Re: [FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter

2015-05-17 Par sujet Fred

2 idées à ajouter dans ta réflexion:

- Le câblage électrique est fourni directement avec la baie et tu peux 
demander en option du 12V.

Pourquoi ne pas faire pareil avec le câblage data et sa maintenance?
Par exemple fournir systématiquement un tiroir optique de 6 paires 
monomode qui vont jusqu'à la MMR.

Si tu en veux plus, du multimode, du cuivre ou du coax, tu paies en plus.
Ça rendrait les choses plus simples et justifierait un tarif de location 
de la baie plus élevé.


- La conso d'électricité est généralement incluse, mais on ne consomme 
jamais 100% de la puissance fournie.
Pour être plus proche des coûts, une facturation à la consommation 
réelle me semble être un modèle plus juste et vertueux (green).


Fred


Le 18/05/2015 01:18, Jérôme Nicolle a écrit :

Bonsoir à tous,

J'ai profité du week-end pour compiler les retours. Deux éléments clefs
en ressortent :

- Justesse des tarifs
- Maintenance des liens

Je vais tenter d'être synthétique sur les deux, mais c'est un peu complexe.

* Justesse des tarifs

On a un problème de péréquation à deux niveaux non connexes.

Au premier niveau il y a le problème de rentabilité du datacenter qui
surfacture les liens bien au delà de ce qu'ils coûtent à produire. C'est
causé par la compétition qui a amené les tarifs de baie autour de
500€/mois la 2-3kVA DF dans les extrêmes, 700-800 en prix moyen unitaire.

Les tarifs des baies étant proche du coût de production, tendance moins
de 5% de marge, il faut bien se rattraper quelque part pour ne pas
plomber les investisseurs.

Donc les récurrents sur les liens sont naturellement démesurément élevés
parce que les tarifs des baies comportent des marges démesurément faibles.

Cette structure de prix est insincère et bancale, de fait trop peu
lisible, pour être admissible. Seulement c'est ainsi que les appels
d'offres se remportent.

* Maintenance des liens

En théorie, un câble en place ne bougera pas de si tôt, et le fait de
devoir provisionner des frais de maintenance dessus est assez incongru.

En pratique (très synthétique), c'est là où les récurrents sont les plus
élevés qu'il y a le plus de problèmes opérationnels (liens rompus,
bagot, performances optiques déplorables)… Et là ou les liens sont en
CAPEX pur qu'on a le meilleur service.

Cependant, en terme contractuel, un récurrent faible adossé à une
garantie de remise en état sous astreinte est fondée. C'est toujours ça
de moins à traiter en tant que client du datacenter, pourvu que la
communication relative aux incidents sur câbles et délais de réparation
soit irréprochable.




Le fond du problème de péréquation est là : la répercussion des coûts,
délais et incidents sur la production de services aux clients du
client. Et donc le fait que le client du datacenter se trouve souvent
entre le marteau et l'enclume.

Donc après le Merci Captain Obvious, concrètement, ça donne quoi ?

Un datacenter qui met 6 mois et moult tracasseries administratives à me
livrer un crossco est un site à fuir.

Un datacenter qui me facture un récurrent élevé sur un service facturé
normalement moins cher limite mon potentiel de développement commercial
sur des services de secours, low-cost, alternatifs… Bref, tout ce qu'on
fait entre gens du réseau. Et par élevé j'entends plus de 200€/an/paire
- référence au tarif de la paire (cuivre) ou du lien (mono-fibre) en
dégroupage.

Un datacenter qui facture 5 fois le même câble à l'occasion de la mise
en service de chaque paire est un escroc, à moins que la baie ne soit
vraiment pas chère tendance gratuite.

A contrario, le juste tarif du câble, avec un lien posé en moins de 48h,
peu d'interruptions (genre 20-50 ans de MTBF unitaire), de bonnes perfs
optiques, d'autres services associés, ça peut justifier un tarif de baie
un peu plus élevé que la moyenne. Certainement pas du double, mais il y
a un équilibre à trouver.




