Salut à tous,

Une très bonne et heureuse année à vous !

Puisse le grand programmeur nous accorder cette nouvelle année la réalisation de nos souhaits les meilleurs.

Dans le mail d'aujourd'hui, j'ai voulu vous soumettre un texte pris je ne sais plus vraiment où sur le net, et que j'ai jugé assez bon pour vous. Il traite du sujet du véritable programmeur.

Attention, le mec est un fou furieux !

Voici son texte

Informatique : Définition du Véritable programmeur

Analyse critique et dialectique du " véritable "
programmeur

Tout d'abord, un petit mot pour vous dire
que ces aventures me sont réellement arrivées - mêmes
si celles-ci sont un peu romancées -, et dans un passé pas
si lointain que cela. Par discrétion, j'ai volontairement modifié
certains noms afin de ne porter aucun préjudice. Toutes ressemblances
avec des faits ou des personnes existantes ou ayant existées ne seraient
que pure coïncidence.

Au bon vieux temps, durant ce qu'on appellera
l' ge d'or de l'informatique, il était facile de distinguer
les " hommes " des " jeunots "
- la tradition les désigne aussi respectivement par les dénominations
de " véritables " et de " visages
p les ". à cette époque, les véritables
étaient ceux qui connaissaient la programmation des ordinateurs, et
les visages p les étaient ceux qui ne la connaissaient pas.
Les véritables préféraient des mots comme " DO
10 I = 1, 10 " ou encore " ABEND ". Ils
ne parlaient d'ailleurs qu'en majuscules. Le reste du monde disait des choses
du genre " les ordinateurs sont trop compliqués pour moi "
ou bien encore " les ordinateurs ne me disent rien, ils sont trop
impersonnels ". Des recherches récentes ont d'ailleurs
montré que les véritables n'ont besoin de rien dire à
personne, et qu'en plus, ils n'ont pas peur d'être impersonnels.

Cependant, comme toujours, l'entropie - ou
écho du bordel ambiant - augmente. En d'autres termes, les choses
évoluent. Nous sommes dans un monde où les braves mêmes
peuvent disposer d'un ordinateur dans leur voiture ou leur four à
micro-ondes, où les gosses de douze ans peuvent ridiculiser un véritable
aux Asteroids ou au PacMan, et où n'importe qui peut acheter et même
- c'est ce qu'essaye de faire croire une certaine publicité - comprendre
son propre ordinateur personnel. Les véritables risquent fortement
l'extinction sous la concurrence des lycéens avec leurs Macintosh.
Il est donc clairement urgent de mettre en évidence les différences
entre un lycéen joueur de PacMan typique et un véritable. En
soulignant cette différence, nous montrons ainsi à des gosses
un modèle à suivre, une aspiration de perfection, une figure
paternelle. Cela contribuera à montrer aux employeurs de véritables,
pourquoi ce serait une erreur de remplacer ceux-ci par des lycéens
joueurs de PacMan et ce, quelles qu'en soient les économies de salaires
réalisées.

__h2 Les langages de programmation

Le critère le plus simple pour repérer
un véritable dans la foule est son langage de programmation. Les véritables
utilisent principalement le FORTRAN - mais peuvent occasionnellement faire
digression en daignant coder en Forth ou RPL - et les visages p les,
le PASCAL, voire de nos jours le C et ses dérivés.

Un jour où Niklaus Wirth, le concepteur
de PASCAL participait à une conférence, quelqu'un lui demanda
comment il fallait prononcer son nom. Il répondit : " vous
pouvez soit faire un appel par nom en prononçant 'Wiirt', ou faire
un appel par valeurs, en prononçant 'Woort' ". Visiblement,
on peut détecter par cette réponse que Niklaus Wirth est un
visage p le, les véritables, eux, ne connaissant qu'un seul
mécanisme de passage de paramètres, le passage par adresse,
qui est implanté dans les compilateurs FORTRAN-G et -H des
IBM/370. Les véritables n'ont pas besoin de tous ces concepts abstraits
pour effectuer leur boulot, ils se contentent d'une perforatrice, d'un compilateur
FORTRAN et d'un café.

Un véritable fait du traitement de listes en FORTRAN.

Un véritable fait des manipulations de chaînes de caractères
en FORTRAN.

Un véritable fait de la comptabilité - pour autant
qu'il en fasse - en FORTRAN.

Un véritable fait de la gestion de fichiers en FORTRAN.

Un véritable fait des programmes d'intelligence artificielle
en FORTRAN.

