Bonjour à tous,

Au vu des discussions animées des dernières semaines, et à la suite des
premiers éléments transmis par Guillaume MELLIER il y a un mois environ
(http://www.mail-archive.com/frnog@frnog.org/msg18612.html), voici quelques
informations complémentaires.

Bien cordialement,
Thibaud Furette

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Confidentialité du traitement des données recueillies / secret des affaires
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> Pour beaucoup d'opérateurs, ces informations sont des "trésors" et gardées
dans un coffre.
> Nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas rendre ces informations publiques.

Répondre à un questionnaire de l’ARCEP ne signifie pas rendre les informations
publiques. Les agents de l’ARCEP sont tenus au secret professionnel, au titre
de l’article L. 132 du Code des postes et des communications électroniques,
qui dispose que : « les personnels des services de l'autorité sont tenus au
secret professionnel pour les faits, actes et renseignements dont ils ont pu
avoir connaissance en raison de leurs fonctions ».

> Nous parlons des interco sur le territoire FR ?
> Quid d'un opérateur FR qui a des peerings privés sur la France et sur
l'Europe ou encore les
>  US avec un même peer ?
> Quid des contrats de peerings avec des gros fournisseurs de contenu avec
lesquels il est
> stipulé : Information de trafic  uniquement pour le peer et bla bla bla.

> Dans ce cas bien précis, nous allons dans notre cas devoir indiquer à ce
peer que nous
> allons devoir fournir des informations à une tierce partie. Nous allons nous
retrouver dans
> une situation complexe. Soit ledit peer va nous dire :
> - Pas de soucis, tant que cela ne concerne que la France
> - No way, on coupe le peering sur la France et nous gardons juste les
peerings sur X, Y ou Z, > mais pas sur le territoire Français

> La plupart des très gros content US, ont un service juridique qui fait 3
fois la taille de notre
> boite, avec cette nouvelle donne, ce sera un frein aux peerings des sociétés
US sur le
> territoire Français.

> Dans le cas de Neo Telecoms, je n'ai donc pas à fournir la liste de mes PNI
en Europe et sur > les US, on est d'accord ?

Les personnes incluses dans le périmètre de la décision sont tenues de
communiquer à l’ARCEP les informations concernant l’ensemble de leurs points
d’interconnexion, que ceux-ci soient situés sur le territoire français ou non,
dès lors que le trafic qui y est échangé est susceptible d’avoir un impact
significatif sur les utilisateurs finals situés en France.

Il n'existe pas d'obligation légale pour une entreprise de prévenir son
cocontractant qu'elle divulgue à une autorité publique des éléments qui
figurent dans leur contrat. Toutefois une telle obligation peut avoir été
prévue dans le contrat.

Il n'existe pas d'obstacle à ce qu'un opérateur en informe son cocontractant,
en revanche toute clause prévoyant que ce dernier peut s'opposer à la
divulgation des informations ne sera pas opposable.

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Chantier qualité de service
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>> C’est pour cela que l’ARCEP mène en parallèle un chantier visant à  définir
et mettre en
>> place un dispositif de mesure périodique d’indicateurs de qualité de
service des offres
>> d’accès à l’internet. Je vous renvoie pour cela à la consultation publique
lancée en
>> décembre :
http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/consult-qs-acces-internet-fixe-dec2011.pdf

> A mon avis, c'est plus vers un respect d'un minimum de qualité de la part
des gros FAI qu'il
> faut se diriger. Ce n'est vraiment pas un sujet technique facile, il faudra
vraiment avoir de
> vrais experts et pas seulement des consultants spécialiste des appels
d'offres public et
> institutions.

