>> Guillaume Leclanche a écrit:
>> Quelles sont les armes de l'ARIN (ou autre RIR) dans un tel cas de
>> figure? Techniquement je leur reconnais juste la possibilité de
>> "pourrir" les blocs en question en les annonçant également ...

> Patrick Maigron a écrit:
> Ce serait un peu limite de leur part quand même, annoncer des
> routes eux-mêmes n'est pas trop dans leurs attributions ?

Pas si facile que ça, en fait.
Je vois le problème sous 3 angles différents:

1. Technique pure. Pas d'intervention des opérateurs, on se contente de 
regarder la guéguerre entre le RIR et l'acheteur et on compte les points.

2. Techniques entraînant des conséquences politiques importantes et immédiates.

3. Politique pure.

Donc:

1. Technique pure.
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Je vois 3 limites importantes à annoncer les préfixes:

1a. Ou annoncer les préfixes pour les "pourrir". Annoncer un préfixe, ça veut 
dire au trafic "viendu chez moi". Même si on met une access-list a l'entrée, ça 
envoie quand même le trafic, donc petit tuyau vaut mieux ne pas jouer.

1b. Qui est l'acheteur. Si l'acheteur est une petite boite qui annonce le 
préfixe à 2 upstreams tier-2 ou tier-3, ça peut marcher. Si l'acheteur est un 
tier-1 qui annonce le préfixe avec un AS-PATH de 1 de long (le sien) dans 150 
IX et colos, ça va être dur pour le RIR d'annoncer quelque chose que les 
routeurs de la DFZ considéreraient comme "mieux".

1c. Dépendant de la longueur du préfixe en question, on va rapidement se 
retrouver dans la situation suivante: (disons que l'acheteur a acheté pour 
$100M ou plus, une "legacy class A").

- L'acheteur annonce x.0.0.0/8
- Le RIR annonce x.0.0.0/8
- L'acheteur annonce x.0.0.0/9 et x.128.0.0.0/9 en plus du /8.
- Le RIR contre.
.
.
- Plus con que moi tu meurs... Les deux annoncent 65.536 préfixes /24.

Qui gagne qui perd? Pareil que 1b, celui qui est le mieux connecté gagne. 
Accessoirement, celui qui a le matos et la BP pour annoncer 64K préfixes sans 
que sa compromette le reste de son réseau.


2. Techniques entraînant des conséquences politiques importantes.
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2a. Le RIR annonce le préfixe de l'acheteur. De bonne guerre, l'acheteur 
annonce le préfixe du RIR (le préfixe que le RIR utilise pour ses propres 
besoin). Tu m'emmerdes, je t'emmerde. Discours de l'acheteur: c'est lui (le 
RIR) qui a commencé. Il arrête d'annoncer mon préfixe, j'arrête d'annoncer le 
sien.
Gagnant: encore une fois, celui qui est le mieux connecté. Mais les chances 
sont que le RIR se dégonfle: son site est dans les choux. Le préfixe de 
l'acheteur est dans les choux aussi, mais l'acheteur n'a pas encore de services 
dessus. Résultat des courses: à court terme c'est le RIR qui est dans la merde.

2b. La partie politique de 1c. Le RIR annonce 64K préfixes pour essayer de 
pourrir les 64K préfixes que l'acheteur annonce.
Gagnant: l'acheteur. Les deux se prennent des claques en public (du genre: 
comme si on en avait pas assez avec 330.000 routes, faut encore en rajouter 
65.000, arrêtez de nous les briser), le RIR se dégonfle.
Rationale: ce n'est pas le role du RIR de jouer à "plus con que moi tu meurs". 
Le RIR arrête de jouer, l'acheteur arrête d'annoncer 65.000 routes, tout le 
monde est content, surtout les avocats qui se font des couilles en or.


3. Politique pure.
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Je corrige vos copies vendredi.


> Et hop, le premier petit malin qui se lance dans le second
> marché des IPv4 : http://tradeipv4.com/

C'est dommage qu'on ne soit pas vendredi, j'aurais écrit une connerie.


> Guillaume Leclanche a écrit:
> À supposer qu'un organisme ayant signé un LRSA veuille revendre ses
> adresses, et qu'il se balance complètement du RIR, ce sera à celui
> qui a les plus grosses couilles non ? (ou le plus gros porte-monnaie
> si l'affaire va en justice et qu'il faut payer les avocats)

L'affaire va forcément se finir en justice (aux iouéssè: garanti sur facture). 
C'est donc celui qui a les plus grosses coucougnettes ET le porte-monnaie qui 
va avec (il y a souvent une corrélation importante). 

Question de taille de l'animal, de sa cote à Wall Street, du nombre de 
marionnettes du gouvernement dont il tire les ficelles, etc.

Michel.

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http://www.frnog.org/

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