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Date sent:              Thu, 05 Oct 2000 23:14:03 +0200
From:                   democrite <[EMAIL PROTECTED]>
Subject:                Les liaisons dangereuses de Monsieur Kostnica - par Michel 
Collon
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Les liaisons dangereuses
de Monsieur Kostunica


«Cette fois, j’ai voté Kostunica, car il est honnête. Mais je n’aime
pas les gens autour de lui, et j’espère qu’il saura les maîtriser»,
m’a dit un vieux professeur, ce dimanche 24 septembre, dans un bureau
de vote de Belgrade, où j’étais invité comme observateur
international. Beaucoup m’ont dit la même chose. Qui donc est
derrière
Kostunica?

MICHEL COLLON

Face à Milosevic , incarnant la résistance à l’Otan, les dirigeants
habituels de l’opposition auraient certainement perdu s’ils s’étaient
présentés. Car Draskovic avait baisé la main de Madeleine Albright
(USA) en pleine guerre et Djindjic avait fui en Allemagne. Or, la
grande majorité des Yougoslaves reste farouchement attachée à
l’indépendance du pays.
 L’habileté de la nouvelle stratégie a consisté à présenter un homme
‘neuf’, Kostunica, qui multiplie les déclarations ‘critiques’ à
l’égard des Etats-Unis et de l’Otan. Mais son programme  est celui du
G-17 (voir page 2), un groupe d’économistes yougoslaves  très à
droite: 1. Introduction du deutsche mark comme monnaie nationale! 2.
Forte réduction du budget militaire, ce qui priverait le pays des
moyens de se défendre contre de nouvelles agressions. 3. Alignement
sur les recettes anti-sociales du Fonds Monétaire International. Après
une année de sursis, la partie pauvre de la population serait privée
du ‘filet de sécurité sociale’ qui lui a permis de survivre jusqu’à
présent. Elle devrait acheter les marchandises aux prix régnant en
Europe occidentale tout en disposant d’un pouvoir d’achat actuellement
proche de bien des pays du tiers monde.

Avec Kostunica, Djindjic et le FMI, la population serait-elle
soulagée? Ces mêmes  réformes  ont déjà dévasté des pays comme la
Bulgarie, l’Albanie ou la Roumanie. Un observateur roumain m’a confié:
«On nous avait promis qu’après la chute de Ceaucescu, le capitalisme
sans freins apporterait la prospérité. Mais, aujourd’hui, l’économie
est en ruines. Nous avons ramassé dix milliards de dollars de dettes,
mais on ne voit pas un seul investissement. Les bâtiments en cours de
construction sous Ceaucescu ne sont toujours pas achevés, on ne crée
pas de nouveaux logements, les jeunes sont forcés d’attendre que leurs
parents meurent pour obtenir un appartement. Après avoir cédé à la
mode de la consommation Coca Cola, McDonalds et Cie, ils se demandent:
«Où vais-je trouver du travail pour survivre?»  Beaucoup devront
émigrer. L’Allemagne vient d’offrir dix mille visas pour des jeunes
qualifiés en informatique. Cet exode des cerveaux privera encore plus
le pays de ses moyens de développement.» Beaucoup d’électeurs ont
espéré qu’en changeant de dirigeants, ils seraient débarrassés des
sanctions internationales étranglant leur pays. Mais la victoire de
Kostunica leur apportera-t-elle réellement le soulagement et la
stabilité? Sans doute de l’argent occidental irait dans certaines
poches de ce pays. Le vrai chef de l’opposition, Zoran Djindjic –
l’homme qui tire les ficelles de Kostunica - a reçu des millions de
dollars pour faire le travail de Washington. Et une nouvelle classe
d’hommes d’affaires trépigne d’impatience. Avec les multinationales,
elle exige toutes libertés de mettre fin aux protections sociales.
Pour exploiter à fond une main d’œuvre qualifiée et compétente. Elle
voudrait  imposer une concurrence impitoyable entre travailleurs, les
soumettre à  la peur du licenciement et du chômage , les obliger à
travailler sans respecter la sécurité ni le repos de la nuit ou du
week-end. Comme dans les pays dits ‘avancés’ où une grande partie des
travailleurs se crève au boulot, de plus en plus stressés tandis que
l’autre partie déprime au chômage. Voilà le sort qui attendrait le
peuple yougoslave. Sans compter que la déréglementation chère au
‘G-17’ leur permettrait sûrement de jouir eux aussi de la maladie de
la vache folle, de la dioxine ou d’autres pollutions...

Dans le club des voleurs, il n’y a plus de place
Une grande illusion domine actuellement la jeunesse yougoslave,
trompée par  les promesses de l’Ouest. A juste titre, elle souhaite
vivre mieux. Mais elle croit que si elle accepte les volontés des
multinationales et des dirigeants occidentaux, la prospérité suivra.
Mais d’où provient cette richesse des multinationales occidentales? Du
fait qu’elles ne paient pratiquement pas les matières premières prises
au tiers-monde. Et que dans tous les pays où elles vont exploiter des
travailleurs, elles font tout pour maintenir les salaires au plus bas.
C’est d’ailleurs une règle économique imposée par le système de la
concurrence capitaliste : seul survit, celui qui exploite le plus
fort. Partout donc, leur intérêt est de maintenir au plus bas les
salaires et le niveau de vie général . Sinon, elles partent. Bref, si
les sociétés des pays riches sont riches, c’est qu’elles volent les
pays pauvres. Aussi quand elles promettent à un pays pauvre qu’en se
soumettant, il pourra rejoindre le club des pays riches, c’est un
mensonge. Cette promesse ne pourrait  être tenue: s’il n’y a plus
d’exploités qui se font voler, il n’y aura plus d’exploiteurs qui
s’enrichissent. La seule solution est un monde sans exploiteurs et
sans exploités, un monde de réelle coopération internationale basée
sur la solidarité.

Colonisation ne signifie pas stabilité
La colonisation de la Yougoslavie et des Balkans par l’Ouest
n’apporterait pas la stabilité. Si les inégalités sociales et la
misère augmentent, les peuples prendront conscience qu’ils ont été
trompés, ils se révolteront pour regagner leur indépendance. Comme
déjà en Macédoine et en Roumanie où les élections devraient voir un
retour de la gauche. Pour détourner les révoltes, les Etats-Unis et
leurs amis essayeraient certainement à nouveau d’exciter des
affrontements entre nationalités. Et si ça  ne suffit pas, on verra
alors que les bases militaires de l’Otan ont pour fonction non
seulement des objectifs stratégiques à l’encontre de la Russie, du
pétrole du Caucase et du Moyen-Orient, mais aussi le rôle de réprimer
les peuples des Balkans. L’Otan a soutenu les dictateurs fascistes
Franco et Salazar, elle a mis en place la dictature des colonels grecs
en 1967, puis celle des généraux turcs; elle n’hésiterait pas à
recommencer. Mieux vaut ne pas introduire le loup dans la bergerie. La
résistance est donc la seule voie possible pour assurer la paix et le
développement social dans les Balkans. Milosevic a déclaré : “Si nous
devenions une colonie, nous ne serions jamais libérés des sanctions
(l’embargo), car être une colonie c’est la pire forme de sanctions. Si
nous devenions une colonie, nous n’aurions aucune chance de
développement, ni  à court, ni a long terme.” Sur ce point en tout
cas, on ne peut que lui donner raison.



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Néstor Miguel Gorojovsky
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