L’ARCEP mène un chantier visant à publier régulièrement des indicateurs de la
qualité des services d’accès à l’internet. L’objectif est de comparer les FAI
fixes, avec des indicateurs techniques et des mesures plus orientées vers les
usages. Ce chantier, lancé en 2011, se veut transparent et ouvert. Outre des
consultations publiques sur les orientations importantes (la dernière en
décembre, la prochaine dans les semaines à venir), le chantier est suivi par
un groupe de travail que nous souhaitons large et représentatif du secteur.
Actuellement, nous invitions à nos réunions : des opérateurs (France Télécom,
Bouygues Telecom, SFR, Iliad, Numericable, Colt, Darty Telecom + la FFT), des
fournisseurs de contenus et services (ASIC, Geste, ACSEL), des équipementiers
(Cisco, Gitep TICS), des représentants d’utilisateurs (UFC Que choisir, CLCV,
AFUTT, MEDEF, CIGREF, la Quadrature du Net), des représentants des ministères
(DGCIS, DGCCRF) et d’autres organisations (AFNIC, INRIA). Un groupe technique
plus resserré sera prochainement mis en place pour assurer, en complément, un
pilotage plus opérationnel. Si, parmi vous, certains souhaitent être associés
à ces travaux sur la qualité de service, ils peuvent naturellement répondre
aux consultations publiques. Ils peuvent également nous contacter pour
rejoindre le groupe élargi.

L’approche suivie par l’ARCEP sur la qualité de service est essentiellement
préventive. Il s’agit ainsi, avant d’envisager de définir des exigences
minimales de qualité de service, de se doter d’un outil de mesure de la
qualité de service qui permettrait notamment de déceler une dégradation de
cette qualité de service.

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Périmètre et format des informations demandées
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>> Sont demandés pour chaque AS les 20 liens les plus importants, et ceux au-
delà qui
>> dépasseraient encore 1Gbit/s. Ces paramètres ont été ajustés par rapport au
projet mis
>> en consultation publique au mois de décembre, sur la base notamment des
réponses
>> reçues. Si besoin, ils pourront être adaptés à l’occasion d’une révision de
la décision.

> Nous parlons donc bien de peering, on est bien d'accord ? J'ai trop souvent
entendu : J'ai
> un peering avec X et Y, alors qu'il s'agit d'une session de transit. Je n'ai
pas à donner les
> graphs de mes plus gros clients (qui sont souvent bien plus gros que mes
peers)

Non, le périmètre du questionnaire inclut l’ensemble des accords aussi bien de
transit que de peering et ce, que le répondant soit client, partenaire ou
fournisseur dans le cadre de cet accord. Ainsi, si un contrat de vente de
transit figure dans le top 20 en termes de capacités, ou dépasse 1Gbit/s, il
doit être fourni.

NB : on parle dans la décision des 20 principaux partenaires en termes de
capacité globale d’interconnexion ou d’acheminement de données (tous points /
sites confondus) et des partenaires au-delà du 20ème partageant une capacité
globale d’interconnexion ou d’acheminement de données supérieure ou égale à 1
Gbit/s avec l’AS détenu (…) dans la décision. Entrent donc par exemple dans le
champ des réponses les informations concernant aussi bien l’AS 1 que l’AS 2
dans le cas suivant : l’AS1 est interconnecté en peering avec l’AS2 en 3
points distincts, avec une capacité de 500 Kbit/s sur chaque point (soit une
capacité globale d’interconnexion de 1,5 Gbit/s).

Dans notre précédente réponse, nous avons improprement utilisé le terme « lien
» au lieu du terme « accord ». Un accord global avec un partenaire se découpe
en accords individuels, définis comme suit dans la décision : « on entend par
accord individuel un accord, qu’il soit formel ou pas, portant sur
l’interconnexion ou l’acheminement de données en un point / site donné. Ainsi,
une relation d’interconnexion ou d’acheminement de données entre deux
partenaires peut contenir un ou plusieurs accords individuels. »

> Sauf erreur d'interprétation de ma part la un relevé semestriel de compteur
par interface
> physique suivi d'une division en expliquant que la mesure est le trafic
moyen devrait faire
> l'affaire pour satisfaire à ces obligations. Le trafic sur un port d'un IX
n'a pas à être détaillé
> par AS.
> Cela semble confirmé par l'onglet exemple du fichier tableur.
> Si quelqu'un de l'ARCEP peut confirmer merci par avance.

