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Date: Fri, 26 Jan 2007 10:47:46 +0100 (CET)
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Subject: [cspcl] Les soins  me'dicauxorganise'sd^O`en bas : l^O`expe'rience
    zapat iste

Les soins me'dicaux organise's d'en bas : l'expe'rience zapatiste

11 janvier 2007.

Dans son communique' du 24 de'cembre, le lieutenant-colonel Moise's de
l'Arme'e zapatiste de libe'ration nationale (EZLN) invitait les gens du
monde entier a` la premie`re << Rencontre des Peuples zapatistes avec les
Peuples du Monde >>. Il disait : << Nous essayons seulement de montrer ce
que nous sommes en train de construire, avec beaucoup de difficulte's, mais
aussi avec le grand de'sir de construire un autre monde, ou` ceux qui
commandent, commandent en obe'issant. >>

Cette rencontre – tenue a` Oventik, au Chiapas, du 30 de'cembre au 2 janvier
– a marque' le premier e'change formel d'expe'riences entre les cinq Conseils
de bon gouvernement des communaute's zapatistes et leurs visiteurs venus
des quatre coins du monde. Plus de 2 000 personnes de 48 pays diffe'rents
ont fait le de'placement, selon le de'compte officiel enregistre'. Les
zapatistes ont e'te' les ho^tes de six sessions coordonne'es pour dialoguer
sur l'autonomie et l'auto-gouvernement, la question des femmes,
l'e'ducation, la terre et la territorialite', l'art et la communication
alternative et, bien su^r, la sante' [plus l'Autre commerce, note du Cspcl].

Les soins me'dicaux dans les communaute's zapatistes indige`nes du Chiapas
ont longtemps e'te' me'prise's par le gouvernement mexicain. La pe'nurie de
mate'riel me'dical et de moyens de transport, la perte des connaissances
me'dicales traditionnelles, les obstacles a` l'e'ducation sexuelle et les
proble`mes de de'pendance a` l'aide e'trange`re ont e'te' quelques-uns des 
the`mes
traite's par les cinq Conseils de bon gouvernement et les de'le'gue's de
l'exte'rieur participants a` la session du 31 de'cembre sur la sante'. C'est
pour ces raisons que les communaute's zapatistes ont organise' leur propre
re'seau de soins me'dicaux et ont demande' l'aide et les ressources d'autres
organisations du Mexique et du monde en solidarite'.

Celia, une coordinatrice de sante' de la zone nord d'Oventik, a raconte'
comment les ressources de l'exte'rieur ont encourage' les projets autonomes
de sante'. L'ho^pital de Guadalupe a` Oventik, construit en 1991 par les
communaute's zapatistes locales, avec l'appui de donateurs e'trangers, est
la fierte' des communaute's locales. Cet ho^pital, qui fonctionne sans l'aide
du gouvernement, fournit un service a` tous ceux qui souffrent de
discrimination dans les institutions d'E'tat. Karina, membre du Conseil de
bon gouvernement et repre'sentante de la zone de Sante' du Caracol 1, celui
de La Realidad, a aussi de'peint l'investissement dans le syste`me de sante'.

Vers une solidarite' continuelle

Le syste`me de soins me'dicaux des zapatistes a e'te' largement reconnu, tant
au niveau national qu'international, pour avoir apporte' traitements et
me'dicaments a` plus d'hommes, de femmes, d'enfants et d'anciens indige`nes
ruraux que le gouvernement et le secteur prive' ne l'avaient jamais fait.
Gra^ce a` l'entrai^nement des << promoteurs de sante' >> recrute's dans les
communaute's, les efforts ont aussi mis en avant la me'decine pre'ventive,
l'e'ducation a` la sante' et la pre'servation de l'herboristerie et des autres
formes de me'decine traditionnelle. La solidarite' internationale a permis
aux communaute's de construire des cliniques et l'acquisition de mate'riel
et d'ambulances. Mais le manque de suivi de la part de certaines
organisations de solidarite' a fait que des projets importants ont e'te'
interrompus ou suspendus apre`s avoir e'te' mis en train.

