (ou des 
lieux de consultations de livres situés ailleurs) et certains laboratoires est 
indispensable si l’on veut redonner l’accès aux ouvrages, aux médias et aux 
résultats d’expériences indispensables à la réalisation des recherches menées. 
Pour certains étudiant·e·s, des masters et des doctorats sont en jeu. Pour 
d’autres, il s
 ’agit de retrouver une énergie de travail dans la rencontre fructueuse et les 
échanges entre pairs. Si c’est possible pour des enfants, de la maternelle au 
collège, comment cela ne le serait-il pas pour des étudiants, adultes majeurs ? 
Cela ne peut se faire, bien évidemment, qu’en accord avec les personnels 
concernés par ces réouvertures et sous le contrôle des CHSCT. Une ouverture ne 
sera en effet sereine que si elle respecte la santé et la sécurité des 
personnels, des étudiant·e·s et de tous ceux et toutes celles qui fréquentent 
ces lieux. Il faudra prendre en compte les cas des personnels vulnérables ou 
aux pathologies spécifiques, élaborer des chartes à signer par les étudiant·e·s 
(gestes barrières et nettoyage des sièges et des matériels à réaliser par 
chacun·e d’entre elleux), il faudra trouver ce qu’il est possible de faire et 
ce qui serait dangereux de réaliser.
Mais cependant, nous souhaitons affirmer la place essentielle de l'Université 
dans la vie de la nation, tout aussi essentielle que certains lieux de 
production de biens et de services (commerces, lieux et spectacles 
touristiques, lieux de culte, etc.) qui ont été autorisés à reprendre leur 
activité et qui concentrent pourtant davantage la présence d’êtres humains que 
des bureaux ou des salles de travail.
Réinvestir progressivement nos lieux de travail nous permettra d'intégrer les 
comportements visant à nous protéger d'un virus avec lequel nous allons devoir 
apprendre à vivre, et de montrer qu’il sera possible de travailler "en 
présentiel" à la rentrée.
 
            Pour la rentrée 
 
A partir du mois de septembre prochain, la Ministre de l’Enseignement Supérieur 
a annoncé des mesures de contraintes sanitaires très strictes pour les 
universités (4m2 sont à réserver à chaque étudiant.e). Celles-ci ont été 
confirmées par un courriel du président de l’Université de Poitiers ce lundi 25 
mai. L’enseignement à distance ou en « présentiel hybride » nous est imposé. 
Nous ne pouvons nous résigner à recevoir les étudiant·e·s dans ces conditions 
pédagogiques, à délivrer pour de grandes cohortes — comme c’est le cas 
particulièrement en première année — des cours magistraux via l’internet, 
abstraits et avec des interactions possibles avec l’enseignant·e seulement une 
semaine sur 3 ou sur 4 (puisque serait organisé un roulement entre étudiant·e·s 
présent·e·s au cours magistral telle semaine et ceux et celles qui le 
suivraient à distance). Ces propositions d’aménagement correspondent à une 
dégradation majeure des
  conditions d’études – mais aussi de travail des enseignant·es et 
enseignant·es-chercheur·es. Elles risquent de conduire de nombreux·ses 
bachelier·es ou étudiant·es à renoncer purement et simplement à leur 
inscription à l’université face à l’impossibilité économique d’avoir un 
équipement numérique rendu obligatoire et devant l’incertitude de ce que l’on 
peut attendre des études lorsque les conditions de réussite ne sont plus 
réunies mais que le coût en reste élevé. Il est facile – puisque nous l’avons 
constaté durant les deux mois de confinement – d’imaginer les conséquences pour 
des étudiant·es largement laissé·e·s à elleux-mêmes devant un écran 
intermittent ou un téléphone peu lisible, livré·e·s à la solitude de cours sur 
le rythme desquels ielles ne pourraient intervenir pour demander un 
éclaircissement qu’une semaine sur 3 ou 4, coupé·e·s d’une sociabilitéqui 
permet, seule, de donner de l’énergie de
  travail, grâce à un environnement psychique et intellectuel favorable. Les 
différents plans qui ont existé (Plan réussite en licence, accueil spécifiqu
e des premières années) ont cherché à faire diminuer le taux d’échec en 
première année. Le cours magistral en première année à distance via l’internet 
aurait exactement l’effet inverse.
C’est pourquoi, nous refusons cette solution consistant à permettre la 
fréquentation du cours magistral en amphi qu’une semaine sur 3 ou 4 par 
roulement, le reste étant organisé en  distantiel, et proposons au contraire de 
mettre en place des groupes supplémentaires afin que chacun puisse accéder aux 
cours magistraux et aux TD en présence. Il s’agit de faire face à la nécessité 
d’espacer les individus, tout en les recevant dans un contexte pédagogique 
acceptable, seul susceptible de leur offrir les conditions d’une réussite 
réelle. A d’autres niveaux d’études que les premières années, la même question 
se posera et pourra nécessiter, selon les cas, des aménagements nécessitant 
dédoublement des TD et des cours. Il ne s’agit pas pour nous de refuser en bloc 
le recours à des moyens pédagogiques hybrides mais de les réserver pour les cas 
où ils sont réellement efficaces, adaptés au public et permettant une 
interaction correcte et producti
 ve avec l’enseignant·e, comme cela existe certainement dans le cas 
d’étudiant·e·s plus avancé·e·s.
Or, des groupes réduits, cela signifie des moyens supplémentaires pour 
l’enseignement supérieur et la recherche. Un plan spécifique, pour faire face à 
la situation que nous traversons actuellement, sera seul à la hauteur des 
enjeux et des besoins. Des créations de postes sont réclamées depuis longtemps 
par la communauté des BIATSS et des enseignant.e.s-chercheur.se.s. Et cette 
année, avec plus d’acuité encore, l’accueil spécifiquement multiplié dans 
certains cours nécessite des ouvertures de postes, dans l’urgence des postes 
d’ATER. Les jeunes docteur·es et doctorant·es sont des centaines dans l’attente 
d’un poste. Bien sûr, ce sont des postes de titulaires qu’il nous faut, mais 
dans l’immédiat, la demande d’ATER nous semble un horizon possible et 
indispensable ! Le tutorat renforcé ne peut être à la mesure des enjeux.
            Des locaux aussi devront être trouvés pour que, dès que le seuil 
d’accueil sanitaire est atteint, le cours ou le TD puisse être répété par 
l’enseignant ou un collègue sur place ou dans un lieu supplémentaire. 
 
