Dans un courriel daté du 02-12-06 14:20:59 Est, [EMAIL PROTECTED] a écrit:


Personellement( et c'est purement théorique), je tenterais 3 défibrillation et espérant avoir un rythme.  Bien sûre l'obstruction cause un cercle vicieux, hypoxie/arythmie mais je crois que l'on  a beaucoup plus de chance de réanimation avec une fibrilation que de juste se concenter sur l'obstruction et laisser le patient tomber en asystolie, un  rythme qui est plus difficile à traiter.


Pas d'accord.

La priorité est le dégagement des voies respiratoires et la ventilation, sans quoi la défibrillation (nous supposons que la victime est en FV ou TV sans pouls, ce qui n'est pas certain) mènera à un asystolie ou à une FV persistante ou récidivante.

Notons que je veux ce propos plus pratique que théorique: les PICTA disent qu'après 3 cycles de désobtruction, si l'obstruction persiste on quitte les lieux et continue les manoeuvres de désobstruction. Est-ce correct ?

Qui à déjà vécu une situation où il n'a pas été possible de désobtruer les voies respiratoires (si technique faites correctement) après 3 cycles si obstruction par corps étranger??? Ce n'est pas impossible mais très très très improbable et rare. Dans ce scénario, le temps passé à tenter de défibriller ne ferait que retarder la désobstruction. Un asystolie est plus difficile à transformer en un rythme vital qu'un FV mais pourquoi? parce que c'est habituellement un rythme (ou plutot une absence de rythme) terminal, témoignant d'un situation physiologique tellement perturbé que des lésions myocardiques irréversibles (ce qui diffère de l'asystolie transitoire suivant immédiatement la défibrillation et avant la reprise d'un autre rythme). L'absence de ventilation ou et les délais évitables pour désobtruer, lorsque cela est possible, (délais qui seraient augmenté par les tentatives de défibrillation) pour rétablir une ventilation efficace ne fait que nous amnener irrémédiablement vers ces conditions d'irréversibilité.

Si cependant, l'obstruction des voies respiratoires est causée par autre chose qu'un corps étranger, le débat est différent, mais les conséquences sont les mêmes.

Quels peuvent être ces autres causes, des exemples:

Corps étranger intra trachéal "incrusté": rare, habituellement le résultat d'un corps étranger laryngé poussé dans la trachée lors d'intubation trachéale: faut pas s'attendre à voir cela en préhos demain matin (sans vouloir commenter sur les ALS qui, selon moi aurait du être disponibles en préhospitalier depuis hier, pour ne pas dire depuis avant hier). Ça existe, j'ai déjà vu cela et j'ai du prendre la relève d'un autre md (celui qui a "compléter" l'obstruction) et faire une crico.

Obstruction traumatique: traumatisme laryngée avec fracture, hématome cervical antérieure volumineux, oedème des voies respiratoires suite à brulure, etc: l'obstruction est rarement complète, et si elle l'est: seul des méthodes avancées (ALS) peuvent être utiles. Sans "désobtruction", la victime mourera que l'on défibrille ou pas. Mias attention, s'agit-il vraiment d'une obstruction complète?

Obstruction par oedème (langue, pharynx): réaction anaphylactique carabinée: espérons que la victime a encore une circulation sanguine sufisamment efficace pour que l'injection d'épinéphrine puisse agir à ce niveau. Là aussi les méthodes avancées de ventilation (ALS) serait utile.

Bref: pratiquement, si vous défibrillez au lieu de désobstruer, vous retardez le moment de la désobstruction et empirez les conditions physiologiques (hypoxémie, hypercapnie, acidose lactique, etc.) propre à la survie de l'individu et susceptible de rendre la défibrillation (si indiquée) efficace.

Si toutefois vous tentez la défibrillation (la victime fibrille-t-elle???) après avoir tenté sans résultat de désobstruer, on peut toujours se dire qu'on ne perd rien à essayer de défibriller même si les voies respiratoires ne sont pas "désobstruables" avec les moyens disponibles. Cela est vrai à moins d'avoir la possibilité d'accéder rapidement à des soins avancés (ex: pris en charge devant un CH) ... mais même si on n'a rien à perdre, on n'a aussi rien à gagner.

JMoisan

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