Bonjour,

Je comprends tes hésitations sur le troisième point mais je me permets juste d'ajouter que si ce n'est pas Mozilla qui le fait, et bien cela va se passer en France comme en UK : Microsoft, Google et Facebook se substituent à l'éducation publique et proposent les contenus.

http://www.education.gov.uk/inthenews/inthenews/a00201864/harmful-ict-curriculum-set-to-be-dropped-this-september-to-make-way-for-rigorous-computer-science

Et pour info, nous avons rencontré des responsables informatique de différents ministères avec JB il y a quelques semaines, et nous avons évoqué le sujet Webmakers au détours de la conversation (pour êre plus précise dans le cadre de le circulaire Ayrault qui se demandait comment contribuer à l'Open Source quand on est un gouvernement). Ces DSI étaient à fond pour l'idée Webmakers, mais ils ont recommandé d'aller présenter le programme aux académies plutôt qu'au ministère de l'Education.... (mammouth pas bien réactif).

J'ai bien compris que Webmaker n'était pas facilement localisable, mais si la communauté réussit à dépasser ce défi, Mozilla est à fond pour la diffusion de Webmaker en France et au delà.

my 2 cents,

AM



On 10/12/2012 07:33, Clochix wrote:
Hello,

Mark Surman a donné un article de présentation de Webmakers à une revue papier 
britannique consacrée aux NTIC dans l'éducation. Je trouve cet article, donc 
j'ai ébauché une rapide traduction, intéressant, car il résume bien la position 
de Mountain View sur le sujet. Elle tient en trois points. L'apprentissage des 
humanités numériques est devenu essentiel au XXI° siècle. La meilleure manière 
d'apprendre à marcher, c'est de marcher. Et les acteurs du Web ont un rôle à 
jouer dans cet apprentissage. Si je partage les deux premiers points, le 
troisième mérite à mon sens discussion, afin de voir comment le dessein de 
Mozilla, empreint de culture et de valeurs anglo-saxonnes, peut se décliner 
dans d'autres cultures, au hasard sur les rives de la Seine.

Il y a longtemps que je ne fréquente plus de profs, mais à lire par exemple le 
Framablog ou les commentaires sur Twitter de la confrontation 
Finkielkraut-Serres de ce ouikende, je crois que le sujet est encore sensible. 
Si la Fondation Mozilla s'investit dans l'éducation, rien ne pourra empêcher 
d'autres fondations aux buts similaires sur le papier d'en faire autant. Et, 
bizarrement, si j'ai une relative confiance en Mozilla, pour rien au monde je 
ne souhaite qu'un vieil ennemi de la liberté (des utilisateurs en général et du 
Web en particulier) comme Microsoft vienne déformer les générations à venir en 
les éduquant au numérique. Prêcher pour l'investissement d'acteurs privés dans 
l'éducation me let mal à l'aise, et risque de rencontrer des résistances, y 
compris d'éducateurs en accord avec nous sur la mission. Pour que la 
déclinaison locale de Webmakers ne se résume pas à quelques ateliers ponctuels 
réservés aux convaincus, il faudrait selon moi débattre des modalités de notre 
intervention avec les gens concernés.

Je pense qu'il pourrait donc être intéressant de diffuser ce texte, par 
exemple, non sur un de nos blogs-à-geeks, mais auprès des populations dont nous 
avons besoin pour concrétiser Webmakers : l'ensemble des communautés 
éducatives. Donc par exemple le faire tourner sur des forums ou l'envoyer à 
divers acteurs et partenaires potentiels.

Bon, j'ai la gorge sèche, assez causé, j'attends vos avis.

Note pour Clarista : activité de l'élève Clochix sur son bulletin de décembre : 
a mal traduit un texte, lancé un troll, est retourné se coucher.

Ploum, ploum, tralala,
Clochix

L'article (on pourra le padifier pour le corriger).

# Mozilla veut s'engager dans les humanités numériques

On connait surtout Mozilla pour Firefox, le navigateur Web ou Thunderbird, le 
logiciel de courrier. Mais Mozilla n'est pas un simple éditeur de logiciels. 
C'est avant tout une fondation humaniste qui œuvre pour permettre à un maximum 
de gens de pouvoir profiter des opportunités qu'offre le Web. Pour cela, elle 
développe des actions selon trois axes. Elle crée des outils comme Firefox ou 
le prochain système d'exploitation libre pour téléphones FirefoxOS, pour 
permettre à chacun d'accéder librement au Web, et démultiplier les possibilités 
techniques de la plateforme.
Elle essaie d'imaginer de nouveaux usages, d'explorer comment le Web peut 
participer à l'évolution de certains secteurs, comme par exemple les médias, 
via le projet Mojo.
Mais tout cela ne servira à rien si les internautes n'apprennent pas à utiliser 
pleinement le potentiel du réseau, s'ils en restent de simples consommateurs. 
Mozilla s'est donc lancé depuis plusieurs années dans un projet visant à 
éduquer au Web. Dans un article pour la revue britannique [ICT For 
Education](http://www.ictforeducation.co.uk/), Mark Surman, le directeur de la 
Fondation Mozilla, explique le but de ce projet : créer une nouvelle génération 
de créateurs numériques (source : le [numéro de 
décembre](http://fr.calameo.com/read/00050131704f444330848) de la revue, 
accessible via un lecteur Flash)).


