2008/6/17 Pierre Col | UbicMedia <[EMAIL PROTECTED]>: > > Alors pourquoi refuser pour Internet ce qu'on a accepté sur la route ? >
"On" a pas eu vraiment le choix d'accepter ou non, ou même de débattre sur le sujet pour la route. Et la aussi on ne peut pas dire n'importe quoi et comparer contrôle du net et contrôle de la sécurité routière comme deux monolithes. Malgré le discours officiel, le taux d'accidents n'est pas directement proportionnel au degré de répression. Pas au dela de certaines limites. Il y a plusieurs approches plus ou moins subtiles qui donnent des résultats très différents. L'amélioration de l'infrastructure du réseau routier n'a pas le même effet que l'installation de radars dans des zones 'pièges' qui sont peu accidentogènes. Mais ca coute beaucoup d'un coté et ca rapporte beaucoup de l'autre. La réduction de la vitesse ou du taux d'alcoolémie autorisé a un impact énorme quand il s'agit d'interdire de rouler a 250km/h en ville ou avec 3g mais par exemple passer la vitesse maxi de 130 à 110 sur autoroute, ou limiter le taux d'alcoolémie a un taux de 0,25g maxi n'aurait qu'un impact très marginal sur le nombre d'accidents sachant qu'on atteint deja un taux tellement plus faible qu'avant et que l'immense majorité des conducteurs respectent des limites raisonnables. 4500 morts par an ca fait un chiffre enorme dans l'absolu mais il faut se rappeller que ca concerne 65 millions de francais. Ca fait beaucoup 4500 mais j'ai l'impression qu'on perd le sens des grandeurs quand on légifère et qu'on justifie le discours public sur des chiffres qui ne sont pas significatifs. Il y aurait 10% d'augmentation des accidents mortels en mai, ce qui represente une quarantaine de décès en plus. Si on a un peu suivi l'actualité, on sait que c'est du notamment à quelques accidents de cars. C'est absolument désolant mais ca n'est pas significatif. Et pourtant le gouvernement et les médias assènent ces chiffres sans discernement et promettent une sévérité et une répression accrue. L'efficacité de telles mesures n'est même pas évoqué, pas de place pour le doute. Les radars fixes sont ou vont etre multipliés par 2.5 . Au nom de la sécurité routiere et pour se protéger d'une ultra minorité qui roule vraiment très vite, on va pénaliser (on pénalise deja) lourdement des gens qui roulent a 1 ou 2km/h de plus que la limite autorisée. (ca coute 135€ de rouler a 51km/h en ville...). Dans le même temps, on transmet de plus en plus la responsabilité des infrastructures aux collectivités territoriales, sans transmettre les financements permettant de le faire correctement, et on accuse en plus ces mêmes collectivités territoriales de mauvaise gestion. La mauvaise foi politique est sans limite. Donc dans les faits, "on" a accepté (contraints et forcés) que des mesures innefficaces aient et continuent à être développées au nom de la sécurité routière. Des choix techniques différents sont possibles mais il est clair que certains (les radars partout) ont été choisis au détriment de certains autres (un plan national de sécurisation du réseau routier) et au détriment au final de l'interêt général. Si on veut a tout prix comparer sécurité routière et sécurité sur Internet, il ne faudrait pas oublier ce point. Ce n'est pas parce qu'une solution efficace est possible techniquement qu'elle sera retenue contre des solutions très contraignantes qui donnent l'illusion de se protéger mais qui ont surtout des interêts parallèles (remplir les caisses, controle total des ports, filtrage abusif). N'oublions pas que la méthode actuelle des cercles de décisions est d'organiser des simulacres de discussion offrant un semblant d'unanimité citoyenne pour garder ensuite des choix qui n'ont plus rien à voir (mise a la poubelle des accords syndicats-patronnat sur le temps de travail pourtant historique car premier texte signé par la cgt depuis 1948, amendement Numéricable une semaine apres les assises du Numerique, Grenelle environnement etc etc). On peut débattre longtemps sur la faisabilité technique ou sur les couts financiers, sur les effets de bord etc, mais au final la decision sera politique et sera prise selon des critères très eloignés de la net neutrality par des individus qui n'ont aucune idée de la notion de citoyens mais qui voient des consomateurs et des contribuables, et qui sont fermement convaincus qu'il faut deresponsabiliser l'ensemble de la population et que pour se protéger d'une infime partie de déviants, il est acceptable de faire subir des contraintes démesurées aux 99.9% restants.