Bonjour,
 
Je réponds dans le texte au sujet de l'introduction du message clair :
 

 
Je leur propose diverses situations qui donnent lieu à des jeux de rôles dans lesquels les enfants s'entraînent à formuler le message clair.
Pourrais tu présenter plus précisement ces diverses solutions ?
 
SC - Pas de solution mais quelques situations proposées par des jeux de rôles aux enfants. Par exemple : "Thomas et Samir sont aux toilettes. Thomas regarde Samir puis sort dans la cour et crie que Samir s'est fait pipi dessus. Samir se met à pleurer." L'enfant qui joue le rôle de Samir se met alors à faire un message clair à Thomas. A la fin, ceux qui ont assisté à la scène donnent leur avis sur la qualité du message clair, en particulier le choix des mots pour décrire les émotions.

Je te pose pas mal de questions parce que je voudrais vraiment être au clair dans ma tête sur les messages clairs.

De plus, je pense qu'il va falloir que j'accompagne mes élèves dans cette démarche. En effet, le fonctionnement des messages clairs demande de la part des élèves des "compétences" pour différer les problèmes. Ils sont amenés à prendre de la distance par rapport à "l'événement" source du message clair.

Or je ne suis pas certain que mes élèves soient, à l'heure actuelle, armés pour différer. D'où mes interrogations sur le protocole qui peut être mis en place par moi, pour les accompagner vers cette démarche des messages clairs.

De même, mes élèves ne sont pas forcément habitués à se retrouver "en tête à tête" pour parler d'un problème les concernant.
 
SC - Une fois les dispositions et la technique du message clair comprises par certains, son devenir ne nous regarde presque plus. Les enfants vont s'y référer et l'employer à leur bon sens, l'important est qu'il devienne un outil à leur mesure pour résoudre leurs petits conflits.

Je ne voudrais pas les envoyer dans le mur...Je pense que le message clair peut résoudre les problèmes que ma classe rencontre seulement il faut la "préparer".

Comment fais tu concrètement dans ta classe en début d'année pour "préparer" tes élèves aux messages clairs ? Que mets tu en place ?
SC - L'heure que nous passons en début d'année sur le message clair consiste à d'abord estimer dans quelles situations on peut l'utiliser (pas pour des broutilles ni pour des problèmes qui concernent le conseil voire les enseignants directement) et ensuite à s'entrapiner à la formulation d'un message clair (à partir de jeux de rôle).
Il est parfois arrivé que des enfants proposent de devenir un temps "maîtres messages clairs" pour aider à la formulation ceux qui en reconnaissent le besoin.
Le message clair se veut un outil humain visant l'amélioration de l'exercice des situations humaines dans les classes coop. A ce titre, il est aventureux, incertain, imprévisible, évolue au grè des personnes qui l'emploient... c'est pas ce qu'on aime ?
 
Sylvain
 
 
 

Laurent Lançon
Ecole d'Izenave (01)
Cycle 3



Sylvain Connac a écrit :
Salut Laurent,
 
Je réponds dans le texte :
 

 

  • Comment se matérialise le message clair ? Sous quelle forme ?

 SC - Aucune matérialisation. Les enfants qui connaissent le message clair l'emploient comme il l'entendent : dans le couloir, dans un coin de la cour, lors du conseil, ...

  • Comment présentes tu "le message clair "à tes élèves ?

SC - En début d'année, un travail formel est effectué en classe autour du message clair : ce que c'est, à quels moments il peut être utile, comme ça marche. Je leur propose diverses situations qui donnent lieu à des jeux de rôles dans lesquels les enfants s'entraînent à formuler le message clair. Par exemple avec nos élèves, un travail important est demandé autour des mots exprimant des sentiments. Certains années, des enfants proposent de devenir un temps "maîtres messages clairs." Du fait qu'ils maîtrisent bien la petite technique, ils peuvent être solliciter par d'autres qui la maîtrisent moins mais qui en reconnaissent le besoin.

  • Comment faire quand la décision du conseil n'est pas respéctée ? Je pense au problème des wc.Une décision a été prise en grand conseil mais elle n'est pas appliquée. Il y a toujours de l'urine sur les cuvettes. La classe n'a aucun pouvoir pour la faire appliquer.