## Une nouvelle génération de créateurs numériques

Lorsque Tim Berners-Lee a créé le Web, il l'a intentionnellement conçu comme un 
mixage ouvert. Dans les premiers temps, le Web était un univers de créateurs où 
tout un chacun pouvait regarder comment ça fonctionnait, farfouiller et même 
modifier les contenus.

La liberté de créer est depuis le début dans l'ADN du Web, et c'est en grande 
partie cela qui fait l'intérêt d'Internet. Le génie du Web est qu'il est 
composé de briques ouvertes que n'importe qui peut utiliser pour créer. Comme 
lorsqu'on joue avec des Lego©™®, on peut sur le Web assembler différentes 
briques pour créer quelque chose d'unique. On peut aussi en chemin s'appuyer 
sur les créations des autres.

Cela fait du Web quelque chose de différent de tous les autres médias de masse 
que nous connaissons. Mais aujourd'hui, on ne peut plus considérer cette 
liberté de créer comme garantie. Si on ne protège pas les briques ouvertes qui 
font le Web, si on ne les transmet pas à une nouvelle génération de bricoleurs, 
de créateurs et de bâtisseurs du Web, le pouvoir créatif du Web à ses début 
pourrait bien à l'avenir sérieusement s'amenuiser.

Nous vivons de plus en plus dans un univers technologique voué à la « 
consommation élégante »[^elegant], où un nombre sans précédent de gens ont la 
possibilité de consommer des contenus sur le Web, alors que ceux capables d'en 
créer diminuent. En tant qu'éducateurs et d'individus qui se soucient de 
l'avenir du Web, nous devons inverser la tendance.

### La fracture numérique

D'après un sondage récemment commandé par Mozilla en Grande-Bretagne, 67% des 
enfants de 8 à 15 ans disent qu'ils voudraient apprendre à programmer, mais 
seulement 4% ont effectivement la chance de pouvoir le faire.

Dans nos écoles, les cours de technologie et les méthodes éducatives sont 
souvent en grande partie dépassés. Nous luttons pour donner aux jeunes et aux 
natifs de l'ère numérique les compétences dont ils ont besoin pour créer et 
s'exprimer avec les technologies, plutôt que de simplement consommer les 
créations des autres. Nous avons mis entre leurs mains de magnifiques gadgets 
technologiques, mais pas la possibilité de leur ouvrir le ventre pour 
comprendre comment ils fonctionnent. C'est comme si par mégarde nous avions 
appris à toute une génération comment lire, mais pas comment écrire.

Ce défi ne concerne pas que l'école, il est vital pour le futur d'Internet. 
Aujourd'hui, nous sommes à une croisée des chemins, et le choix que nous allons 
faire va façonner la façon dont en tant que consommateurs et éducateurs, nous 
prendrons part à ce futur, nous apprendrons et nous rendrons service. Le 
premier chemin mène à un Internet de créativité et de liberté, ouvert afin que 
chacun puisse en faire ce qu'il veut, sans contraintes, sans devoir demander la 
permission.

À l'opposé, l'autre chemin mène à un Internet de plus en plus contrôlé, avec un 
nombre croissant de règles. Dans ce futur là, une poignée de cerbères — 
gouvernements qui censurent les sites d'actualité ou compagnie qui contrôlent 
ce qui peut être dit et fait en ligne — garderont les portes du temple 
numérique et décideront de ce que les utilisateurs peuvent voir et créer.

Dans une certaine mesure, l'humanité ira probablement là ou ira Internet. 
L'accès à Internet est désormais considéré comme un droit fondamental, et pour 
certains cela devient même un besoin humain de base. Peu importe que nous nous 
intéressions à la technologie, pour un monde créatif et libre, nous avons 
besoin que l'approche ouverte d'Internet l'emporte.

### Pour qu'Internet reste ouvert

Pour gagner cette bataille, il faut une stratégie qui se décline sur trois 
plans, politique, technologique et éducatif. Une politique bien pensée peut 
servir de base pour défendre les valeurs qui font la force d'Internet : la 
transparence, le contrôle partagé, la participation, et l'accès libre à 
l'information, au savoir et à l'ensemble des opportunités. Ensuite, nous avons 
besoin de logiciels qui promeuvent sur Internet l'ouverture et la créativité. 
Nos outils doivent porter ces valeurs. Que ce soient des navigateurs qui 
offrent à leurs utilisateur une base pour coder, ou des sites Web qui 
encouragent des échanges créatifs libres entre communautés, Internet sera 
façonné par les logiciels et les valeurs qu'ils portent (traduction très 
approximative).

