http://www.bortzmeyer.org/6770.html

----------------------------

Auteur(s) du RFC: G. Bertrand (France Telecom -
Orange), E. Stephan (France Telecom -
Orange), T. Burbridge, P. Eardley
(BT), K. Ma (Azuki Systems), G. Watson (Alcatel-Lucent - Velocix)


----------------------------


Le groupe de travail CDNI <http://tools.ietf.org/wg/cdni> de l'IETF 
travaille à normaliser les interfaces entre CDN pour permettre à deux 
de ces systèmes de distribution de contenu de coopérer pour servir un 
client. Ce second RFC du groupe (le premier, le RFC 6707, décrivait en 
détail le problème à résoudre et l'état de l'art) rassemble trois 
études de cas, illustrant ainsi par ces scénarios l'utilité du travail 
du groupe.

Un ancien effort de normalisation des CDN à l'IETF avait eu lieu, 
produisant des documents comme le RFC 3570, qui décrivait déjà des 
scénarios d'usage. Ce nouveau RFC remplace ce RFC 3570 ; la 
terminologie est notamment très différente et reprend celle du RFC 
6707. Conjointement avec ce RFC 6707, il va servir de base au document 
« cahier des charges » du groupe de travail CDNI.

Interconnecter des CDN offre en théorie de nombreux avantages : 
améliorer le vécu de l'utilisateur (temps de réponses plus courts, voir 
le RFC 6390) et diminuer les coûts pour l'opérateur (on n'utilise que 
le réseau interne au lieu des lignes extérieures) notamment. Mais, 
actuellement, chaque CDN fonctionne de manière indépendante des autres, 
ce qui fait qu'il n'est pas toujours possible de récolter ces 
bénéfices. Voyons les trois études de cas.

D'abord (section 2), le cas d'un CDN qui a une couverture géographique 
insuffisante. Un opérateur de CDN est présent dans une région donnée 
(mettons l'Europe) mais ne peut pas fournir de service aux lecteurs en 
Asie ou en Amérique. Et imaginons un autre opérateur de CDN en Amérique 
qui n'a pas de présence en Europe. Les interconnecter permettrait au 
nouvel ensemble de servir les deux continents, sans que chaque 
opérateur n'ait eu à supporter d'énormes investissements.

Un autre cas proche est celui où un FAI a construit un CDN en interne 
pour distribuer du contenu dont il a les droits. Un autre fournisseur 
de contenu a déjà un contrat avec un autre opérateur de CDN. Dans ce 
cas, le FAI va recevoir un gros trafic de la part de ce CDN, qui va 
saturer ses liaisons externes, alors que ce contenu pourrait être 
distribué plus efficacement par le CDN du FAI. Pour le FAI en question, 
il serait utile que cet autre CDN puisse s'interconnecter avec le CDN 
du FAI (section 2.3), afin d'améliorer les performances et de 
décongestionner les liens d'interconnexion.

Deuxième étude de cas (section 3), celle où le CDN a une couverture 
géographique jugée suffisante mais des capacités trop petites pour la 
charge. Cela peut être à cause d'une énorme augmentation temporaire de 
la demande (effet Slashdot, dit aussi "flash crowd") par exemple suite 
à un événement particulier. Cet événement peut être prévu - match de 
football à diffuser - ou imprévu. (Le RFC cite l'exemple de la 
vidéodiffusion du mariage d'une célébrité ; il est triste de penser que 
des technologies si sophistiquées servent à de telles conneries.) Le 
CDN menace alors de s'écrouler sous la charge. Appelons un autre CDN à 
son secours ! L'idée est que le gestionnaire du CDN trop petit va payer 
un autre CDN, s'interconnecter à lui, et que les deux CDN feront face 
ensemble à la charge. (Une autre solution serait d'agrandir le CDN, 
mais, avec l'interconnexion des CDN, on peut prendre des marges de 
dimensionnement moins importantes, sans pour autant perdre sa capacité 
de faire face à d'éventuels pics de trafic.)

Une variante de ce cas est la résilience en cas de problème, par 
exemple une attaque par déni de service ou une panne massive d'une 
partie d'un CDN (section 3.2). S'interconnecter à un autre CDN permet 
alors de continuer à fonctionner. Actuellement, chaque CDN doit se 
débrouiller seul en cas de panne.

Dernière étude de cas (section 4), celui où le CDN n'a, ni problème de 
couverture géographique, ni problème de capacité, mais un problème de 
fonctions : le client a des exigences techniques particulières que le 
CDN ne sait pas remplir. Par exemple, un CDN sert du contenu en HTTP 
mais un client réclame qu'une partie du contenu soit servie en HTTPS 
(qui, entre autres, nécessite des processeurs plus rapides, pour les 
calculs cryptographiques) qu'il ne sait pas faire. S'allier avec un CDN 
qui, lui, sait faire du HTTPS, permettrait de rendre le client heureux 
(en lui évitant de signer deux contrats). Autre exemple donné par le 
RFC (mais peu convaincant depuis l'échec ridicule de WAP), celui d'un 
client qui demanderait tout à coup un protocole de distribution qui 
soit spécifique aux engins mobiles, alors que le CDN habituel de ce 
client n'a pas mis en &#339;uvre ce protocole.

Et, bien sûr, exemple évident, un CDN qui serait toujours, en 2012, 
uniquement en IPv4 et à qui des clients réclameraient qu'il utilise 
enfin un protocole de ce siècle, IPv6. Sous-traiter la distribution en 
IPv6, par le biais des protocoles d'interconnexion que concevra le 
groupe de travail CDNI, permettrait au CDN IPv4 d'attendre encore un 
peu.

Plus subtil, le cas où le CDN *peut* distribuer le contenu avec le 
protocole demandé, mais pas avec les exigences quantitatives du client 
(par exemple portant sur la latence). S'associer avec un autre CDN, 
meilleur de ce point de vue, peut être utile.

Dans ces trois cas, si on pouvait facilement interconnecter des CDN, 
tout irait bien et les oiseaux chanteraient plus mélodieusement. Mais, 
à l'heure actuelle, une telle interconnexion se heurte à l'absence 
totale de normes techniques (cf. RFC 6707). Chaque fois que deux CDN 
s'interconnectent, ils doivent développer du code spécifique à ce 
couple. C'est justement le travail du groupe CDNI que de spécifier ces 
normes techniques, en attendant leur futur développement et 
déploiement. Une fois que cela sera fait, l'interconnexion de deux CDN 
ne sera plus « que » une affaire de "business"...

Ah, un petit point à ne pas oublier (section 5), l'application de 
politiques de distribution restrictives. C'est une demande courante des 
clients (distribuer une vidéo en Amérique du Nord seulement, par 
exemple, et donc barrer l'accès aux visiteurs d'autres régions, ou bien 
ne permettre l'accès gratuit que pendant 24 h). Cela ajoute une 
contrainte assez ennuyeuse à l'interconnexion de CDN : il faut aussi 
transmettre ces restrictions. L'annexe A.1 traite en détail ce 
problème.

Dernier problème lors de l'interconnexion, la marque ("branding"), vue 
en annexe A.3. Un CDN qui fait appel à un autre pour traiter une partie 
de son travail peut souhaiter que sa marque apparaisse quand même (par 
exemple, URL avec *son* nom de domaine). La solution d'interconnexion 
doit donc penser à fournir une solution à ce problème.

Merci à Gilles Bertrand pour sa relecture.


---------------------------
Liste de diffusion du FRnOG
http://www.frnog.org/

Répondre à