Bonjour,

On a déjà pas eu pas mal d'occasions pour débattre de l'intérêt du
peering régional. Un argument que je n'ai encore jamais suffisamment
développé est celui de la sûreté nationale, que je pensais
suffisamment implicitement évoqué lorsqu'on développe celui de la
robustesse des réseaux.

Par sûreté nationale, on entends plusieurs points clefs :
- Le maintient des communications de l'état, principalement les
broadcasts TV et radio
- Le maintient des communications stratégiques, généralement sur
infrastructures militaires donc hors de notre périmètre, mais allez
savoir...
- La protection des infrastructures stratégiques en cas d'attaque
ciblée ou d'invasion
- Enfin, dans une moindre mesure, la protection des outils productifs
permettant de limiter l'impact de toute attaque sur l'économie
nationale

Bon, tout ça, ça fait un peu scénario catastrophe voir
pots-apocalyptique, et encore, si vous avez lu "When Sysadmins Ruled
the Earth", vous savez que ça peut aller plus loin :

- Maintient en condition opérationnelle des services de communication
électronique utilisés à des fins logistiques et politiques
(refondation d'une gouvernance de crise)
- Préservation du patrimoine culturel, informatif, et à la limite des
services commerciaux.

Le travail d'inventaire, élaboration de recommandations, scénarios et
plans de continuité de service, est du ressort de la DCRI, qui en
toute logique peut s'appuyer sur l'ANSSI afin de mieux se préparer aux
cas d'attaques immatérielles.

Concrètement, ça se passe de la façon suivante : les gros opérateurs
de télédiffusion, et donc maintenant de triple play, rencontrent la
DCRI pour causer des réponses possibles à divers cas de figure. Par
exemple, comment maintenir la télédiffusion nationale lorsque la
prochaine crue de la Seine aura impacté les cœurs de réseau de
certains opérateurs (installés en zone inondable... Voir en sous-sol
sous un parc...) ?

Ce qui est assez amusant, c'est de voir que la plupart des opérateurs
envoient les mêmes gens que pour causer au régulateur : le service
juridique. Alors que la problématique me semble plutôt éminemment
technique. Mais sans perdre de temps à pointer cette anomalie du
doigt, une autre question se pose en forme d'universalité des mesures
de PCA sur tous les services de communication électronique.

Comment assurer la continuité du fonctionnement d'Internet en cas de
pépin le jour ou tous les foyers seront équipés de TV connectées ? De
postes de radio IP ? Que tous les canaux de diffusion d'information
sont "dans le cloud" au mains d'entreprises privées pas forcement
nationales, et donc pas forcement au fait de la couche physique qui
les raccorde au troul-du-cul-en-larzac ?

De façon plus pragmatique, laissons donc de coté les scénario
catastrophes un instant.

Comment structurer un PRA ou PCA aussi bien dans le cadre d'une
entreprise simple cliente de services d'opérateurs ? Comment assurer
la continuité de service d'un opérateur si ses deux principaux
transitaires flappouillent et qu'un de ces datacenters n'a plus de jus
? Comment se prémunir du fibercut de la triple-adduction-super-safe
qui tombe en un seul coup de pelleteuse ? Comment s'assurer que le
commercial de l'opérateur aux SLA magiques est pas juste en train de
servir un bullshit pour vendre un service en carton ?

J'ai bien quelques idées, mais je ne suis pas sur qu'elles vous
plaisent. Alors j'aimerais qu'on s'organise pour en débattre et
travailler sur des recommandations de bon sens afin de prendre ces
problématiques en considération.

J'espère que de telles recommandations puissent, d'une façon ou d'une
autre, recevoir une reconnaissance quasi-normative, si ce n'est
réglementaire, car j'ai la très nette impression qu'on est globalement
irresponsables sur le sujet à force de se reposer sur des SLA bien
vides de sens.

De telles dispositions passeraient, entre autre, par l'exigence d'une
totale transparence des opérateurs vis à vis de la qualité de leurs
infrastructures, reléguant au statut de pratique obsolète et
irresponsable le principe de sécurité par l’obscurantisme. Notez qu'il
serait bien temps que ce principe soit admis.

Ça risque de faire court, mais j'aimerais que ce sujet soit abordé au
prochain FRnOG, ou au moins au suivant, et qu'on en sorte au moins
avec quelques points clefs dans nos ToDo lists.

Bien cordialement,

--
Jérôme Nicolle
06 19 31 27 14


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