Le Mercredi 9 Juillet 2003 21:03, Denis Pennequin a écrit :

> http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3208--327220-,00.html
>
> Que pensez-vous des réponses apprortées par le juriste ???
Première impression: Maitre Cétamoi vit des litiges liés aux brevets et ça se 
sent bien dans ses réponses.
--> "refuser la protection des idées revient à refuser la protection des 
nouvelles valeurs."
puis
--> " Mais dans le monde virtuel, les idées sont l'expression naturelle de 
l'innovation."
et ensuite
--> "Exemple : l'idée de la planche à voile et la fabrication d'une planche à 
voile. L'innovation était dans la composition d'une voile avec un surf. De 
très nombreux brevets ont pu être déposés sur les moyens d'accrocher par 
exemple un mât avec une planche. Mais l'acte créatif majeur n'est pas le 
système d'accrochage mais bien cette idée merveilleuse pour tous les surfeurs 
de conjuguer voile et surf."

Bref, si après ça, on n'a pas le sentiment que les idées devraient selon lui 
être brevetables...

Ensuite, arrive la partie "Je fais pleurer Margot sur le sort des innovateurs 
créateurs":
-->"Il me semble que tout créateur doit avoir son innovation protégée sous 
réserve du partage des connaissances."

Mais quand même, on reste humaniste un minimum (pour la forme, selon moi)

--> "Les autres valeurs tout aussi importantes doivent être, dans une 
démocratie, gérées par le marché ou par les systèmes de services universels."

Juste un petit décodage d'une certaine langue de bois "Les services 
universels" Qu'est-ce que c'est? C'est un formule nouvelle (non brevetée) qui 
a l'air d'avoir la même valeur que "le service public" et qui a été 
introduite assez récemment par les tenants d'un libéralisme plus que sauvage 
(cf. OMC, GATT, AGCS: voir le site d'ATTAC). Ça se ressemble beaucoup, non? 
Et pourtant, ce n'est pas pareil. Sinon, pourquoi s'embêter à chercher une 
nouvelle formule, hein? Dans l'esprit du populo, "service public"="service 
universel" (et c'est le but recherché!), mais dans la pratique, c'est 
réellement différent. Les opérateurs de téléphonie mobiles, les banques, les 
assureurs fournissent un service universel... C'est-à-dire qu'il n'y a aucune 
logique de solidarité, de philantropie ou de désintéressement qu'on retrouve 
dans le service public: uniquement de la rentabilité, quelqu'en soit le prix 
humain. Tout ça pour vous indiquer où se situe la personne: 
c'est d'ailleurs son droit le plus strict, mais encore faut-il savoir arriver 
à décoder son message.

La suite est savoureuse aussi:
--> "Toutes ces valeurs sont défendables. Mais il me semble qu'il y a du 
sacré dans la création. Au titre de ce sacré, il est nécessaire de 
reconnaître une paternité. Et une protection. Par contre, vous avez raison : 
ce principe de base doit être limité lorsque les intérêts supérieurs le 
commandent. Exemple, l'accès à des brevets pour des médicaments afin de 
sauver des populations. Il faut trouver un compromis entre propriété et 
dignité."

D'abord, ça va achoper sur la définition de la création qu'il est tout à fait 
normal de protéger. On va protéger tout et n'importe quoi, j'en ai bien peur 
et tout va se régler devant les tribunaux, ce qui n'est pas nouveau, vu que 
ça existait déjà pour le droits d'auteurs et le plagiat, mais le cout de la 
procédure va augmenter très fortement. De plus, il me semble (mais il 
faudrait vérifier) que pour faire valoir ses droits dans le cas d'une 
violation de droits d'auteurs, ce sont les tribunaux pénaux (correctionnels) 
qui sont compétents, alors que pour les brevets, ce serait plutot les 
tribunaux civils (grande instance). La différence est que dans le premier 
cas, on dépose une plainte et la procédure est à la charge du ministère 
public (le parquet ou procureur): bref, ça ne coute pas un rond au plaignant, 
même s'il vaut mieux parfois mettre la main à la poche pour mieux suivre la 
procédure. Par contre, dans le deuxième cas (mais c'est sous réserve), la 
procédure appartient entièrement au plaignant (pareil que si votre mécano a 
mal fait une réparation ou si votre maison a été mal construite) et il faut 
payer les frais d'avocat, d'expertise, de constat d'huissier et tutti 
quanti...

Quant aux "intérêts supérieurs" et à la "dignité", c'est vraiment pour la 
galerie: on a eu un aperçu pour les médicaments contre le SIDA dans le 
tiers-monde: la dignité, on s'en tape, il faut le dire clairement: les 
intérêts supérieurs pour les titulaires des brevets, c'est le bénéfice, le 
cours de l'action et le montant des dividendes. Tout le reste n'est que 
littérature.

--> "Or de plus en plus de valeurs économiques reposent plus sur une idée que 
sur des moyens de la réaliser."
Tout fait ventre! On peut même rajouter des méthodes pédagogiques (je 
m'enrichir, moi!), des méthodes médicales,... vous vous imaginez le fric 
qu'aurait fait le professeur Barnard quand il a fait sa première opération à 
coeur ouvert? ainsi que tous les toubibs qui ont mis au point de nouvelles 
techniques opératoires. Par contre, pour l'Humanité, c'est un sacré frein. 
Mais, bon, le on n'est pas là pour faire du sentiment, pas vrai?

--> " Ainsi donc, une brevetabilité des logiciels implique la connaissance du 
code-source et, de ce fait, participera à la diffusion de la connaissance."
Ce serait bien le seul point positif des brevets de logiciels, mais à mon 
avis, c'est pas gagné. Franchement, vous voyez M$ se faire imposer la 
diffusion de son code source pour pouvoir breveter ses programmes. En 
d'autres termes "Petit Papa Noël..."

--> " Il ne renonce pas à ses droits d'auteur moraux, mais permettez-moi de 
souligner qu'il renonce à ses droits d'auteur patrimoniaux. C'était la raison 
de ma conjugaison avec la notion de don. Les droits moraux sont 
imprescriptibles, inaliénables et incessibles."

Rien à dire, c'est véridique

--> " il sera difficile pour l'Europe de maintenir une position différente de 
celle des Etats-Unis,..."
Entre suzerain et vassal?

--> "...qui organisent une protection importante tant pour les brevets des 
logiciels que pour les "business-méthodes"
Voir plus haut (tout se vend, tout se brevète, rien ne se perd)

--> "...une merveilleuse occasion pour les cabinets d'avocats spécialisés ?
Alain Benssoussan : Tout le monde a le droit de vivre ! Je suis tout à fait 
d'accord."
Ça a au moins le mérite de la franchise.

--> "Quelle solution préconisez-vous en matière législative pour éviter aux 
petites entreprises innovantes une faillite certaine ?"

Aucune, bien entendu, vu que le problème n'est pas tellement le droit 
lui-même, mais la possibilité ou non de le faire valoir et que cette 
possibilité dépend des moyens financiers dont on dispose pour se payer les 
services (chers!) d'un avocat spécialisé.
(Il y avait une phrase d'un illustre inconnu qui disait que les hommes n'ont 
des droits que tant qu'ils peuvent les faire valoir)

Allez, à +
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