*Société française de philosophie*
*Séance du samedi 16 novembre 2019*
16 h 00 - 18 h 00
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Centre Panthéon, 12, place du Panthéon (Paris 5e)
Salle 1 (escalier M, 1er étage)


*Conférence d’Anouk Barberousse, professeure à la Faculté des Lettres,
Sorbonne Université :
Quelle place pour les données dans le raisonnement scientifique ?*

Les théories philosophiques du raisonnement scientifique mettent
tradition-nellement l’accent sur le rapport de confirmation entre
données et hypothèses. Ce faisant, elles assimilent volontiers les
données à des énoncés, de sorte à pouvoir statuer sur leurs rapports
logiques ou probabilistes aux hypothèses. Une telle assimilation ne rend
justice ni à la diversité des données prises en considération
aujourd’hui dans les sciences, ni aux modalités de leur traitement
informatique.

Le but de l’exposé est de prendre au sérieux la nature des données
scientifiques contemporaines et d’étudier quelles transformations elles
font subir au raisonnement scientifique. Que peut-on appeler «raisonner
» lorsque les corpus de données sont non seulement numériques, mais
gigantesques ? Quand les données s’accompagnent de mesures d’incertitude
? Quand elles proviennent de simulations numériques et non
d’interactions physiques avec un instrument de détection ou de mesure ?
L’avalanche actuelle des données
semble rendre caduques les formes traditionnelles de raisonnement
scientifique ; pourtant c’est bien à partir des données que sont établis
les faits que l’on peut chercher à expliquer par des
hypothèses et des théories. Le chemin des données aux hypothèses est
plus long que le supposent les approches classiques du raisonnement
scientifique ; il faut évaluer leur crédibilité, les incertitudes qui
leur sont associées ; il faut parfois les compléter à l’aide de modèles
des phénomènes étudiés. Les modèles sont introduits non seulement dans
les raisonnements qui vont des données aux
hypothèses, mais également dans ceux qui permettent de rendre les
données scientifiquement acceptables. C’est dans le dialogue entre
données et modèles que se construisent aujourd’hui les
raisonnements scientifiques, à l’aide des ordinateurs. Cela ne signifie
cependant pas que le contrôle intellectuel exercé par l’esprit humain
soit devenu superflu.

Inscription conseillée avant le 12 novembre : www.sofrphilo.fr
Prochaine séance : samedi 18 janvier, Robert Pasnau (Univ. of Colorado,
Boulder),
Avant l’épistémologie : la quête prémoderne du savoir parfait.
Société française de philosophie - 45 rue d’Ulm - 75005 Paris


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