Par exemple, lors d'une re'cente visite de votre correspondant dans une
communaute' zapatiste de la re'gion de Las Ca~adas (des gorges), un
promoteur de sante' local alertait contre le de'veloppement d'une de'pendance
des aides e'trange`res. En parlant avec l'Autre Journalisme, le promoteur de
soins me'dicaux faisait remarquer que les infrastructures modernes
requie`rent des investissements continus pour pouvoir e^tre ope'rationnelles.
La question va bien au-dela` des << infusions >> de fonds occasionnelles et
uniques. C'est le cas d'une petite clinique de Las Ca~adas d'Ocosingo. Une
plaque comme'morative des donateurs est accroche'e sur le mur de la clinique
a` la peinture de'lave'e qui ne comporte qu'une pie`ce. La pharmacie reste
vide. Cette communaute', tout comme d'autres dans la ca~ada, ne peut pas
rendre de telles cliniques ope'rationnelles sans e'lectricite' pour
re'frige'rer les vaccins volatils. C'est un proble`me que les organisations
e'trange`res d'aide ne peuvent pas re'soudre par elles-me^mes.

Les trois ambulances qui stationnent ensemble a` la clinique de Guadalupe
sont un rappel de la disparite' interne des communaute's zapatistes. Bien
que ces ambulances soient aligne'es a` Oventik, elles sont souvent
incapables d'atteindre des zones e'loigne'es. Ce proble`me a e'te' illustre'
graphiquement pendant mon se'jour dans la communaute' mentionne'e plus haut.
Il e'tait de'ja` tard dans la nuit quand une femme dans son septie`me mois de
grossesse est arrive'e dans la communaute' pour attendre son transport vers
l'ho^pital autonome du Caracol de la Garrucha afin d'y e^tre soigne'e pour
les douleurs abdominales dont elle souffrait. Cependant, la seule
ambulance pour les quatre municipalite's situe'es a` 5 heures de distance de
la Garrucha n'est jamais arrive'e. Cette fois-la`, ce furent finalement les
connaissances curatives du promoteur de sante' local, a` l'aide d'un reme`de
naturel contre la douleur, qui ont permis le retour de la patiente a` son
foyer le lendemain. Karina a rappele' a` l'audience le manque critique de
transport me'dical dans beaucoup de communes. << Nous devons supporter notre
maladie plusieurs jours. On ne peut pas recevoir de soins. C'est pourquoi
beaucoup de nos grands-parents sont morts en essayant d'atteindre un
docteur dans les villes e'loigne'es de nos communaute's. Cette expe'rience
nous a enseigne' a` nous enseigner a` nous-me^mes et a` nous organiser
nous-me^mes. >>

C'est pre'cise'ment cette connaissance traditionnelle qui est si importante
pour les communaute's. Dans son discours aux peuples du monde re'unis au
forum de quatre jours qui s'est tenu a` Oventik, Roel, du Caracol de la
Realidad, promeut les connaissances me'dicales traditionnelles comme un
moyen pour que les communaute's indige`nes reprennent le contro^le des soins
me'dicaux. Il nous a rappele' que la grande sagesse ne s'apprend pas a`
l'e'cole ou dans les livres mais que << c'est l'he'ritage que nous ont laisse'
nos grands-parents >>... La re'cupe'ration de ces connaissances est un aspect
central de l'agenda toujours plus charge' de l'Autre Sante'. L'utilisation
de plantes et de pratiques traditionnelles e'vite de de'velopper une culture
de de'pendance aux cliniques d'E'tat ou prive'es qui discriminent et laissent
de co^te' les plus pauvres des communaute's indige`nes.

