Bravo. J'ai tout compris. C'est t'y pas bô la culture quand même, hein
!!!

Le mar 29/07/2003 à 00:29, Claude MICOUIN a écrit :
> Le Lundi 28 Juillet 2003 21:02, raber a écrit :
> >... (dans notre droit) un texte juridique
> > > ne peut pas avoir d'effet rétro-actif,
> >
> > ----inexact Bernard,  dans le cas où la loi antérieure est plus favorable
> 
> Bonsoir. Bien que ça ne règle pas le problème des brevets, je crois qu'un 
> petit point de droit est nécessaire:
> Pour ce qui concerne la possibilité de faire des lois rétroactives, il faut 
> distinguer plusieurs choses.
> 1) Le droit pénal et le droit civil (par là il faut entendre commercial, 
> social, administratif,... bref tout ce *qui n'est pas du droit pénal*). Vous 
> allez comprendre pourquoi rapidement, mais il faut d'abord lever une 
> ambiguïté.
> Quelles est la différence entre les deux? 
>  *Le droit pénal a pour but de punir (pénal), c'est à dire d'infliger un 
> peine, une sanction affligeante (ou afflictive je ne sais plus) et infamante: 
> en clair, de faire mal: exemple: l'amende et la peine de prison. Depuis, on a 
> un peu évolué en y mettant des peines d'intérêt général,... mais le principe 
> est le même. Exemple: vous conduisez en état d'ivresse: si vous vous faites 
> choper, vous pouvez prendre un "manche", un retrait de permis et de la taule. 
> Et ce même si vous n'avez blessé personne. Idem, si vous êtes garés sur une 
> place handicapé (ce que je déteste): il y a infraction même si personne n'a 
> voulu se garer pendant que vous y étiez.
>  *Le droit civil (et par extension "commercial, du travail,...) sert à régler 
> un litige entre deux personnes (par exemple votre voisin a des arbres trop 
> hauts ou trop près de chez vous et ça vous dérange; ou il a fait des travaux 
> et depuis votre mur est fissuré; ou alors c'est votre teinturier qui a foiré 
> le travail de détachage (il n'y a plus de tache puiqu'il y a un trou à la 
> place). Dans ce cas-là, le but n'est pas d'infliger une peine à son 
> adversaire, mais d'obtenir réparation ou de faire cesser une gêne (des arbres 
> trop hauts et trop près de chez moi, et mes tomates ne poussent plus). Donc, 
> votre adversaire n'ira pas en prison, ne paiera pas d'amende. Par contre, il 
> pourra devoir vous payer des dommages et intérêt (parfois très élevés).
> 
> Toujours là? Je continue ;-)
> 
> Dans le droit civil, l'affaire se joue entre les parties (non, c'est pas 
> obscène!), c'est à dire les adversaires et c'est le juge qui tranchera. Le 
> ministère public, c'est à dire le procureur (on dit aussi le parquet) 
> n'intervient qu'exceptionnelement. Donc, si une affaire ne relève pas du 
> droit pénal (parce que ce n'est pas une infraction), vous ne pouvez pas 
> porter plainte et vous devrez assigner votre advesaire vous-même (souvent en 
> passant par un avocat) -contravention --> tribunal de police
> 
> Dans le droit pénal, c'est le parquet qui intervient (à titre principal) 
> contre l'accusé: les parties civiles (les victimes) n'interviennent qu'à 
> titre secondaire dans la procédure (c'est le contraire du droit civil). Vous 
> pouvez porter plainte uniquement si il y a une infraction: les moins graves 
> sont les contraventions --> tribunal de police; ensuite: les délits --> 
> tribunal correctionnel; les plus graves ensuite sont les crimes --> les 
> assises. Bien sur, il y a une définition précises pour chaque.
> 
> Parfois, un fait relève du droit pénal uniquement (stationnement interdit qui 
> n'a gêné personne) , ou du droit civil uniquement (mon voisin a planté des 
> arbres à moins de deux mètres de la cloture: ce n'est pas une infraction 
> pénale) ou les deux à la fois (il m'a mis son poing dans les dents: c'est un 
> infraction pénale -coups et blessures- et il m'a causé un préjudice: il devra 
> me payer un dentier tout neuf!).
> 
> Ça commence à s'éclaircir cette distinction? Bien:
> 
> Les lois ne sont en principe *pas* rétroactive. Cette interdiction est 
> imposée par deux textes juridiques qui n'ont pas la même valeur.
