http://www.liberation.fr/page.php?Article=387733

La foire des drones chez EADS

Projets concurrents pour ces avions sans pilote au sein du groupe  
franco-allemand.
par Jean-Dominique MERCHET
QUOTIDIEN : mardi 06 juin 2006

Chez EADS, les drones sont des avions sans pilote. Vraiment sans pilote !  
Plus personne ne comprend ce que veut vraiment le géant européen de  
l'aéronautique dans ce secteur en plein développement. En principe  
associés dans le même groupe, Français et Allemands tirent chacun de leur  
côté sur le manche à balai. Au risque de se retrouver bredouille, EADS  
court plusieurs lièvres à la fois : le SIDM, l'EuroMale, l'EuroHawk, et  
maintenant le Barracuda... «La situation est un peu confuse», reconnaît-on  
au ministère français de la Défense. «Personne ne comprend ce que veut  
vraiment l'Etat !» soupire un industriel français. Une seule chose est  
sûre : il n'y a pas d'Eurodrone en vue.

Résultat : ni l'armée de l'air ni la Luftwaffe ne peuvent aujourd'hui  
déployer de drones, ces avions de reconnaissance pilotés depuis le sol.  
Les Américains, eux, les emploient régulièrement depuis plus de dix ans.  
Chaque jour, ces appareils volent au-dessus de l'Irak et de l'Afghanistan,  
filmant, écoutant et parfois ouvrant le feu sur les groupes armés. Sur le  
plan industriel, l'Europe a désormais pris un retard quasiment impossible  
à combler par rapport à ses concurrents, les Israéliens et les Américains.  
Plutôt que développer une filière européenne, les Français ont d'ailleurs  
choisi de travailler avec les Israéliens... alors que les Allemands  
préfèrent les Américains.

Côté français, EADS s'est engagé dans le programme EuroMale, développé à  
partir d'un engin israélien, l'Eagle 2. Dans EuroMale, si Male est  
l'acronyme de «moyenne altitude longue endurance», Euro ne veut pas encore  
dire «européen». Pour l'instant, c'est plutôt FrancoMale. «Ce projet tarde  
à réunir les partenariats européens indispensables à sa réalisation»,  
constatent les sénateurs Philippe Legrix et Maryse Bergé-Lavigne dans un  
récent rapport. «Les discussions se poursuivent, en particulier avec les  
Espagnols», indique prudemment François Hubert, de la délégation générale  
pour l'armement. Les Allemands ne sont pas intéressés et les Britanniques  
ont «fermé la porte», préférant travailler avec Thales. En attendant, les  
militaires français devraient recevoir un autre drone moins perfectionné,  
le SIDM. Encore un engin israélien rééquipé par EADS. Trois exemplaires  
devaient être livrés durant l'été 2003. Las ! des problèmes de  
transmissions satellitaires ont retardé le programme, et les appareils  
n'ont toujours pas effectué leur premier vol sur la base d'essais d'Istres.

Côté allemand, EADS Germany travaille avec l'américain Northrop-Grumman  
pour développer l'EuroHawk, un avion de très grande taille (35 mètres  
d'envergure) capable de voler à vingt kilomètres d'altitude pendant un  
jour et demi. Soucieux d'acquérir un savoir-faire maison en matière de  
drones, EADS Germany, associé cette fois avec Casa, la branche espagnole  
d'EADS, a par ailleurs construit son propre engin, baptisé Barracuda.  
«C'est un bon outil pour acquérir une expérience en matière de vol de  
drone», reconnaît un spécialiste du dossier. Propulsé par un réacteur et  
étant de forme très aérodynamique, le Barracuda ressemble plus à un drone  
de combat qu'à un engin de reconnaissance. Problème : là encore, Allemands  
et Français font chambre à part. Ni EADS France ni le ministère de la  
Défense ne participent au projet. Car la France a également son propre  
programme de démonstrateur de drone de combat, le Neuron. Un projet  
vraiment européen, celui-là, piloté par Dassault et qui associe la Suisse,  
la Grèce, la Suède, l'Italie et l'Espagne. Mais pas l'Allemagne.

Ce divorce franco-allemand illustre les limites de l'assemblage qui a  
donné naissance au groupe EADS, lors de la fusion de Matra-Aérospatiale et  
de DASA (Daimler-Benz Aerospace). Dirigée par l'Allemand Johann Heitzmann,  
la branche d'aéronautique militaire du groupe reste très germanique. Un  
peu trop pour les Français, qui tordent le nez en lisant sur Internet  
l'historique de l'entreprise : aucun avion français, mais le Messerschmitt  
109 ou le Heinkel 111. Des appareils de la Seconde Guerre mondiale qui  
n'ont pas laissé que de bons souvenirs de ce côté-ci du Rhin. Et qui  
avaient des pilotes à bord.

--~--~---------~--~----~------------~-------~--~----~
You received this message because you are subscribed to the Google Groups 
"guerrelec" group.
To post to this group, send email to guerrelec@googlegroups.com
To unsubscribe from this group, send email to [EMAIL PROTECTED]
For more options, visit this group at http://groups.google.com/group/guerrelec
-~----------~----~----~----~------~----~------~--~---

Répondre à