Dans un moment de solidarite' avec les peuples indige`nes du Chiapas,
Kamahus, porte-parole des Premie`res Nations du Canada, a raconte' sa propre
lutte pour maintenir les me'thodes me'dicales traditionnelles et
particulie`rement son expe'rience des pratiques antiques d'accouchement.
Avec ses propres mots : << Le ge'nocide de la conque^te de l'Ame'rique du Nord
nous raconte une histoire similaire de la perte des connaissances de notre
grand-me`re en ce qui concerne les sages-femmes. Des ge'ne'rations d'absence
de sages-femmes traditionnelles l'ont laisse'e seule, sans personne qui
puisse l'accompagner pendant qu'elle donnait naissance a` ses propres
enfants pre`s d'un pur ruisseau dans la montagne. >> L'histoire qu'il a
raconte'e re'sonne dans l'expe'rience des femmes indige`nes du Chiapas.

Dialogue et participation, essentiels pour la sante'

Les repre'sentants des cinq re'gions zapatistes ont insiste' sur l'importance
de maintenir un discours continu et ouvert sur des the`mes complexes comme
la sante' sexuelle. L'e'ducation a` la Sante', en particulier a` la sante'
sexuelle, a e'te' un the`me de grand inte're^t pour beaucoup des participants
nationaux et internationaux qui e'taient pre'sents. Les discussions qui ont
eu lieu entre indige`nes inge'nieux et participants non-indige`nes ont
de'montre' que les ide'es (et pas seulement les appuis financiers et la
technologie) circulaient de l'inte'rieur et de l'exte'rieur du territoire
zapatiste et ont une influence sur des questions telles que l'e'ducation
sexuelle et les droits des femmes pour le contro^le de leurs corps.

Un des premiers dilemmes a e'te' l'avortement. La re'ponse du panel des
porte-parole zapatistes a e'te' clairement re'serve'e. D'apre`s une
repre'sentante zapatiste de ce panel, la pratique de l'avortement n'est ni
appuye'e ni condamne'e sur le territoire zapatiste, mais va croissant dans
des situations qui pourraient e^tre mieux e'vite'es gra^ce a` des mesures
pre'ventives et plus d'e'ducation. << Les femmes ne pratiquent pas
[l'avortement], ni me^me ne le recherchent. Mais encore, c'est plus une
question qui de'pend des circonstances et qui finit en avortements
spontane's. >> Une telle de'claration semble laisser dans le flou la
politique officielle des zapatistes a` propos de l'avortement.

(La Loi des Femmes, rendue publique en 1994, e'tablit : << Les femmes ont le
droit de de'cider du nombre d'enfants qu'elles auront et dont elles
s'occuperont >>, mais ne mentionne pas explicitement le droit a`
l'avortement.) Peut-e^tre la re'ponse fut, d'une certaine manie`re, due a` un
malentendu sur la question, ou peut-e^tre la re'ponse a e'te' un effort
diplomatique pour e'viter les troubles dans un rapport de pouvoir et de
genre. Les sentiments exprime's tout au long du panel pre'sentaient une
plateforme progressive pour les questions de sante'. Cependant, il est
clair que certaines des principales avance'es concernant la sante' des
femmes demeurent e'tablies par un syste`me patriarcal he'rite' de la Conque^te
espagnole. Beaucoup des confe'renciers e'taient d'accord sur le fait que
l'e'ducation et la participation des femmes a` cette question sont
essentielles pour la sante' de la communaute' en ge'ne'ral.

Depuis sa cellule du pe'nitencier de Santiaguito, le Dr. Guillermo Selvas
Pineda, arre^te' en mai dernier dans le village d'Atenco, au centre du
Mexique, pendant qu'il cherchait une ambulance pour l'e'tudiant blesse'
Alexis Benhumea (1984-2006), a envoye' un message manuscrit de bonne
volonte' pour l'inte're^t croissant autour de la sante'. E'tant l'un des
premiers me'decins qui a travaille' avec les insurge's dans les montagnes, il
connai^t la souffrance que vivent les communaute's zapatistes. Il a invite'
les autres me'decins a` s'unir au nombre croissant de personnes de
l'inte'rieur et de l'exte'rieur de la re'gion qui travaillent a` la
construction d'un syste`me autonome de sante', un des buts politiques cle' du
mouvement des zapatistes.

Par Ginna Villarreal,
Spe'cial pour Narco News Bulletin.

Traduit par Caro

Source : http://www.narconews.com/Issue44/article_fr2502.html



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