La dernière pièce, peut-être la plus importante, de cette stratégie, c'est 
l'éducation. Il faut apprendre à chaque internaute comment le Web fonctionne 
pour aller au delà de la simple consommation. Nous devons aider les gens à 
comprendre qu'avoir des rudiments de programmation et de culture numérique est 
devenu aussi important que le sont la lecture, l'écriture ou les mathématiques. 
Il ne s'agit pas seulement d'apprendre aux gens à programmer, ou de former des 
développeurs Web, mais de les aider à comprendre que les humanités numériques 
sont une compétence vitale au XXI° siècle. C'est un vaste chantier qui va 
demander un travail commun aux communautés éducatives, aux responsables 
politiques et au secteur privé. Des propositions comme celles du ministre 
britannique de l'éducation, [Mickale 
Gove](http://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Gove) pour mettre à jour les cours 
de technologies sont un bon début. Mais les organisations du monde 
technologique, les communautés éducatives et les volontaires ont également un 
rôle important à jouer. Qui mieux que les organisations qui créent et innovent 
tous les jours sur Internet est à même d'apprendre aux jeunes à le faire. Le 
mouvement du logiciel libre en particuliers a toujours permis d'apprendre tout 
en créant, de partager ses connaissances avec ses collègues et ses pairs, de 
recevoir de l'aide lorsqu'on en a besoin, et de créer des [communautés de 
pratique](http://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_de_pratique) qui se 
renforcent et grandissent dans le temps.

De la même manière, la technologie et l'apprentissage du numérique ne devraient 
pas être confinées dans les salles de classe. Des organisations comme Mozilla 
et d'autres peuvent travailler de concert avec des écoles, des éducateurs et 
des enseignants de toutes sortes pour aider à enseigner le Web et avancer vers 
une planète mieux armée pour utiliser le numérique. Des ressources de valeur 
existent déjà pour inciter les jeunes à acquérir des compétences en numérique. 
Le projet Scratch du MIT permet aux utilisateurs de créer et de partager des 
projets interactifs et des jeux. Coding Academy propose aux adolescents des 
cours de programmation gratuits et interactifs.

Chez Mozilla, notre nouveau programme Webmaker propose des projets, des outils 
et une communauté pour aider les jeunes à créer sur le Web, en acquérant au fur 
et à mesure les compétences dont ils ont besoin. Les outils permettent de créer 
facilement des pages Web et des vidéos interactives et de les partager. Cela va 
bien au delà de ce que proposent la plupart des réseaux sociaux.

Le projet veut aussi faciliter la vie de quiconque désire organiser un 
évènement autour de l'apprentissage de la culture numérique. L'été dernier, 
Mozilla a participé à plus de 700 évènements de ce type organisés dans le monde 
entier. Des professeurs et des élèves, jeunes et vieux confondus, sont venus 
apprendre ensemble les bases de la programmation et du fonctionnement du Web en 
participant à des projets amusant qu'ils ont pu créer et partager.

L'esprit de l'apprentissage créatif a culminé lors du Festival Mozilla annuel, 
où se sont rassemblés des développeurs, des éducateurs, des jeunes, des 
fabriquant de nouveaux médias, pour ensemble créer et imaginer le futur. Cette 
année, le festival, qui s'est tenu en novembre, s'est concentré sur le 
développement d'un mouvement global pour enseigner le savoir-faire numérique. 
Le but ultime est de donner naissance à une nouvelle génération de créateurs, 
d'innovateurs et de fabricants numériques.

En enseignant les humanités numériques et une approche créative de la 
technologie, nous pouvons protéger la vision originelle du Web de Tim 
Berners-Lee. Nous pouvons mettre les briques libres dans de nouvelles mains, en 
donnant la possibilité aux jeunes de créer de nouvelles histoires, de nouveaux 
outils, de nouvelles applications que nous ne pouvons même pas encore imaginer 
aujourd'hui. Mais si nous ne faisons pas ce pas en avant, nous prenons le 
risque d'un monde de plus en plus balisé, de plus en plus contrôlé. L'enjeu, 
l'opportunité, ne peuvent pas être plus importants.



[^elegant]: selon [l'expression de Mitchell 
Baker](http://openmatt.org/2011/11/15/the-next-web-joyful-production-vs-elegant-consumption/),
 la présidente de la Fondation Mozilla ;







_______________________________________________
Moz-fr mailing list
Moz-fr@mozfr.org
http://mozfr.org/mailman/listinfo/moz-fr

Répondre à