> 
> Pour le droit civil, cette interdiction est imposée par le code civil, c'est 
> à dire (pour cette article) par la loi elle-même.Or, ce qu'une loi fait, une 
> autre loi peut le défaire. Donc, le législateur (et lui seul) peut voter une 
> loi rétroactive, mais à la condition qu'il le précise et dans les conditions 
> qu'il pose. Sinon, elle n'est pas rétroactive. On a eu des cas de lois 
> rétroctives en droit social, du travail, des assurances,... pour faire cesser 
> des situation inacceptables parce que trop injustes ou pour désamorcer des 
> conflits sociaux, donc parce qu'on estime que tout le monde ou presque y 
> gagne. Mais, je le répète, c'est uniquement le législateur (le Parlement) qui 
> peut le décider: un maire, un ministre, un préfet qui pond un décret, un 
> arrêté, ne peut pas le faire rétroactif. Par exemple, si vous obtenu votre 
> permis de construire, si la règlementation change (on ne veut plus de volet 
> marron, mais on les veut vert), vous n'êtes pas concernés pour le permis de 
> construire déjà obtenu (pour un nouveau, ce sera autre chose)
> 
> Pour le droit pénal, c'est fondamentalement différent: en effet, il s'agit là 
> de la liberté ou de l'honneur d'une personne qu'il s'agit. Il faut le maximum 
> de garanties. D'abord, la liberté dans une démocratie, c'est de pouvoir faire 
> tout ce qui n'est pas interdit. Ça a l'air d'une lapalissade, mais ça ne 
> l'est pas. Ça veut dire que par principe, je peux faire ce que je veux et que 
> c'est au législateur de préciser clairement (et de le publier) ce qui est 
> interdit  Dans une dictature, c'es le contraire: tout ce qui n'est pas 
> autorisé est interdit: ça veut dire que avant de faire quelque chose, je dois 
> demander la permission (c'était le cas de l'URSS notamment).
> Sinon, un juge pourrait condamner quelqu'un pour un fait qui n'est pas 
> précisé par la loi comme une infraction. Exemple: vous vous garez sur un 
> endroit qui n'est pas interdit (le long d'un trottoir dans une rue sans 
> panneau d'interdiction par exemple): un gendarme ou un garde champêtre qui ne 
> m'aime pas me met une amende: or, en consultant les tables de la loi, on 
> s'aperçoit que ce n'est pas interdit à cet endroit-là. Le juge doit me 
> relaxer. Et s'il lui prenait de décider que ce n'est pas autorisé (en clair 
> qu'il fasse la loi) vous imaginez les dérives. C'est d'ailleurs ce que 
> précise l'article 4 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen 
> lorsqu'elle dit que "Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi".
> 
> ******************************************
> http://www.justice.gouv.fr/textfond/ddhc.htm
> 
> Article 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à 
> autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes 
> que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces 
> mêmes droits. *Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi*.
> ********************************************
> 
> Bon, ben, c'est pas dur: il suffit de pondre une nouvelle loi qui interdit 
> (pénale) et qui est rétroactive. Vous vous êtes garés à un endroit autorisé: 
> le lendemain de votre départ, le maire prend un arrêté qui interdit le 
> stationnement à cet endroit et fait mettre un panneau; et on vous colle un 
> manche!! C'est une loi pénale rétroactive. Et on va pouvoir mettre à l'amende 
> tous ceux qui se sont garés là depuis des années. Imaginez la même chose pour 
> des crimes et des délits. On va interdire la copie privée et on va poursuivre 
> non seulement ce qui *vont faire* des copies, mais aussi ceux qui *ont fait* 
> des copies alors que ce n'était pas interdit. C'est bien pour ça que 
> l'article 8 de la même "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen" 
> stipule que les lois pénales ne peuvent pas être rétroactives. Sinon, on 
> rentre dans "Matins bruns"... (à la fin).
> 
> ********************************** 
> Article 8 - La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment 
> nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et 
> promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.
> **********************************
> 
> Or, cette fameuse Déclaration est intégré dans la Constitution française qui 
> a une force supérieure à la loi et qui s'impose donc au législateur. Une loi 
> pénale rétroactive serait inconstitutionnelle et serait invalidé (sauf coup 
> d'état...). Il y a quand même un cas où c'est possible: c'est quand la 
> nouvelle loi est plus douce que l'ancienne. Logique: un loi interdit quelque 
> chose sous peine de 2 ans de prison par exemple et un individu est poursuivi 
> car il a fait ce quelque chose. Un nouvelle loi aggrave la peine encourue à 5 
> ans de taule. L'individu en question ne risque que 2 ans et pas 5 ans. Si la 
> nouvelle loi ne prévoyait que 1 ans de taule, l'individu ne risquerait que 1 
> ans si la loi était rétroactive. Et il me semble bien que le Conseil 
> constitutionnel a précisé qu'une loi plus douce était de fait rétroactive 
> automatiquement (à vérifier)
> 
> Bon, j'espère que je ne vous ai pas trop cassé les pieds avec tout ça;-)
> A+


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