Sur le volet des process, on manque d'un moyen d'identifier rapidement
les liens hors-baie, lister les liens existants ou passés (pour
rechercher les oublis), lister les prospects intra-DC pour
l'établissement de nouveaux PNI sur un modèle de câblage en direct…

Là c'est un SI à peu près homogène entre les différents opérateurs de
datacenter qu'il faudrait imaginer, au moins sur le plan des API. Je
pense avoir le plus gros d'une spec utilisable, mais il reste à la
confronter avec qui veut aller de l'avant sur le sujet.


Voilà pour la synthèse. Je suis toujours preneur de commentaires, avis
et suggestions pour développer le sujet ou corriger certains points.

A bientôt,




---
Liste de diffusion du FRnOG
http://www.frnog.org/


[FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter

2015-05-17 Par sujet Jérôme Nicolle
Bonsoir à tous,

J'ai profité du week-end pour compiler les retours. Deux éléments clefs
en ressortent :

- Justesse des tarifs
- Maintenance des liens

Je vais tenter d'être synthétique sur les deux, mais c'est un peu complexe.

* Justesse des tarifs

On a un problème de péréquation à deux niveaux non connexes.

Au premier niveau il y a le problème de rentabilité du datacenter qui
surfacture les liens bien au delà de ce qu'ils coûtent à produire. C'est
causé par la compétition qui a amené les tarifs de baie autour de
500€/mois la 2-3kVA DF dans les extrêmes, 700-800 en prix moyen unitaire.

Les tarifs des baies étant proche du coût de production, tendance moins
de 5% de marge, il faut bien se rattraper quelque part pour ne pas
plomber les investisseurs.

Donc les récurrents sur les liens sont naturellement démesurément élevés
parce que les tarifs des baies comportent des marges démesurément faibles.

Cette structure de prix est insincère et bancale, de fait trop peu
lisible, pour être admissible. Seulement c'est ainsi que les appels
d'offres se remportent.

* Maintenance des liens

En théorie, un câble en place ne bougera pas de si tôt, et le fait de
devoir provisionner des frais de maintenance dessus est assez incongru.

En pratique (très synthétique), c'est là où les récurrents sont les plus
élevés qu'il y a le plus de problèmes opérationnels (liens rompus,
bagot, performances optiques déplorables)… Et là ou les liens sont en
CAPEX pur qu'on a le meilleur service.

Cependant, en terme contractuel, un récurrent faible adossé à une
garantie de remise en état sous astreinte est fondée. C'est toujours ça
de moins à traiter en tant que client du datacenter, pourvu que la
communication relative aux incidents sur câbles et délais de réparation
soit irréprochable.




Le fond du problème de péréquation est là : la répercussion des coûts,
délais et incidents sur la production de services aux clients du
client. Et donc le fait que le client du datacenter se trouve souvent
entre le marteau et l'enclume.

Donc après le Merci Captain Obvious, concrètement, ça donne quoi ?

Un datacenter qui met 6 mois et moult tracasseries administratives à me
livrer un crossco est un site à fuir.

Un datacenter qui me facture un récurrent élevé sur un service facturé
normalement moins cher limite mon potentiel de développement commercial
sur des services de secours, low-cost, alternatifs… Bref, tout ce qu'on
fait entre gens du réseau. Et par élevé j'entends plus de 200€/an/paire
- référence au tarif de la paire (cuivre) ou du lien (mono-fibre) en
dégroupage.

Un datacenter qui facture 5 fois le même câble à l'occasion de la mise
en service de chaque paire est un escroc, à moins que la baie ne soit
vraiment pas chère tendance gratuite.

A contrario, le juste tarif du câble, avec un lien posé en moins de 48h,
peu d'interruptions (genre 20-50 ans de MTBF unitaire), de bonnes perfs
optiques, d'autres services associés, ça peut justifier un tarif de baie
un peu plus élevé que la moyenne. Certainement pas du double, mais il y
a un équilibre à trouver.




Sur le volet des process, on manque d'un moyen d'identifier rapidement
les liens hors-baie, lister les liens existants ou passés (pour
rechercher les oublis), lister les prospects intra-DC pour
l'établissement de nouveaux PNI sur un modèle de câblage en direct…

Là c'est un SI à peu près homogène entre les différents opérateurs de
datacenter qu'il faudrait imaginer, au moins sur le plan des API. Je
pense avoir le plus gros d'une spec utilisable, mais il reste à la
confronter avec qui veut aller de l'avant sur le sujet.