C’est à l’État désormais que nous faisons appel ! Un fond destiné à la reprise 
universitaire après COVID doit être lancé : il s’agit d’abord d’une véritable 
dotation d’urgence, avant un plan à plus long terme. Il faut donner la capacité 
aux établissement de proposer une ouverture saine et efficace (recrutements 
d’ATER, de BIATSS, accès à des locaux nouveaux), dès maintenant et en prévision 
de la rentrée de septembre à venir ! Pour une université qui revit, il faut dès 
maintenant décider de déconfiner.
 
Nous appelons les collègues et les étudiant·es de toutes les universités à 
converger sur la demande d’ouverture partielle immédiate et d’un plan de 
financement exceptionnel de la rentrée et à faire entendre nos demandes, 
notamment en accompagnant ce texte de leur signature.
 
Poitiers, lundi 25 mai 2020

Signature et fonction :  
  
-      Béatrice Bloch, Professeure en Littérature française contemporaine, 
Université de 
Poitiers 
-      Mathilde Carrive, Maîtresse de conférences en Histoire de l'art et 
Archéologie antiques, Université de Poitiers 
-      Anne Jollet, Maîtresse de conférences en Histoire moderne, Université de 
Poitiers 
-      Hélène Stevens, Maîtresse de conférences en Sociologie, Université de 
Poitiers

Signature en ligne
https://hebdo.framapad.org/p/9gwc-28c8nrhw0x?lang=fr 
<https://hebdo.framapad.org/p/9gwc-28c8nrhw0x?lang=fr>



> Objet: [revues_en-luttes] Appel à la réouverture progressive des universités
> Date: 26 mai 2020 à 16:57:58 UTC+2
> À: Revues en lutte Collectif <revues_en-lut...@framalistes.org>
> Répondre à: revues_en-lut...@framalistes.org
> 
> Cher•es,
> 
> Comme évoqué ce matin, voici  le texte qui est aussi une pétition demandant 
> la réouverture progressive des universités dès juin pour les étudiant•es.
> 
> La demande surprend encore un peu. Mais nous sommes convaincues que cette 
> situation de fermeture prolongée est très nuisible à nos étudiant•es, 
> notamment de master, et aussi très dangereuse pour ce qu’elle signifie quant 
> à la place de l’université dans la nation. Je trouve insupportable de voir 
> réouvrir le Puy du fou, les lieux de culte et contraindre à la fermeture des 
> universités. Sans parler des supermarchés, mais ça, on n’y pense même plus...
> 
> Nous avons été quelques-unes à partager ce point de vue et à rédiger ce texte 
> qui demande comme la pétition précédente des moyens pour la rentrée, de façon 
> très pragmatique, dans l’urgence, des postes d’ATER.
> 
> 
> Amitié,
> 
> Anne Jollet
> 
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