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eux mois avant l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie
dans l'Union européenne (UE) le 1
er janvier 2007, les
autorités roumaines ont suscité l'embarras du président de la
Commission européenne, José Manuel Barroso, en lui proposant comme
commissaire roumain une personnalité contestée, le sénateur Varujan
Vosganian, allié du Parti libéral du premier ministre Calin
Tariceanu. Les deux futurs commissaires roumain et bulgare doivent
être auditionnés par le Parlement européen qui devra ensuite se
prononcer.
Les eurodéputés
socialistes ont fait savoir qu'ils n'avaient pas de problème avec le
choix des Bulgares, la ministre des affaires européennes Meglena
Kouneva,
"bien connue pour ses attitudes européennes et son
engagement politique", mais qu'ils en avaient avec M. Vosganian.
Celui-ci, affirment-ils, est
"un inconnu" dont on sait
seulement qu'il est
"clairement situé à droite sur l'échiquier
politique" et qu'il a été
"salarié par de gros magnats".
Les porte-parole du groupe socialiste demandent un examen du
"profil européen" du candidat et de vérifier son
"acceptation des normes et des valeurs européennes". Ils
invitent M. Barroso à maintenir la Commission
"au centre du
spectre politique".
"Je me demande si toutes ces polémiques sur la qualité de la
personne ne sont pas destinées à écarter un libéral", a
répliqué, dans une déclaration au Monde, Annemie Neyts,
présidente du Parti européen des libéraux démocrates et réformateurs
(ELDR). Johannes Laitenberger, porte-parole de M. Barroso, s'est
refusé à commenter la situation créée par la candidature de M.
Vosganian tant que les consultations ne sont pas terminées.
A Bucarest, le premier ministre libéral, Calin Tariceanu, a
confirmé son soutien au candidat roumain et rejeté les attaques
portées contre lui. "Ces accusations et spéculations montrent que
la nomination du commissaire européen représente un enjeu
important", a-t-il dit. Le choix de M. Vosganian est le résultat
d'un troc entre le premier ministre et le chef de l'Etat, Traian
Basescu, qui a obtenu, en échange, l'attribution du ministère de la
défense à un membre de son parti, le Parti démocrate.
Dans un article publié, vendredi 27 octobre, par le quotidien
Jurnalul national, Liviu Turcu, un ancien haut responsable de
la Securitate - la police politique du régime communiste - qui a fui
aux Etats-Unis en janvier 1989, accuse M. Vosganian d'avoir été un
informateur.
"Il a été recruté au début des années 1980, affirme-t-il,
par un des officiers du service que j'ai dirigé dans le cadre du
Centre de renseignements extérieurs." M. Vosganian a aussitôt
nié ces allégations et menacé d'intenter un procès au journal. Le
président roumain, Traian Basescu, a, lui aussi, réagi. "Je me
suis renseigné auprès des services secrets et je vous garantis qu'un
tel dossier n'existe pas", a-t-il déclaré aux journalistes.
M. Vosganian a créé, en 1996, une petite formation de droite,
l'Union des forces démocratiques (UFD), qui recrutait dans le milieu
intellectuel roumain. Il a reconnu avoir bénéficié de financements
d'un homme d'affaires de mauvaise réputation, Sorin Ovidiu Vantu.
Dirigeant d'un petit empire médiatique, il fait partie de ceux que
les Roumains appellent les "nouveaux riches", qui ont
prospéré sur les décombres de l'ancien régime communiste. Le passé
de M. Vosganian révèle aussi sa collaboration avec Rost, une
organisation religieuse de droite qui prône les vertus de
l'orthodoxie.
Le président de la Commission avait en revanche entériné, jeudi,
la candidature de la ministre bulgare des affaires européennes.
Meglena Kouneva sera chargée de la protection des consommateurs, qui
faisait partie jusqu'à présent, en même temps que la santé, du
portefeuille du commissaire chypriote Markos Kyprianou. Membre du
gouvernement bulgare depuis 2002, la future commissaire a été la
principale négociatrice de l'adhésion de la Bulgarie.