L’ARCEP attend des informations chiffrées sur les flux échangés comparables à
celles qui sont utilisées communément pour la facturation du transit. Or, à sa
connaissance, les flux moyens ne sont pas utilisés à cet effet. Pour autant,
de façon transitoire, une information dégradée de ce type pourra être acceptée
en l’absence de mieux.

Par ailleurs, comme l’a indiqué Guillaume Mellier dans son précédent mail : «
S’agissant du « peering public » au niveau des IX (capacité partagée), sont
demandés la capacité et les flux (entrants/sortants) échangés « avec l’IX »,
c’est-à-dire avec ses membres pris dans leur ensemble. Pour répondre à une
question posée, il n’est pas demandé de détailler, AS par AS, le trafic
échangé au niveau de chaque IX en peering public. On est plutôt dans une
logique « par port ». La fourniture, en complément des informations globales
sur le peering public, de la simple liste des AS effectivement interconnectés
(avec qui une session est ouverte) serait néanmoins appréciée. »

>> Suite à une question posée, je précise qu’il n’y a aucune difficulté à ce
que les réponses
>> soient envoyées dans un format de tableur autre que xls (ods notamment)
(tant que cela
>> reste un format suffisamment standard). L’ARCEP pourra mettre en ligne une
version ODS
>> du questionnaire.

> LaTeX ?

Les informations transmises à l’ARCEP doivent respecter la présentation
tabulaire du questionnaire inclus en annexe de la décision et apparaître sous
un format exploitable (possibilité de réaliser des copier-coller). Les
interlocuteurs de l’ARCEP s’en remettent généralement aux formats .xls, .xlsx
et .ods (avec lesquels nous sommes les plus familiers). Toutefois, dans la
mesure où le format est facilement exploitable, d’autres formats pourraient
être utilisés.

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Relations avec l’ARCEP
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> Franchement Guillaume, vous pensez vraiment qu'un opérateur qui "passe sous
le radar"
> va lever le doigt pour dire : Mais c'est n'importe quoi ! Qu'est-ce que vous
faites !
> Vivons caché, vivons heureux (mais bon on va chuchoter quand même)

Chacun est libre de faire ses propres choix, par exemple en essayant de rester
caché, mais devra en assumer les responsabilités. En particulier, un opérateur
adoptant un tel comportement sera bien en peine de venir se plaindre devant
l’ARCEP – quel que soit le sujet – ou de venir déplorer une absence alléguée
de concertation.

> Donc si on n'as PAS de license Arcep alors on est pas obligé de répondre...
Aller... au hasard
> qui n'as pas de license arcep et qui ont un AS en France lèvent la main ? :)
> Donc  pour reprendre Raphaël ce truc est plutôt fait pour casser les pieds
des gens qui sont
> opérateurs mais en fait, il n'y a pas que des  opérateurs qui ont un AS...
et qui peerent
> ailleurs.

> Sans prétendre être un grand joueur d'échecs, il me paraîtrait prudent, si
j'avais un AS,
> d'anticiper le coup suivant, qui sera l'obligation d'avoir une licence L33-1
pour continuer à
> opérer cet AS...
La notion d’opérateur est définie au 15° de l’article L. 32 du CPCE : « on
entend par opérateur toute personne physique ou morale exploitant un réseau de
communications électroniques ouvert au public ou fournissant au public un
service de communications électroniques ». Y figurent également les
définitions légales de « communications électroniques », « réseau de
communications électroniques », « réseau ouvert au public », etc.
Tous les détenteurs d’AS ne sont donc pas des opérateurs au sens de l’article
L. 32 du CPCE et donc pas tenus de se déclarer auprès de l’ARCEP au titre de
l’article L. 33-1. Cela étant, la définition d’opérateur susmentionnée reste
suffisamment large pour concerner bon nombre de détenteurs d’AS.