SC - Lorsqu'une décision du conseil n'est pas respectée et que l'on connaît son auteur, il peut être sanctionné par la privation d'un droit dans la classe. Il peut y avoir éventuellement une demande de réparation. Ce que tu pointes est différent. Les problèmes des WC sont épineux parce qu'ils se passent dans deux lieux où on se retrouve seul face à soi-même. On ne peut pas envisager d'enfreindre la liberté de chacun d'utiliser les WC quand il en a besoin. Les enfants de la classe sont-ils les seuls à avoir accès à ces toilettes ? Je pense que tu peux proposer comme nouvelle proposition une campagne d'affiches réalisées par les enfants de la classe pour tous les utilisateurs de ces WC (avec présentations, élection de la plus amusante, la plus parlante, la mieux dessinée, ...)

  • Comment faire avec les élèves qui refusent les excuses ? J'ai eu le cas cette année avec un élève qui refuse devant toute la classe les excuses d'un autre élève en lui expliquant que se sera toujours "la guerre" entre eux . Quelle position adoptée ?
> SC - Je crois qu'à partir d'un certain stade de refus et devant la bonne volonté manifeste de repenti, le conseil peut accepter les excuses à la place de celui pour qui elles ont été faites. Mais il ne faut pas confondre sanction et réparation, la première pouvant être imposée concerne les lois de la classe, la seconde ne peut être que proposée et concerne le rétablissement de la sérénité relationnelle entre les enfants en conflit.
>  
> @+
>  
> Sylvain
>  
>  
>  
> Coopérativement

Laurent Lançon
Ecole d'Izenave (01)
Cycle 3
 




Sylvain Connac a écrit :
> >  Bonsoir Laurent,

 

Bien sûr que je suis passé par cette étape (et je n'en suis jamais réellement sorti), je trouverais même suspect d'un point de vue humain de ne pas l'avoir vécu. On peut difficilement attendre des enfants ce que des adultes n'arrivent pas encore à faire et le propre de l'école et justement de proposer aux enfants du temps qui va leur permettre de développer une famille d'attitudes que nous souhaitons développer.

 

Tu soulèves différentes résistances et je ne pourrai pas les étudier toutes.

 

Au sujet des petits différends que les enfants font remonter au conseil, nous faisons référence à un élément de la culture de classe qu'est le "message clair." Avant d'avoir le droit d'en parler devant tout le monte (et de demander implicitement l'attention et l'intérêt de tous quitte à prendre du temps sur d'autres questions motivant un panel d'enfants plus large), chacun d'entre nous doit d'abord avoir essayé le message clair.

Celui qui ressent une souffrance (ou un problème) demande à celui qu'il désigne comme en étant la source d'accepter un message clair. Les deux personnes s'isolent et se regardent. Le demandeur exprime alors deux éléments :

- ce qui s'est passé (d'un point de vue factuel)

- ce que cela a provoqué en terme d'émotion ou de sentiment ("ce que ça t'a fait dans le cœur" comme expliquent les enfants)

La personne à qui s'adresse le message clair prend alors la parole et dit s'il a compris, peut éventuellement proposer une réparation (ce qui n'est pas obligatoire). Si le demandeur ne s'estime pas apaisé, il a alors la possibilité d'en parler au conseil.

Sinon, le différend ne va pas plus loin. Des étudiants qui se sont intéressés à l'impact de cet outil sur les conflits ont pu mesurer qu'environ 3/4 d'entre eux trouvaient réponse équitable. Ils ont aussi montré que celui qui s'identifiait comme la victime profitait de ce moment comme un soulagement et que celui qui était désigné comme persécuteur prenait réellement conscience de l'impact émotionnel d'une action que très souvent il jugeait bénigne.

 

Quand un problème concernant tout le monde est abordé lors du conseil, la discussion tend à se terminer par une prise de décision. Celle-ci est alors relue en entame du conseil suivant et l'on s'interroge sur sa pertinence. Elle peut alors être validée, modifiée ou abrogée. S'il s'avère qu'elle n'a pas été respectée, le conseil a pouvoir de poser une sanction qui se traduit toujours par la privation de l'exercice d'un droit. En occurrence, pour les histoires de foot (fréquentes dans notre quartier de La Paillade), c'est arrivé bien souvent  que cela donne lieu à des interdictions de jouer au foot pendant une semaine ou plusieurs, pour un, plusieurs, ou tous les membres de la classe.