S'il ne peut le faire en FORTRAN, il le fait
en assembleur, et s'il ne peut le faire en assembleur, c'est que cela ne
vaut vraiment pas la peine d'être programmé.

__h2 La programmation structurée

Ces derniers temps, les autorités académiques
en informatique sont tombées d'accord sur la manie de la programmation
structurée. Elles prétendent que les programmes sont plus faciles
à comprendre quand leurs auteurs pratiquent des techniques ou langages
spéciaux de programmation. Ces savants ne sont pas tous d'accord sur
quels langages ou quelles techniques il faut utiliser, et leurs exemples
en général sont faits de manière à tenir sur une
page de publication scientifique, visiblement insuffisant pour convaincre
qui que ce soit.

Quand j'étais sorti de l'école,
je pensais être le meilleur programmeur au monde. Enfin, au moins l'un
des meilleurs... Mon programme d'Othello était imbattable, je programmais
en cinq langages différents et j'étais capable d'aligner un
programme de mille lignes qui marchait du premier coup. Si, si, je vous assure...
Je maîtrisais même la programmation des VAX en assembleur, c'est
vous dire...

Mon premier boulot dans le monde véritable
fut de lire et de comprendre un programme de deux cent mille instructions
FORTRAN IV - une sombre histoire de modélisation de la terre et de
ses marées (Paris se soulève de quarante centimètres
deux fois par jour...) pour des études de mécanique spatiale
et d'orbitographie -, puis de diviser par deux son temps d'exécution.
Tout véritable vous dira que la programmation structurée ne
vous est pas d'un grand secours pour résoudre ce genre de problème.
Il faut du talent. Voici quelques opérations sur l'attitude des véritables
vis à vis de la programmation structurée :

un véritable ne craint pas d'utiliser les GOTOs ;

un véritable peut écrire une boucle DO de cinq pages
sans se mélanger les pinceaux ;

un véritable préfère les IF arithmétiques,
cela prend moins de place mémoire ;

un véritable utilise des routines à points d'entrée
multiples, cela permet de générer des effets de bords intéressants
;

un véritable utilise des labels comme arguments, cela optimise
les passages de paramètres ;

un véritable est capable d'écrire du code auto-modifiant
si cela fait gagner vingt nanosecondes ;

un véritable n'a pas besoin de commentaires, il préfère
se fier au code, les commentaires étant de la documentation interne
au code et à ce titre - si tant est que celle-ci existe - rarement
à jour ;

un véritable n'a pas besoin de IF structurés, de REPEAT,
de CASE...OF, tout cela peut se simuler en FORTRAN, au besoin en faisant
des ASSIGN...GOTO.

Les structures de données reçoivent
aussi beaucoup de publicité ces temps-ci. Les types de données
abstraits, les pointeurs, les listes et les chaînes de caractères
sont devenus populaires pour certains milieux. Wirth, le visage p le
susnommé, a même écrit un bouquin prétendant que
vous pouvez écrire des programmes partant de structures de données,
au lieu de faire l'inverse. Ainsi que le sait tout véritable, la seule
structure de données réellement utile est le tableau. Les listes,
les structures, les chaînes de caractères, les ensembles sont
des variétés de tableaux qui peuvent se programmer comme tels
sans se compliquer la vie avec des distinguos subtils. Au pire, pour des
structures contenant des types de données exotiques, il reste possible
de tout mettre dans un tableau d'entiers et d'utiliser l'instruction EQUIVALENCE.

La pire des contraintes avec cette fantaisie
de types de données est que vous êtes obligés de les
déclarer, et vous savez bien qu'un véritable langage de programmation
doit reconnaître implicitement le type de données sur le premier
des six caractères du nom de la variable.

__h2 Les systèmes d'exploitation : quel est le type de système
d'exploitation utilisé par les véritables ?

MS-DOS ? Dieu merci, non ! Après tout,
MS-DOS est un système d'exploitation joujou. Même les petites
grands-mères et les lycéens peuvent comprendre et utiliser
MS-DOS. IBM-DOS, sûrement pas ! IBM-DOS n'est qu'un MS-DOS amélioré
et rationalisé.

