La prochaine séance de l’ATELIER BERGSON aura lieu sur Zoom le 14 juin 
2022 de 10h00 à 12h30 (heure de Paris)

Lien Zoom: 
https://cnrs.zoom.us/j/95096060568?pwd=ek43aEpvYmFocGFOejlqc0tKdkd2UT09
Meeting ID: 950 9606 0568

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BERGSON ET LA LITTERATURE

Bruno Clément (Paris VIII) – Pour une chorégraphie du discours 
philosophique – sur quelques propositions d’Henri Bergson

Si Bergson n’a guère cessé de dire l’utilité, et même l’efficace du 
langage ordinaire, il a toujours pris soin de cantonner son usage à des 
champs de pensée éloignés de celui de la philosophie : conversation, 
communication, sciences, etc. C’est que la condition spatiale du langage 
le rend inapte « à l’appréhension des objets qui n’occupent point 
d’espace » : la liberté, la religion, la durée, le bien, la vérité, 
etc., qui sont précisément ceux de la philosophie.
L’entreprise de Bergson est avant tout une entreprise langagière. À de 
nombreuses reprises, il s’est exprimé sur l’urgence pour le philosophe 
de forger une langue qui échappe à sa condition spatiale – une langue, 
dit-il parfois, qui ne sera évidemment pas privée de mots, mais par 
laquelle le philosophe veillera « surtout à nous faire oublier qu’il 
emploie des mots » !
Je me propose d’abord de rappeler quelques-unes de ces propositions 
paradoxales, voire provocatrices, parce que je crois qu’une lecture de 
Bergson qui ne les prendrait pas en compte lui manquerait gravement. 
Mais j’aimerais aussi envisager quelques-unes des conséquences qu’elles 
pourraient avoir pour la philosophie et pour la pensée en général. Car 
être attentif au « rythme, à la ponctuation », à ce que Bergson appelle 
« la chorégraphie du discours » philosophique, ce n’est pas seulement – 
en fait ce n’est pas du tout – faire valoir ses qualités esthétiques, sa 
beauté, son élégance (toutes qualités sous lesquelles on a bien souvent 
étouffé la pensée de Bergson) c’est voir, c’est entendre dans les 
thèses, dans les systèmes, dans les concepts forgés par les philosophes 
tout autre chose que ce qu’ils semblent dire. « Ce serait se tromper 
étrangement, dit encore Bergson, que de prendre pour un élément de la 
doctrine ce qui n’en fut que le moyen d’expression ».
J’essaierai de prendre au sérieux ces propositions, de les rendre à une 
radicalité qu’il est tentant d’édulcorer – pour ne pas dire d’occulter.

Clément Girardi (Sorbonne Université, CELLF) – Bergson et Handke : une 
écopoétique du lieu commun

Je m’intéresse à une utilisation quelque peu paradoxale des concepts de 
Bergson, mais historiquement bien représentée chez ses lecteurs 
écrivains, qui consiste à tirer de lui une théorie de la création comme 
recherche de la spatialité. Craignant de voir la philosophie 
bergsonienne du devenir attenter au langage, et donc à la possibilité 
même de la communication, ils veulent qu’une création sui generis appuie 
dans le sens des mots, pour leur redonner un peu d’épaisseur : à travers 
le concept de « lieu commun », cette nécessité de prendre la défense du 
langage se dit finalement en termes d’espace, comme s’il importait de 
faire contrepoids à l’éloge de la durée. Je montre qu’en ayant l’air de 
faire un reproche à Bergson, ses premiers commentateurs ne font pas 
autre chose que lui emprunter de quoi légitimer opportunément leur 
existence comme critiques littéraires. Mais je suggère surtout que le 
même schéma se retrouve à l’autre extrémité du XXe siècle chez Peter 
Handke, lui aussi défenseur des formes littéraires, mais chez qui la 
défense des lieux communs de la culture produit une écopoétique 
singulière. Écrire, pour lui, c’est aménager un lieu commun, 
c’est-à-dire préparer le moment d’hospitalité qui permettra que la 
rencontre avec l’autre, y compris non-humain, ait lieu. Mais l’étrangeté 
de l’autre, même humain, est en même temps posée comme indépassable, de 
sorte qu’il n’y a pas d’autre relation à espérer au-delà de la seule 
rencontre, ni d’autre communauté à chercher que celle qui tient au lieu. 
Une certaine forme d’hospitalité tend à se poser ici comme la figure 
inverse de la sympathie bergsonienne.

Chair : Ioulia Podoroga (Institut de philosophie de l’Académie russe des 
sciences)

Organisé par Mathilde Tahar (Université de Toulouse II) et Caterina 
Zanfi (CNRS/ENS).
Programme complet et abstracts : https://bergson.hypotheses.org/1938.

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> Dominique Lainey
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