>> On peut également tout à fait monter une réunion multilatérale à l’ARCEP,
ce qui
>> permettra une discussion plus approfondie avec un nombre plus important de
personnes >> côté régulateur.

> Avec plaisir. Un module également sur : L'Arcep pour les nuls serait
envisageable ?
> Présenter vos travaux, ou un rappel de la loi sur certains points serait
apprécié.

L’ARCEP est toujours ravie de présenter son fonctionnement et ses travaux en
cours aux professionnels du secteur.

S’agissant de ses travaux en matière d’interconnexion et d’acheminement de
données, l’ARCEP est ainsi intervenue en audioconférence au cours du dernier
forum du RIPE en Slovénie et prévoit d’assister au prochain congrès du LINX à
Londres. Sur le plan français, nous proposons deux modes de communication
complémentaires :
-       participation à une prochaine réunion du FrNOG pour présenter le
fonctionnement de l’ARCEP et sa démarche en matière d’interconnexion et
d’acheminement de données ;
-       possibilité de recevoir individuellement les détenteurs d’AS
intéressés, sur sollicitation via l’adresse nn_inte...@arcep.fr.

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Utilité des informations demandées
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>> 2°) Les données collectées visent à mieux connaître le marché et en
particulier suivre
>> certaines évolutions actuelles

> Là je questionne la compétence de l'ARCEP en demandant ces informations. Les
données
> collectées sont inutilisables, et je te défie publiquement de poster un
exemple qui puisse
> apporter une quelconque lumière sur la neutralité du Net avec les données en
question. Un
> point tous les 6 mois, ça me fait bien rigoler, pour commencer.

>> L'ARCEP a par ailleurs déjà dû fournir un avis à l'Autorité de la
Concurrence dans la saisine
>> de Cogent à l'encontre de France Télécom. Elle a donc le souci dans de tels
cas de se
>> prononcer de manière équitable et proportionnée au regard de la manière
dont
>> fonctionne ce marché, ce qui implique de mieux le connaître.

> C'est bien écrit, mais les données demandées ne permettent en aucune manière
de
> comprendre la situation entre FT et Cogent. Prouve que j'ai tort par les
chiffres.

>> Certains ont pu souligner que des informations quantitatives sur les
interconnexions, sans
>> savoir ce qui se passe derrière, n'ont aucune utilité. Cette collecte
d'informations ne vise
>> pas à tout traiter, simplement à mieux connaître le marché de
l'interconnexion.

> Voir ci-dessus.

Etant donné la confidentialité des données recueillies, il est bien évident
que l’ARCEP ne fournira pas d’éléments chiffrés sur ce forum. En revanche, la
connaissance de certaines informations – notamment concernant la répartition
géographique des capacités d’interconnexion et concernant les tarifs pratiqués
par France Télécom vis-à-vis de ses clients fournisseurs de contenus – a
effectivement contribué à ce que l’ARCEP améliore sa compréhension du marché,
ce qui est par exemple utile lorsque l’ARCEP est amenée à se prononcer, comme
elle a pu le faire récemment en rendant un avis à l’Autorité de la concurrence
dans le cadre de la procédure opposant les sociétés Cogent et France Télécom
(cf. communiqué de l’Autorité de la concurrence en date du 3 avril :
http://www.autoritedelaconcurrence.fr/user/standard.php?id_rub=417&id_article=1836).

En outre, dans ses propositions de septembre 2010 sur la neutralité de
l’internet, l’Autorité avait recommandé aux opérateurs de faire droit de
manière objective et non discriminatoire à toute demande raisonnable
d’interconnexion visant à rendre des services ou applications de l’internet
accessibles aux utilisateurs finals (proposition n°8). Les informations
collectées permettront d’évaluer si cette recommandation est suivie.  Par
ailleurs, au-delà d’éventuelles discriminations qui pourraient être observées
sur le marché de l’interconnexion, le suivi du marché de l’interconnexion
permet par exemple de suivre l’évolution du rapport de force entre les
acteurs.


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Liste de diffusion du FRnOG
http://www.frnog.org/

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