UNIX est bien un peu plus compliqué.
Un hacker typique sous UNIX n'arrive jamais à se souvenir quel est
le nom de la commande " PRINT " valable pour la semaine.
Est-ce " lp " ou " lpr " ? D'ailleurs,
quel est le nom de le file d'attente associée à l'imprimante
? Mais quand on y pense un peu, UNIX n'est qu'un jeu vidéo un peu
mis en valeur. On ne travaille pas sérieusement sous UNIX, on se borne
à envoyer des vannes au monde entier par UUCP, à écrire
des jeux d'aventure ou à rédiger des articles scientifiques
pour publication. C'est d'ailleurs, aux yeux d'un véritable, la seule
justification de l'existence d'UNIX. Pouvoir faire tourner décemment
TeX, le seul formateur de texte qu'un véritable puisse utiliser, non
qu'il s'en serve pour faire de la documentation, mais pour coder différents
algorithmes. L'un de mes véritables préférés,
contributeur du TeX Users Group, a même réussi à programmer
un interpréteur BASIC en TeX...

VMS ? Non, VMS est bien trop structuré
et cartésien pour permettre à une imagination débridée
de s'exprimer pleinement. FLEX, UniFLEX, Prologue ? Certes non. Si ces systèmes
sont particulièrement tortueux, ils n'offrent pas assez de fonctionnalités
et d'effets de bord dignes d'intérêt aux yeux d'un véritable.
Non, un véritable travaille sous OS/370.
Un bon véritable peut arriver à trouver dans son manuel JCL
la signification de l'erreur IJK305I qu'il vient d'avoir. Un véritable
fort peut écrire du JCL sans consulter ce manuel du tout. Un véritable
carrément extraordinaire peut trouver des bugs enfouis dans un dump
mémoire de six mégaoctets sans utiliser une calculatrice hexadécimale.
OS/370 est véritablement un système
d'exploitation remarquable. Il est possible là-dessus de détruire
des journées de travail avec un blanc mal placé, ce qui incite
les équipes de programmation à une plus grande concentration
mentale. La meilleure manière pour aborder le système OS/370
est par une perforatrice de cartes. Certains prétendent qu'il existe
un time-sharing sur OS/370, mais une étude minutieuse a montré
le contraire.

__h2 Les outils de programmation : quels outils un véritable emploie-t-il
?

En théorie, il pourrait entrer ses
programmes directement par les clefs du panneau frontal de son ordinateur.
C'était effectivement le cas au temps où les machines avaient
encore cet accessoire. Il fut un temps ou un véritable connaissait
typiquement par coeur sa séquence de boot en hexadécimal et
le rentrait à chaque fois qu'il lui arrivait de l'écraser avec
son programme. C'était aussi le temps où la mémoire
était véritable, et ne s'en allait pas quand on coupait le
courant. De nos jours, les mémoires oublient ce qu'on leur demande
de retenir et gardent des choses qu'elles feraient mieux d'écraser.
La légende dit que Seymour Cray, le père du super ordinateur
CRAY I et de la plupart des Control Data a rentré aux clefs le premier
système d'exploitation du CDC-7600 quand celui-ci a démarré
pour la première fois. Inutile de préciser que Seymour Cray
est un véritable.

Un de mes véritables favoris était
un ingénieur de feue Digital Equipment Corporation. Un jour, il reçut
un appel longue distance d'un utilisateur dont le système avait planté
au milieu d'une sauvegarde importante. Jean-Pierre avait alors réparé
les dommages au téléphone en faisant rentrer par l'utilisateur
les instructions de " disk I/O " aux clefs, en patchant
les tables systèmes en hexadécimal et en se faisant relire
les contenus des registres à l'écouteur. La morale de cette
histoire est que même si un véritable utilise en général
une perforatrice et une imprimante comme outil de génie logiciel,
il peut s'en sortir en cas d'urgence avec juste un tableau frontal et une
ligne téléphonique.

Dans certaines sociétés, " édition
de texte " ne signifie plus de nos jours dix ingénieurs
faisant la queue devant une perfo en code 29. D'ailleurs mon lieu de travail
n'a plus aucune perfo. Dans une telle situation, un véritable doit
se résigner à utiliser un éditeur de texte. La plupart
des systèmes permettent le choix entre plusieurs éditeurs,
et il s'agit d'en choisir un qui soit compatible avec son propre style de
travail. Beaucoup de personnes croient que les meilleurs éditeurs
de textes du monde proviennent des laboratoires XEROS à Palo Alto,
sur les systèmes ALTO et DORADO. Malheureusement, comment voulez vous
qu'un véritable puisse utiliser un outil au nom aussi ridicule que
SMALLTALK, et encore moins manipuler une souris ?

