2012/6/7 Milie von Bariter <mvbari...@noos.fr>:
> C'est avec ravissement et enthousiasme que je parcours votre beau site mis à 
> jour avec la rigueur qui sied à votre ouvroir.

Cher Provéditeur,
c'est avec un ravissement non moins partagé que nous prenons
connaissance de votre missive.

À ma fort courte honte, je dois avouer que le site de l'Oumupo est
pour l'heure cruellement incomplet ; il y manque notamment les
quelques références que vous aviez eu l'amabilité de me faire parvenir
il y a quelques mois de cela. (J'y pensais ce matin justement, et
m'infligeai mentalement une volée de bois vert pour ma négligence.)

> J'apprécie particulièrement Norman age 29, seul exemple proposé à l'audition. 
> Êtes-vous en contact avec d'autres groupes oumupiens? Je pense notamment à 
> Andrew Hugill en Angleterre, ou l'oumupo qui a travaillé sur quelques albums 
> avec l'Oubapo...

Nous sommes en contact (relativement ténu) avec l'Ousonmupo, et j'ai
eu l'occasion de présenter notre démarche à M. Tom Johnson lors de sa
très belle prestation de février dernier dans le cadre des Jeudis.

> D'autre part, je voulais seulement vous signaler, pour info, que dans le 
> cadre de notre travail au sein de l'Outrapo (ouvroir de tragicomédie 
> potentielle) nous nous étions permis d'empiéter légèrement sur le domaine de 
> l'Oumupo en utilisant une contrainte simple de correspondance notes/lettres.

Vous m'en voyez ravi ; cela fait très exactement sept mois que
j'hésitais précisément à proposer aux Outrapiens de joindre nos
efforts pour d'éventuels projets, expériences et amusements communs !

> Afin de musicaliser un texte de théâtre, dans chaque réplique du dialogue 
> nous avons relevé, dans leur ordre chronologique d’apparition, les sept 
> lettres, A B C D E F G, qui symbolisent les 7 notes de musique, obtenant 
> ainsi, pour chacune des répliques, une suite de notes, donc une mélodie, que 
> nous avons rythmée et harmonisée à notre goût.
> (Il est à noter que l’accent aigü est traduit par l’altération dièse, l’accent
> grave par l’altération bémol)
>
>        Trois cas de figures se présentent.
>        1. La mélodie a un nombre de lettres-notes égal au nombre de syllabes 
> de la réplique. Dans ce cas, le comédien chantera la mélodie pour interpréter 
> sa réplique.
>        2. Le nombre de syllabes excède le nombre de notes. Interviendra 
> alors, en fin de réplique, un chœur parlé qui dira les syllabes 
> non-musicalisables.
>        3. Le nombre de notes excède le nombre de syllabes. Le chœur deviendra 
> alors chanté et chantera donc en fin de réplique les notes exédentes sur le 
> dernier phonème de la réplique.
>        À cette contrainte lyrique, nous avons superposé la contrainte 
> gestuelle suivante : à chaque lettre est associé un geste, exécuté à chaque 
> fois que la note en question est chantée.
>
> Nous avons testé ce principe deux fois avec succès. D'abord sur une scène de 
> Don Juan de Molière, en mai 1999 au cours de la séance inter-ouxpo au Centre 
> Pompidou. Puis sur une fable d'Alfred Jarry, Le Homard et la Boîte de Corned 
> Beef, en l'an 2000, à l'occasion d'un "jeudi de l'Oulipo" où nous étions 
> invités à Jussieu.
>
> Bien entendu ce n'est pas une contrainte musicale très originale, mais s'il 
> vous plaît de tenir l'information pour vos archives historiques, je pensais 
> qu'il était judicieux de vous communiquer notre expérience.

Tout cela me semble effectivement divinement oumupien dans l'esprit
(ou peut-être est-ce nous qui serions outrapiens sans le savoir ?
Vaste question, qui n'est d'ailleurs pas sans évoquer la
pataphysique).

Ce soir même, notre éminent oumupien Jean-François Piette présentera
une pièce de théâtre de son cru, en je ne sais plus combien d'actes et
d'une durée d'environ trente-cinq secondes ; cet ouvrage majeur
présente l'intérêt hautement didactique d'inclure à la fois les noms
de notes à l'anglo-saxonne, et à la latine (altérations comprises).

Quant aux contraintes gestuelles, c'est une spécialité de notre autre
membre Mike Solomon (qui contribue également à la soirée de ce soir, à
sa façon inimitable).

> Cela me permet également de rentrer en contact avec vous plus 
> personnellement. Et me donne l'occasion de vous demander de bien vouloir me 
> faire part de vos activités oumupiennes, si vous le pouvez. Je transmettrai 
> l'information au mieux de mes modestes possibilités car j'ai en effet la 
> mission, au sein du Collège de 'Pataphysique, de coordonner les divers 
> ouvroirs. Et lorsque je pourrai remettre en place une manifestation de 
> l'Ouxpo regroupant la fine fleur du potentiel, j'espère pouvoir vous compter 
> alors parmi nous.

Vous avez tout à fait raison ; même si l'Oumupo n'en est encore qu'à
ses premiers pas (sous sa forme présente en tout cas) il est sans
doute temps pour nous de nous rapprocher de nos homologues plus
aguerris (et prestigieux). En tout cas veuillez recevoir l'assurance
de notre absence totale d'une quelconque velléité de faire "bande à
part", bien au contraire !

Au plaisir de vous rencontrer (par exemple lors d'un jeudi BnF ?).

> Avec tous mes saluts potentiels,
> Milie von Bariter
> (Provéditeur Coadjuteur du Potentiel)

Cordialement et potentiellement vôtre,
Valentin Villenave, pour l'Oumupo.


Répondre à