C'est aussi ce manque de clarté qui justifie une réponse donnée par l'OSMF
lorsqu'ils ont analysé les différences entre les licences CC BY-SA-4.0 et
ODbL-1.0 : pour qu'une source CC BY-SA-4.0 il est demandé de compléter un
formulaire ("waiver form") qui demande d'approuver qie la mention de
copyright demandée par OSM pour l'utilsiation des données est suffisante au
regard des exigences un peu plus strictes de CC BY-SA 4.0 concernant
l'attribution des auteurs et ce que demande l'OSMF est plus relâché et
n'oblige pas à mentionner directement les auteurs.

Cependant "Les contributeurs OpenStreetMap" ne sont pas une entité
légalement reconnue, ce n'est pas une association en tant que telle, elle
n'a aucune identité juridique, c'est un collectif qui ne désigne donc ni la
Fondation OSM, ni aucun de ses "chapitres" (reconnus comme officiels par
l'OSMF ou pas), mais désigne en fait l'ensemble des contributeurs qui ont
accepté les "Contributor terms" d'OSM pour pouvoir contribuer.

Donc pas une association mais une liste de personnes détenue dans un
registre tenu par l'OSMF (mais dont l'OSMF est responsable) et dont le
contenu n'est pas publié directement (on ne peut connaitre intégralement
que les pseudonymes sous lesquels les utilisateurs se sont connectés et
l'association entre ces pseudonymes et les identités réelles est tenue
secrète tant que les utilisateurs eux-mêmes ne publient pas d'informations
personnelles sur leur page utilisateur dans le site OSM; l'association de
ces comptes avec les utilisateurs du wiki étant non pertinente et séparée
et soumise à d'autres termes de licences).

Noter aussi que l'ODbL1.0 contient une autre différence concernant les
dispositifs de restriction d'accès puisque l'ODbL permet de les utiliser
dans les bases dérivées à condition de fournir un autre accès libre alors
que la CC-BY-SA-4.0 les interdit complètement sauf accord licence
secondaire séparé, et c'est l'objet aussi du "waiver form" que de fournir
ce droit d'accès qui pourrait être restreint avec l'ODbL seule qui ne
garantit pas cet accès libre requis par la CC-BY-SA-4.0 sur les bases
dérivées protégées par des dispositifs de contrôle d'accès autorisés dans
l'ODbL-1.0). Je pense que c'est un oubli dans l'ODbL-1.0 la CC-BY-SA-4.0
(et même les versions précédentes 2.0, 2.5 et 3.0) étant sur ce point plus
libre (au sens de la GNU Foundation) que l'ODbL-1.0. La CC-BY-SA1.0 est en
revanche complètement incompatible avec l'ODbL-1.0 et même incompatible les
licences CC-BY-SA-2.0 et supérieure (là il faut aussi un nouvel accord de
licence; la CC-BY-SA-1.0 ne devrait plus exister et ne plus être utilisée
et ne protégeait pas non plus un certain nombre de libertés fondamentales
des logiciels et données libres, mais en revanche elle protégeait déjà
mieux l'attribution des contributeurs que l'ODBL-1.0 qui a succédé à
l'ancienne CC-BY-SA-2.0 d'OSM).

On peut se demander en quoi la première clause demandée par le waiver form
ne pourrait pas être levée en intégrant à la licence OSMF une clause, mais
cela demanderait à tous les contributeurs d'OSM d'accepter une version
révisée des contributor terms et obligerait l'OSMF a publier la liste des
contributeurs, et là peut se poser des problèmes d'opposition concernant
leur vie privée pour certains. La mention seule "Les contributeurs
OpenstreetMap" les protège mais en échange l'OSMF tient son registre et
agit en tant qu'agent tiers pour contacter les contributeurs réels ou faire
valoir leurs droits (dont l'OSMF n'est cependant pas propriétaire). En
approuvant les Contributor Terms, on a approuvé le fait que l'OSMF agisse
en tant qu'agent tiers pour gérer les droits individuels de chacun. La
mention "Copyright OSM Contributors" est jugée suffisante pour ce point par
l'OSMF (et par les contributeurs ayant accepté ces termes en accordant leur
confiance à l'OSMF pour protéger leur identité mais aussi faire valoir
leurs droits individuels couverts par l'ODbL-1.0), mais pas suffisante au
regard de la CC-BY-SA-1.0 qui doit permettre de vérifier et connaitre les
auteurs réels.

Suffisante car sur OSM on peut contacter les auteurs individuels via le
site OSM.org et sinon s'adresser à l'OSMF pour demander des précisions ou
se plaindre des abus de droits par un des contributeurs. La Licence d'OSM
est donc trè_s proche de la CC-BY-SA-4.0 mais OSM assure une meilleure
protection des informations personnelles des contributeurs que la
CC-BY-SA-4.0. OSM est assez unique par le fait qu'en agissant en tant
qu'agent tiers pour gérer les droits individuels, cela est fait sans contre
sans aucune contrepartie financière demandée (les sociétés de gestion de
droit demandent une participation, l'acquittemrnt d'une facture d'adhésion
et sinon demandent une partie des bénéfices/royaltees et autres marges
commerciales dérivées des droits, ce n'est pas le cas de l'OSMF qui gère
ces droits gratuitement pour tous mais en se finançant autrement,
essentiellement par les dons, mais indirectement aussi par le soutien de
groupes bénévoles de défense des droits, y compris nous tous quand on
surveille les abus de licence des données OSM et qu'on va contacter les
sites pour qu'ils respectent ces droits, et quand on agit publiquement pour
dénoncer ces abus, en les révélant sur le wiki, sur les réseaux sociaux:
l'OSMF bénéficie de ce support collectif indirect qui permet de défendre
ces licences collectivement sans exiger de contrepartie de chacun des
contributeurs; un tel système de défense collectif est sans doute plus
efficace que celui que demanderait CC-BY-SA-4.0 où chacun devrait gérer et
surveiller ses propres droits et les faire respecter lui-même en son nom
propre).