Quelques un des concepts de ces éditeurs
de XEROS se sont retrouvés dans des éditeurs tournant sur des
systèmes aux noms plus raisonnables (comme EMACS, VI). Le problème
avec ces éditeurs de texte est que le concept " vous obtenez
ce que vous voyez " est aux yeux d'un véritable aussi vicieux
chez un éditeur qu'il peut l'être chez une femme. En réalité,
un véritable préfère du " vous l'aviez voulu,
tant pis pour vous ", du compliqué, de l'énigmatique,
du mystérieux, puissant et impitoyable comme TECO pour tout dire.
On a fait remarquer qu'une séquence de commandes TECO ressemble plus
à un bruit de télétransmission qu'à du texte
lisible et compréhensible. Un jeu bien connu sur TECO consiste à
taper son nom en tant que commande et à voir ce que cela donne. N'importe
quelle erreur de frappe dans TECO recèle une forte probabilité
de destruction de votre programme, ou mieux encore, d'introduction d'erreurs
dans un sous-programme qui fonctionnait dans le passé.

C'est ce qui explique pourquoi un véritable
rechigne à éditer un programme qui tourne presque. Il préfère
patcher directement le binaire à l'aide d'un merveilleux outil appelé
SUPERZAP - ou son équivalent sur une machine non IBM. Cela marche tellement
bien, que beaucoup de programmes IBM n'ont que peu de ressemblances avec
le source FORTRAN. En réalité, dans de nombreux cas, on ne
dispose plus du tout du source. Quand il s'agit de corriger un tel programme,
aucun patron ne penserait à un autre recours qu'un véritable.
Un visage p le structuré ne saurait même pas par quoi
commencer. On appelle cela " la protection de l'emploi ".

Voici quelques outils de génie logiciel
non employés par les véritables :

les préprocesseurs FORTRAN comme RAFTOR ou MORTRAN. C'est
bon pour les visages p les. Voir ci-dessus à propos de la programmation
structurée ;

les aides au débogage en langage source. Un véritable
travaille uniquement sur des dumps mémoire ;

les compilateurs avec des protections de débordement de tableaux.
Ils brident la créativité, empêchent les usages les
plus intéressants de l'instruction EQUIVALENCE. Ils rendent impossible
la modification des instructions système avec des indices négatifs.
Et le pire de tout, c'est que cela ralentit l'exécution ;

la gestion centralisée du code. Un véritable garde
toujours ses sources dans des bacs de cartes personnels fermés à
clef.

__h2 Les véritables au travail

Où travaille un véritable ?
Quels genres de programmes requièrent l'attention de cet individu
aussi talentueux ? Vous n'en trouverez pas en train d'écrire une paie-compta
en COBOL, ou encore faisant du tri d'adresses pour un club de micro. Un véritable
ne s'attelle qu'à des t ches extraordinaires au sens étymologique
du terme.

Un véritable travaille au laboratoire national de Los Alamos
et écrit des simulations de bombes nucléaires sur CRAY-I.

Un véritable travaille au centre national de sécurité,
pour décoder des messages russes.

Pour que la NASA puisse envoyer des gars sur la lune et les ramener
avant les russes, il a fallu des milliers de véritables.

Les véritables travaillent chez Matra pour concevoir des missiles
de croisière ou à la DGA pour simuler sur Convex leurs trajectoires.

Les véritables les plus formidables travaillent au Jet Propulsion
Laboratory en Californie. Beaucoup d'entre eux connaissent par coeur le
logiciel de pilotage des sondes Pionner et Voyager. En combinant de gros
programmes FORTRAN au sol avec un petit programme en langage machine là-haut,
ils sont capables de prodiges de navigation et d'improvisation, comme taper
dans une fenêtre de dix kilomètres de large sur Saturne après
six ans dans l'espace. Ou bien encore de réparer des radios et batteries
endommagées. Il paraîtrait qu'un véritable a réussi
à fourrer un programme de reconnaissance de forme de quelques centaines
d'octets dans un coin de mémoire libre, ce qui a permis de découvrir
une nouvelle lune de Jupiter. Il est actuellement prévu pour le programme
GALILEO de balancer la sonde vers Jupiter au moyen d'une assistance gravitationnelle
de Mars. Cette trajectoire va passer à quatre-vingts kilomètres
- plus ou moins trois kilomètres - de la surface de Mars. Personne
ne ferait confiance à un programme PASCAL - ou à un programmeur
PASCAL - pour naviguer avec une telle précision. Si, toutefois, dans
un moment d'égarement total, quelqu'un faisait confiance à
un visage p le pour obtenir une telle précision, il aurait à
le regretter cruellement en assistant impuissant à l'anéantissement
brutal - ou la perte - de ses sondes.