Voilà pour la synthèse. Je suis toujours preneur de commentaires, avis
et suggestions pour développer le sujet ou corriger certains points.

A bientôt,

-- 
Jérôme Nicolle
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[FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter

2015-05-07 Par sujet Jérôme Nicolle
Bonjour,

Merci à tous pour vos premiers retours. A mon tour de prendre le temps
de développer un peu. D'ailleurs, c'est aujourd'hui le trolldi de la
semaine du coup ?

Je vois deux éléments clefs dans le débat : process opérationnel d'une
part, et coûts de l'autre.

* Process opérationnel et fiabilité

Il s'agit essentiellement de la prévisibilité des délais. Peu importe
(enfin presque) qu'il faille deux heures, deux jours ou deux semaines
pour créer une interco, il faut que les délais soient garantis.

Je en parle pas d'une pénalité ridicule et d'un engagement virtuel, mais
bien de la garantie que toutes les dispositions soient prises pour que
le délai annoncé soit toujours tenu. C'est essentiel dans le service
delivery de l'ensemble des clients du datacenter.

Si un délai nominal de 2 semaines est correctement tenu, et pour un prix
raisonnable, alors on peut même envisager qu'une option h+2 existe
pour les situations de crises, avec un surcoût à la clef. C'est par
contre inacceptable si l'offre de base ne tient pas ses promesses.

En terme de fiabilité, là c'est simple : un x-co ne DOIT PAS pouvoir
bouger. Il n'y a aucune excuse valable à la perte de performance optique
ou à l'interruption de service d'un circuit passif.

Pour cette seule raison, et parce qu'il n'y a pas d'alternative à leurs
meet-me-room une fois enlisé sur site, je ne comprends pas que quiconque
puisse encore envisager d’acheter quoi que ce soit à Equinix. Leur
comportement vis à vis des x-co relève de l'incompétence et de la
mauvaise foi. Je trouve irresponsable de leur part de ne pas avoir
clairement engagé des démarches visant à régler le problème alors que
des signalements d'anomalies de ce type m'arrivent au moins
mensuellement. Dur de travailler en confiance avec ces gens là. Hors on
ne peut pas faire d'infrastructure critique sans confiance en un
fournisseur essentiel.


* Coûts

J'aime bien les modèles qui reflètent des coûts réels. C'est
transparent, sincère, et plus simple. Les deux premiers critères font
partie du besoin de confiance entre client et fournisseur sur des
éléments critiques. C'est aussi plus simple car dès lors qu'on cherche à
faire payer le prix que le client est prêt à y mettre et non le prix
que ça coute plus marge décente, c'est du marketing voir de l'arnaque,
plus du commerce, et les droïdes pousse-propale se contorsionnent et
ridiculisent à justifier un modèle déconnecté des réalités.

Ça marche d'ailleurs dans les deux sens : j'étais surpris de ne pas
avoir de frais de dossier lorsque je pose un câble à TH2, alors que le
customer service doit éditer des plans, étiquettes, et gérer un planning
d'intervention de tiers pour qu'on ne se marche pas dessus lors des
poses. Du coup, on le paye avec un prix à la baie sensiblement plus
élevé qu'ailleurs. Ce n'est pas forcement l'approche la plus pertinente
mais elle convient à la plupart de mes clients.

Alors dans un modèle basé sur les coûts réels, qu'est ce qui coûte  ?

Les fournitures sont proportionnelles à la distance et au nombre et type
de brins. Lisser les distances simplifie beaucoup les choses, et rend le
modèle plus équitable (il n'y a plus de sweet spot plus recherchés que
d'autres à cause de leur position centrale).

Lisser à la capacité a aussi du bon : plus de brins par câble peut
conduire à occuper moins de place dans les passages de câbles. Mais ça
n'a pas vraiment de sens en dehors d'un raccordement à une meet-me-room
ou à des endroits stratégiques comme des IX, MMR privées/alternatives ou
fournisseurs de boucle locale, n'est ce pas ?