On n'a pas une telle implication communautaire et bénévole pour défendre à
long terme les auteurs et les droits collectifs avec la CC-BY-SA-4.0, qui
convient donc assez mal pour protéger les droits d'individus, mais convient
mieux aux organisations qui publient en leur nom, ou aux associations et
groupes dont la liste des membres est connue: avec la CC-BY-SA-4.0 seule on
n'a pas de système de défense collectif (comme il en existe pour les
licences GNU).

Il reste à savoir : l'OSMF a-t-elle les épaules assez solides et les moyens
suffisants pour faire respecter les droits ? Ses ressources sont faibles et
le soutien communautaire bénévole n'est pas assez organisé (malgré la
création des chapitres OSM, puis leurs reconnaissance encore balbutiante :
l'OSMf n'est pas assez representée internationalement et sinon les systèmes
d'échange d'information pour cette défense communautaire ne sont pas assez
développés). L'ODbL-1.0 est donc encore fragile et il est assez facile pour
une organisation assez puissante d'abuser les droits en se plaçant dans une
juridiction où l'OSMF n'est pas représentée convenablement et ne dispose
pas d'une communauté assez organisée (exemple: des organisations qui
s'établissent dans des paradis fiscaux et judiciaires, comme les Îles
Caïmanes, Chypre Nord, les Maldives, la Chine et bon nombre de pays
africains). Même aux USA il manque une réelle présence de l'OSMF (et bon
nombre des grosses organisations y sont implantées, notamment en Floride où
l'ODbL est facilement "cassable" et abusable).

Le sujet de défense des licences et droits concernant les données OSM et
leurs contributeurs est encore en chantier: l'OSMF devrait s'allier
davantage à d'autres organisations comparables (comme la Wikimedia
Foundation, la GNU Foundation, la Mozilla Foundation) en trouvant des
reconnaissances mutuelles: le système actuel des "chapitres" locaux d'OSMF
ne décolle toujours pas malgré les années. Et il faudrait songer à innover
: la reconnaissance de FOSSGIS en Allamagne comme "chapitre" est cependant
une bonne avancée (FOSSGIS ne défend pas que les projets OSMF). On pourrait
aller jusqu'à faire reconnaitre la Wikimedia Foundation comme chapitre
"local", mais il faudrait un statut particulier pour des chapitres reconnus
de portée internationale.

Ce genre de sujet devrait être abordé dans les prochaines conférences
internationales State of the Map où bon nombre des organisations se
retrouvent déjà et pourraient parvenir à ébaucher un accord pour une
meilleure coopération. Mais aussi pour étudier plus sérieusement les
incompatibilités de leurs licences et voir comment les résoudre (mieux
organiser les systèmes permettant de demander des accords supplémentaires
permettant les réutilisations et de défendre tous ensembles les droits de
toutes ces licences, et mettre en place les formulaires formels de demande
de droits, ou de vérification des droits et de lutte contre les abus, et
décider correctement qui et où seront stockés et conservés les documents et
preuves nécessaires tout ne protégeant les informations personnelles, comme
l'exige maintenant la directive GDPR européenne qui entre en application et
a trouvé de nombreux soutiens internationaux qui se sont engagés aussi à
les respecter ailleurs que dans l'EEE).


Le 10 avril 2018 à 16:15, marc marc <marc_marc_...@hotmail.com> a écrit :

> Le 10. 04. 18 à 16:00, Jean-Marc Liotier a écrit :
> > On Tue, 10 Apr 2018 15:18:17 +0200
> > Rpnpif <rpn...@trob.eu> wrote:
> >>
> >> Il manque la mention "et les contributeurs" mais bon
> >
> > Je n'ai jamais compris le sens de cette mention - il me semble que
> > "Openstreetmap" représente ses contributeurs... Il y a probablement une
> > subtilité que je n'ai pas saisi. Quelqu'un sait l'expliquer ?
>
> j'ai toujours perçu cela comme une sorte de reconnaissance de
> "l'association osm" envers ces contributeurs. cad que l'infra osm (les
> serveurs et logiciels) n'aurait pas de grande valeur sans le travail de
> titan des contributeurs.
> Une sorte de "merci à vous" en bas de chaque carte :)
> Juridiquement faudrait voir à qui appartient un changeset.
> Si il appartient tjs au contributeur, c'est là la différence entre
> l'asso osm et les contributeurs dans l'utilisation des données.
> _______________________________________________
> Talk-fr mailing list
> Talk-fr@openstreetmap.org
> https://lists.openstreetmap.org/listinfo/talk-fr
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