Comme vous le voyez, beaucoup de véritables
existant au monde travaillent pour le gouvernement américain, et spécialement
pour le Département de la Défense (DoD). Et c'est très
bien ainsi. Récemment, cependant, un nuage noir a obscurci l'horizon
des véritables. Il semblerait que quelques visages p les hauts
placés du DoD aient décidé que tous les programmes de
la défense devront êtres écrits dans un grand langage
unifié appelé Ada. Pendant un temps, il semblait que Ada allait
à l'encontre de la programmation véritable (un langage avec
des structures, des types de données et un typage fort, des points-virgules,
bref un langage qui étiolerait la créativité des véritables).
Heureusement, le langage qui fut finalement adopté par le DoD comporte
suffisamment de possibilités intéressantes pour le rendre potable.
Il est d'une effroyable complexité, et il contient des outils pour
tripoter le système d'exploitation et réordonner la mémoire.
Edsger Dijkstra ne l'aime pas - vous connaissez Dijkstra, c'est celui qui
a écrit le livre " GOTOs considérés comme
nuisibles ", une oeuvre remarquable applaudie par tous les programmeur
PASCAL et les visages p les. En tout cas rassurons-nous : un véritable
peut programmer en FORTRAN dans n'importe quel langage. Il semblerait cependant
que certains véritables peuvent condescendre à faire un compromis
dans leurs principes et à oeuvrer sur des choses plus triviales que
la destruction de la terre, à condition que ce boulot puisse rapporter
des sous. ATARI par exemple, emploie plusieurs véritables pour écrire
ses jeux vidéos, pas pour y jouer, un véritable connaît
toutes les astuces pour battre la machine à chaque coup et ce ne serait
pas glorieux. Les gens de chez LUCAS FILM sont aussi des véritables,
il faudrait être fou pour refuser des millions de dollars des fans
de " l'empire contre attaque ". En CAO, il n'y a pour
le moment pas assez de véritables. Ils n'ont pas encore trouvé
le filon. On y trouve en général des gens qui y sont uniquement
pour faire du FORTRAN et éviter de faire du COBOL.

En général, un véritable
joue comme il travaille, avec des ordinateurs. Il trouve d'ailleurs incroyable que son patron puisse le payer pour faire quelque chose qu'il ferait de toute
manière gratuitement, bien qu'il fasse attention de ne pas le crier
trop fort. De temps en temps, il arrive que le véritable sorte de
son bureau pour respirer un bol d'air et prendre un verre de bière.
Pour le reconnaître à ces moments, voici quelques trucs :

dans un pot, les véritables sont ceux qui sont dans un coin
en train de discuter des protections des systèmes d'exploitation
et des moyens pour les planter ;

dans un match de foot, le véritable est celui en train de
comparer le jeu avec sa simulation sur un listing ;

à la plage, le véritable est celui qui dessine des
arbres programmatiques sur le sable ;

aux enterrements, le véritable est celui qui dit " pauvre
Pierre, son tri tournait presque quand il a eu son attaque "
;

au supermarché, le véritable est celui qui insiste
pour faire passer lui-même les canettes de bière devant le
lecteur optique si la caissière l'a mal fait la première fois.

__h2 L'habitat naturel du véritable

Dans quel biotope se plaît le mieux
le véritable ? C'est une question importante pour les patrons de véritables,
car vu le coût d'un tel spécimen, il est préférable
de leur donner un environnement tel qu'il puisse accomplir efficacement son
travail.

Un véritable typique vit devant un
terminal d'ordinateur. Autour de ce terminal, on peut trouver :

les listings de tous les programmes sur lequel le véritable
a eu à travailler, empilés par ordre chronologique et ce
sur toute la surface plane du bureau ;

environ une demi-douzaine de tasses de café froid. Occasionnellement,
il peut y avoir des mégots flottants dans les tasses. Quelques fois
aussi, les tasses contiennent des restes de jus d'orange ;

à moins d'un spécimen très fort, il y aura des
exemplaires des manuels du JCL-OS et des principes de base ouverts à
une page particulièrement intéressante ;

scotché au mur, on trouvera bien sûr un listing calendrier
Snoopy ;

jonchant le sol, des emballages Mars, Bounty ou tout autre équivalent
du genre que l'on vend dans les distributeurs et pré-rancis pour
résister à leur long séjour ;

caché dans le tiroir supérieur gauche du bureau, un
paquet de cigarillos pour les grandes occasions ;

sous les cigarillos, un normographe laissé là par l'occupant
précédent. Un véritable, lui, n'écrit que des
programmes, pas de la documentation, il laisse cela aux gens de la maintenance.