Je crois que le fait de poser une loi n'est que le début de notre travail autour de l'apprentissage de la limite sociale. Cet apprentissage est d'autant plus important que c'est souvent à partir de lui que tout le reste va pouvoir se construire et que des langages vont réellement pouvoir se construire. C'est en tout cas une option salutaire avec les enfants que nous accueillons.

 

Coopérativement

 

Sylvain

 

> >
 
> >
> > > Je propose un sujet : "le grand conseil ".
> > >
> > > Je développe...
> > >
> > > Je suis insatisfait par rapport au fonctionnement de mon grand conseil.
> > > Je le décris. Tout au long de la semaine les élèves déposent dans les
> > > boîtes "je présente", "je propose", "Quand tu m'as fait ça, ça m'a fait
> > > ça", des petits papiers. Ces papiers sont alors recopiés le jeudi par
> > > les deux co présidents sur le "cahier du grand conseil".
> > >
> > > Le grand conseil à lieu le vendredi et est animé par les deux
> > > co-présidents.
> > >
> > > Maintenant ce qui ne me satisfait pas ! Certains élèves de la classe ne
> > > se sentent pas du tout concerné par les remarques qui leur sont faîtes.
> > > Ainsi j'ai plusieurs élèves qui "discutent" pas mal dans la classe. Le
> > > reste du groupe leur explique que "quand tu parles tu m'empêches de
> > > travailler" seulement les élèves en question n'assument pas du tout leur
> > > responsabilité et passent leur temps à revoyer la remarque sur les
> > > autres "Toi aussi tu parles !". Résultat les élèves se revoyent le
> > > problème comme une patate chaude et le problème n'est pas réglé ! Ils ne
> > > reconnaissent pas leur "tord". "Non c'est pas vrai c'est pas moi !".
> > > Bref ça devient un peu le pugilat.
> > >
> > > Autre situation. Nous avons un problème dans les wc.. Certains garçons
> > > innondent les cuvettes. Nous en avons parlé depuis le début de l'année.
> > > Comment faire pour résoudre ce problème. Les solutions trouvées par la
> > > classe: "les garçons s'assoient pour faire pipi".Résultat: le problème
> > > revient chaque semaine....
> > >
> > > Idem dans la cour avec le foot. Il y a sans cesse des problèmes.
> > > Certains élèves ont proposé de mettre en place des arbitres pour réguler
> > > les problèmes. Seulement l'arbitre n'est pas respécté.
> > >
> > > De plus durant le grand conseil, les élèves ne s'écoutent pas et
> > > s'expriment à tout va ! C'est pas forcément évident pour les
> > > co-présidents et je suis obligé de les aider. J'interviens pas mal du
> > > coup et c'est pas terrible.
> > >
> > > Certains élèves ont énormément de mal à rester dans les propos de
> > > l'échange. Il y a une présentation sur un fossile par exemple et au
> > > moment de poser des questions patatra :"Moi aussi j'ai vu des fossiles à
> > > la télé !" une remarque qui coupe court et qui tombe à plat.
> > >
> > > Un exposé sur le moteur à explosion et hop au moment des questions: "Mon
> > > tonton il est mécanicien et il adore les voitures !".
> > >
> > > Ils ont beaucoup de mal pour rebondir et poser des questions. Lors des
> > > présentations au cours du grand conseil il y a souvent peu de questions
> > > et souvent elles sont assez pauvres. Ils ne se sentent pas vraiment
> > > concerné et sont passifs...
> > >
> > > Comment faites-vous dans votre grand conseil ?
> > > Etes vous passés également par ces travers ?
> > > Avez vous des élèves qui ne se sentent pas concerné par la vie de la
> > > classe ? Si oui comment faire pour les "gérer" ?
> > >
> > > A vous lire
> > >
> > > Laurent Lançon
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