Francois Lafont a écrit : > > Mais alors, si jamais on monte un disque SSD sans l'option discard _et_ sans > prendre le soin de faire un fstrim régulièrement, alors que se passe-t-il ? > Le disque va se remplir inexorablement au fil du temps
Oui, en quelque sorte. > et à un moment donné je ne pourrai tout simplement plus écrire dessus Non, quand même pas. Mais les écritures seront beaucoup plus coûteuses. > Personnellement, j'aurais plutôt pensé que le SSD fait le trim lui-même tout > seul comme un grand, quand ça l'arrange. C'est impossible puisque le TRIM sert justement à l'informer des blocs qui ne sont plus occupés. Certains SSD ont essayé de faire ça d'eux-mêmes mais ne savaient lire que NTFS. Inutile de dire qu'avec les autres systèmes de fichiers, ça a été la catastrophe. > En fait, je pensais même que le discard ou le fstrim auraient même tendance à > diminuer la durée de vie du SSD vu que ça l'oblige à effacer des cellules à un > moment où, peut-être, ce n'est pas nécessaire. Rien n'oblige le SSD a effacer immédiatement suite à une commande TRIM. Un peu d'explication. Bien que la finalité soit la même, un SSD fonctionne très différemment d'un disque dur. Un disque dur est divisé en secteurs indépendants les uns des autres (à l'exception des disques au format avancé 512e où plusieurs secteurs logiques sont regroupés dans un secteur physique, mais on va faire l'impasse). Chaque secteur a un contenu (que ce soit des zéros ou autre chose n'a pas d'importance) et la modification de ce contenu se fait simplement en écrivant par dessus, comme une bande magnétique. Il y a une correspondance entre l'adresse logique d'un secteur et sa position physique sur le disque (à l'exception des secteurs défectueux qui ont été réalloués). Un SSD est très différent. Les secteurs ne sont pas indépendants : ils sont regroupés en pages (typiquement 4 ou 8 Kio), et les pages sont regroupées en blocs d'effacement (typiquement 1 Mio). L'écriture ne peut se faire que sur une page entière, mais il y a pire : on ne peut écrire que dans une page préalablement effacée. On ne peut pas réécrire directement par dessus une page qui a déjà été écrite, il faut d'abord effacer tout le bloc qui la contient. Or l'effacement d'un bloc est une opération coûteuse, en temps et en usure des cellules. C'est un peu comme écrire au crayon sur une feuille de papier : pour réécrire au même endroit, il faut d'abord effacer à la gomme, ce qui use le papier. A la longue, à force de gommer un emplacement, le papier devient trop usé et inutilisable. Au début, toutes les pages sont vides, tout va bien. On écrit donc sans avoir besoin d'effacer. Quand les données d'une page doivent être modifiées, on écrit les nouvelles données dans une autre page vide et on marque l'anciene page comme obsolète. C'est rapide. Au passage on devine qu'il n'y a plus de correspondance entre l'adresse d'un secteur et sa position physique. Si on ne fait rien, à force d'écrire et de modifier les données, toutes les pages vont finir par être écrites, qu'elles contiennent des données obsolètes ou actuelles. Pour continuer à écrire, il va falloir effacer des blocs de pages contenant des données obsolètes. Si toutes les pages d'un bloc contiennent des données obsolètes, il suffit d'effacer le bloc. Mais si certaines pages du bloc contiennent des données actuelles, il faut les copier dans une mémoire tampon, effacer le bloc et réécrire les données. On ne peut pas faire ça à chaque nouvelle écriture, ce serait trop coûteux en temps et en usure. Pour éviter cette situation, le SSA procède régulièrement à un "ramasse-miettes" (garbage collection). Cela consiste à transférer les données des pages actuelles dans de nouveaux blocs et d'effacer les anciens blocs. Le but est de toujours disposer de suffisamment de pages vides d'avance pour que l'écriture reste rapide. Il ne faut pas le faire trop souvent non plus car, comme tout effacement, cela augmente l'usure. C'est notamment ici que le TRIM intervient : en marquant des secteurs comme obsolètes lors de l'effacement d'un fichier, il facilite le ramasse-miettes. Pour que cela soit efficace il vaut mieux que le système d'exploitation utilise comme unité de stockage des blocs de secteurs coïncident avec une ou plusieurs pages du SSD (d'où les contraintes nouvelles d'alignement des partitions), ainsi tous les secteurs d'une page seront marqués en même temps et la page pourra être écartée. Le TRIM en lui-même ne fait que marquer les données obsolètes, il n'efface rien. Un firmware de SSD bien conçu ne devrait pas déclencher le ramasse-miette en fonction de la fréquence du TRIM mais seulement en fonction du nombre de blocs libres et du taux d'écriture.