Un véritable est capable de travailler
trente, quarante, et même cinquante heures d'une traite, sous pression
intense. Les temps de réponse lents ne dérangent pas le véritable,
ils lui donnent la possibilité de faire un petit somme entre deux
compiles. Si le planning n'est pas trop serré, le véritable
s'arrange en général pour rendre les choses plus palpitantes
en passant les neuf premières semaines sur un point réduit mais
intéressant du projet, puis en finissant le reste du projet la dernière
semaine en quelques marathons de cinquante heures. Non seulement cela contribue
à impressionner diablement son patron, qui désespérait
de voir le projet finir dans les temps, mais cela lui fournit aussi une excellente
excuse pour ne pas faire la documentation.

En général, on peut dire :

aucun véritable ne travaille de 9 à 5 heures (à
moins que ce ne soit l'autre partie de la journée) ;

un véritable ne porte pas de cravates ;

un véritable ne porte pas de chaussures à talons ;

un véritable arrive au travail à temps pour le déjeuner
;

un véritable ne connaît pas ou ne se souvient pas du
prénom de sa femme. Mais il peut réciter par coeur la table
ASCII ou EBCDIC ;

un véritable ne sait pas cuisiner, les épiceries étant
fermées à trois heures du matin, il survit avec des barres
de Mars et des tasses de café.

__h2 L'avenir du véritable

Que nous réserve l'avenir ? C'est un
sujet de préoccupation pour les véritables que les nouvelles
générations de programmeurs ne soient pas élevées
avec la même conception de la vie que leurs aînés. Beaucoup
de ces jeunes n'ont jamais vu un ordinateur avec un panneau frontal. On peut
à peine trouver un nouveau diplômé qui sache calculer
en hexadécimal sans une calculette. De nos jours, les diplômés
sont des pieds tendres, protégés des réalités
de la programmation par des débuggueurs symboliques, des éditeurs
de textes qui comptent les parenthèses, et des systèmes d'exploitations
" conviviaux ". Pire de tout, ces soi-disant " chercheurs "
du logiciel récoltent des diplômes sans même avoir jamais
appris le FORTRAN ! Sommes-nous destinés à devenir une industrie
de programmeurs PASCAL ou de maniaques UNIX ?

Heureusement, mon expérience vécue
me dit que le futur reste radieux pour les véritables. Ni OS/370 ni
le FORTRAN ne montrent de signes de faiblesses, malgré les tentatives
des programmeurs PASCAL du monde entier. Même les ruses les plus subtiles
comme l'introduction de la structuration dans le FORTRAN ont échoué.
Bien sûr, quelques constructeurs ont bien sorti des compilateurs FORTRAN-77,
mais tous offrent la possibilité de revenir au FORTRAN-66 moyennant
une option de compilation, et permettant ainsi de compiler des boucles DO
comme Dieu les a créées...

Mais l'avenir d'UNIX peut ne pas être
aussi mauvais pour les véritables qu'on le signalait. La dernière
mouture d'UNIX contient des potentialités dignes de n'importe quel
véritable : plusieurs interfaces utilisateurs différentes et
subtilement incompatibles, un driver TTY tortueux et compliqué, de
la mémoire virtuelle. De même, si vous laissez de côté
qu'il soit un langage structuré, le C peut se faire apprécier
d'un véritable. Après tout, il ne vérifie pas les types
des variables, les noms ont seulement sept caractères (ou dix ? ou
huit ?) et vous avez en plus les pointeurs, comme si on avait les avantages
du FORTRAN et de l'assembleur conjugués. Et sans oublier toutes les
applications créatives et intéressantes qu'on peut faire avec
le #define.

Non, l'avenir n'est pas si mal. Et même,
ces derniers temps, la presse populaire a mentionné que les brillantes
promotions d'hackers quittent des temples comme le MIT ou Stanford pour envahir
le monde. L'esprit est de toute évidence en eux. Tant qu'existeront
encore des objectifs mal définis, des bugs bizarres et des plannings
irréalistes, il y aura des véritables prêts à
foncer dans le tas et à résoudre les problèmes en laissant
la documentation pour plus tard.


Fin de son texte

Yannick Daniel Youalé
La programmation est une religion, aimez-la ou quittez-la.
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