Vient ensuite le coût humain : le temps passé à poser un câble et, dans
le cas d'une MMR, à le patcher. C'est du one shot, point final.

Reste la valeur du droit d'occupation des parties communes d'un
datacenter. J'aime bien l'analogie avec une co-propriété vu que tous les
cas tordus de ces dernières ont du être explorés depuis le temps.

S'il y a un droit d'usage à valoriser, il est au linéaire ou au volume
de câble, non ? Il ne peut pas être à la paire. Qu'il soit récurent
n'est pas un problème mais il doit être proportionné. Si un m2 de sale
vaut 400€/mois hors jus, un câble empilable occupant du coup un vigtième
du même mettre carré pourrait valoir 20€/mois. Mais c'est déjà un très
gros câble, non ?

Même chose si on valorise la place prise en MMR. On peut connectoriser
48 brins par U sans serrer. 96 en LC quad. Mais si on supprime les
connecteurs pour splicer à chaque fois, on arrive à près de 200 splices
possibles par U. Je parle là de U demi profondeur, donc 80 dispo par
m2. Avec un coût proportionnel à la ressource consommé, pas de souci, la
présence en MMR peut être facturée périodiquement.


* Arbitrage

Alors, câbles point à point ou MMR ? Je pense qu'on a tous intérêt à ce
que les deux coexistent dans tous les sites. Ca permet plusieurs choses :

- Une seule MMR est un SPOF, les câbles P2P permettent de sécuriser un
circuit critique
- Si la MMR du datacenter est mal tenue, alors les P2P peuvent 

Re: [FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter

2015-05-07 Par sujet Youssef Bengelloun-Zahr
Salut,

* Arbitrage


 Alors, câbles point à point ou MMR ? Je pense qu'on a tous intérêt à ce
 que les deux coexistent dans tous les sites.


== Ménager la chèvre et le choux, cela pourrait constituer une solution.


 Ca permet plusieurs choses :

 - Une seule MMR est un SPOF, les câbles P2P permettent de sécuriser un
 circuit critique


== Il y a des DCs qui offrent à minima 2 MMRs, si ce n'est plus (2 MMRs
par zone ou salle, système de MMRs satellites).


 - Si la MMR du datacenter est mal tenue, alors les P2P peuvent servir à
 en créer une alternative privée


== Je pense que le problème de fond reste le fournisseur et sa qualité. Je
serai toi, je m'inquièterai un peu... Certains sites offrent des SLAs très
clairs, mais pas toujours suffisement contraignants financièrement, pour
maintenir le service.


 - On peut imposer un type de support en MMR (G.652d quoi) et faire du
 spécifique en P2P


== En P2P, tout est possible. Tant qu'on respecte les best practice lors
du passage par les parties communes.

My 2 cents.


-- 
Youssef BENGELLOUN-ZAHR

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Re: [FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter

2015-05-07 Par sujet Jérôme Nicolle
Youssef,

Le 07/05/2015 11:48, Youssef Bengelloun-Zahr a écrit :
 == Il y a des DCs qui offrent à minima 2 MMRs, si ce n'est plus (2 MMRs
 par zone ou salle, système de MMRs satellites).

En effet, mais avec les mêmes process / intervenants / fournisseurs,
donc un problème structurel dans une MMR peut se retrouver dans l'autre.
Enfin par structurel j’entends la sauce kebab sur les férules, faute
d'hygiène des intervenants, naturellement.

 == Je pense que le problème de fond reste le fournisseur et sa qualité.
 Je serai toi, je m'inquièterai un peu... Certains sites offrent des SLAs
 très clairs, mais pas toujours suffisement contraignants financièrement,
 pour maintenir le service.

Est ce qu'on peut vraiment compter sur ce genre de SLA ? Je n'ai jamais
trouvé de DAF ou baveux capables de mettre en rapport les risques et les
pénalités de toute façon, donc elles sont forcement déconnectées des
réalités.

 == En P2P, tout est possible. Tant qu'on respecte les best practice
 lors du passage par les parties communes.

Tout à fait. Donc avec une offre de MMR attractive et l'offload de tout
le spécifique sur une offre P2P, on ne devrait léser personne.

@+

-- 
Jérôme Nicolle
06 19 31 27 14


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